C’est sa « semaine numérique ». Sur i-Télé, mardi matin, Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), candidate UMP à la mairie de Paris, est venue présenter ses solutions pour résoudre le « problème de l’accès au haut débit à Paris ». Un sujet familier pour l’ex-secrétaire d’Etat chargée de la prospective et du développement de l’économie numérique. Plus familier en tout cas que le fonctionnement des organismes de transports.
Ce qu’elle a dit : « D’ici mi-2015 je veux du haut débit partout, en continu dans le métro parisien. »
Ce qu’elle oublie : Nathalie Kosciusko-Morizet n’est pas patronne de la RATP.
Encore une fois, NKM a laissé entendre que devenir maire de Paris lui permettrait aussi de commander le fonctionnement de la RATP. Mais, la RATP est, comme la SNCF, un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), géré par l’Etat.
La mairie de Paris n’a pas son mot à dire sur les décisions de la RATP en matière de déploiement du haut et du très haut débit sur le réseau de transport Transilien. Alors que la municipalité, représentée au Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF), peut faire entendre sa voix sur les horaires du métro et du RER, elle ne peut rien dire, en revanche, sur ce qui se passe dans les couloirs et les tunnels.
En effet, explique l’équipe municipale en place, « nous n’avons aucun pouvoir de décision sur ce qui se passe dans les galeries du métro ». C’est dans ces galeries que le réseau antennaire permettant l’accès à la 3G-4G sont déployés, en accord avec les opérateurs de téléphonie mobile.
La seule chose que peut faire le Conseil de Paris est exprimer voter un vœu. En décembre 2013, il a ainsi demandé à la RATP « une exposition la plus basse possible et un réseau mutualisé interopérateurs pour une meilleure gestion ». Ce à quoi la RATP a répondu qu’elle le faisait déjà.
Ce qu’elle a ajouté ailleurs : Dans un communiqué daté du 13 janvier la candidate UMP affirmait que Paris n’avait « pas su anticiper le virage technologique majeur, et le déploiement de la 4G a pris du retard ».
Pourquoi c’est excessif : Premier point : comme expliqué précédemment, la mairie de Paris ne peut pas faire grand-chose pour accélérer le déploiement de la 3G dans le métro, sur lequel elle n’a pas d’autorité.
En décembre 2013 la RATP a annoncé six mois de retard dans le déploiement du très haut débit. Mais l’organisme de transport dit ne pas comprendre pourquoi la candidate UMP parle d’un « virage raté ». D’autant que ce retard ne serait pas dû à des problématiques techniques, assure la RATP, mais serait lié à des procédures internes ou à des points de discussion litigieux avec les opérateurs de téléphonie mobile.
Pour l’instant, la couverture 3G-4G est effective dans les stations et les trains qui relient le RER A entre les stations La Défense et Gare-de-Lyon.
L’ensemble des stations de la ligne 1 du métro, et la plus grande partie des lignes A et B du RER seront connectées fin 2014. En juin 2015, ce sera le cas pour 170 stations sur les 300 du réseau. L’ensemble du réseau sera équipé fin 2016.
Pourquoi Hidalgo aussi exagère :
Ce n’est pas la première fois, on l’a dit, que NKM fait des promesses à propos d’institutions sur lesquelles elle n’a pas d’autorité. Et elle n’est pas la seule dans ce cas : En ce qui concerne les transports, Anne Hidalgo laisse elle aussi entendre qu’elle peut aller au-delà de ce qui est en réalité de son ressort.
La candidate PS se montre cependant plus prudente et déclare seulement « souhaiter » développer un métro fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre, le week-end et, « à terme », en semaine. Sans toutefois préciser qu’elle n’est pas la seule à décider.
Tiphaine Le Liboux