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Notre-Dame-des-Landes : José Bové et la piste de la piste unique

Publié le 24 février 2014 par Marie38


La bataille de Notre-Dame-des-Landes se poursuit ; elle a donné lieu, le week-end dernier, à de nombreux débordements de manifestants hostiles au projet d’un nouvel aéroport à côté de Nantes.

>> Lire le reportage : La manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dégénère

Dans cette bataille, les écologistes plaident que cette construction est inutile, arguments fournis à l’appui. C’est ainsi que José Bové, invité de France Inter, jeudi 20 février, a jugé qu’il n’était pas nécessaire de construire une seconde piste.

Ce qu’il a dit :  « Il n’y a pas de saturation à l’aéroport de Nantes. Une piste suffit amplement, de très grands aéroports internationaux qui ont quatre ou cinq fois plus de passagers ont le même type d’infrastructures qu’à Nantes. »

Pourquoi l’argument tient moyennement :  La ville de Nantes est déjà dotée d’un aéroport. Trop modeste, pour les défenseurs d’une nouvelle infrastructure ; suffisant, pour ses contempteurs. On ne va pas trancher ici la question complexe de son utilité ou non, qui divise les spécialistes depuis des années, mais tentons de nous intéresser à un point précis : à taille et trafic équivalents ou supérieurs, les aéroports européens ont-ils le même nombre de pistes que celui de Nantes ?

1/ Les aéroports de taille équivalente ont deux pistes

Quelques chiffres, pour commencer :

L’aéroport existant à Nantes a accueilli, en 2013, 3,63 millions de passagers, ce qui le classe en 10e position en France, derrière Beauvais, Bordeaux, Bâle-Mulhouse ou Toulouse.

Il possède une seule piste, d’une taille de 2 900 mètres, pour assurer tous les décollages et atterrissages. En 2012, on a compté 51 846 mouvements (décollage ou atterrissage) d’avions à Nantes. Enfin, l’aérogare actuelle fait 43 512 mètres carrés.

Nombre d’aéroports européens sont équivalents, en termes de trafic, à celui de Nantes. C’est le cas de l’aéroport de Beauvais en France (3,952 millions de passagers en 2013), de celui de Bilbao, en Espagne (3,8 millions), celui de Belfast, au Royaume-Uni (4,02 millions).

Voici un premier graphe comparatif. On le voit, ces quatre autres aéroports, d’une fréquentation équivalente à celui de Nantes, ont bien deux pistes, et non une seule.

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Pourquoi se doter de deux pistes ? Plusieurs raisons à cela : d’une part, une facilité accrue de gestion du trafic, évidemment. Ensuite, des raisons d’économie pour les compagnies : deux pistes signifient que l’avion a moins de chemin à parcourir – et de kérosène à brûler – pour aller de l’aérogare au décollage. Enfin, deux pistes améliorent la sécurité, puisque l’aéroport peut rester ouvert, même en cas de blocage de l’une des deux.

2/ Une seule piste pour de grands aéroports ? C’est l’exception, pas la règle

M. Bové ne compare cependant pas Nantes et des aéroports de tailles équivalentes : il affirme que « de très grands aéroports internationaux qui ont quatre ou cinq fois plus de passagers ont le même type d’infrastructures », et donc parfois une seule piste.

Selon le tome 3 de la roborative étude « Trends in air traffic » de l’organisme européen Eurocontrol, qui coordonne certaines fonctions des aéroports européens, on comptait, en 2006, 757 pistes dans les 528 aéroports européens retenus par l’étude, soit la quasi-totalité.

Plus précisément, sur ces 528 aéroports, 340 avaient une seule piste, 130, deux pistes, 32 possédaient trois pistes, et sept plus de trois pistes.

Parmi les aéroports possédant un trafic équivalent à celui de Nantes, soit entre 20 et 40 000 départs par an, on comptait 33 cas où l’équipement se résume à une seule piste, contre 19 où deux pistes sont présentes, 4 comptant trois pistes, et un seul comptant quatre pistes.

aeroports pistes

Quatre ou cinq fois plus de trafic que l’aéroport de Nantes, cela revient à 12 à 13 millions de passagers par an, soit l’aéroport de Genève, celui de Hambourg, de Nice ou de Malaga, en Espagne.

Si l’aéroport de Genève n’a bien qu’une seule piste, c’est le seul de l’échantillon. Celui de Hambourg en compte deux, de même que celui de Nice. Malaga en compte également deux.

En réalité, M. Bové faisait sans doute allusion au cas de Genève, souvent cité par les études autour de l’aéroport de Nantes. Mais il a omis de préciser qu’il s’agissait d’une exception pour les aéroports dotés d’un tel trafic.

Comme on le voit dans le tableau ci-dessus, au-delà de 50 000 décollages d’avions par an, soit 42 aéroports au total, on ne compte que quatre terminaux qui n’ont qu’une seule piste, contre 22 qui en ont deux, et 14 qui en possèdent trois. M. Bové n’a donc pas totalement tort, mais il n’a pas raison : une seule piste est loin d’être la norme pour les aéroports les plus grands en Europe.

Ailleurs, l’aéroport de San Diego, par exemple, le plus important au monde avec une seule piste, accueille cependant près de 18 millions de passagers par an. Mais la plupart des grandes structures ont au moins deux pistes, pour des raisons de coût, de trafic et de sécurité.

Samuel Laurent


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