Titre original : " The Defiant Ones "
Deux prisonniers parviennent à s'évader lors de l'accident du fourgon cellulaire qui les transportait. Ils sont enchainés l'un à l'autre mais ne s'estiment guère : le premier, un blanc du Sud venait de traiter l'autre de " nègre " juste avant l'accident et ils s'apprêtaient à en venir aux mains... Dix ans avant Devine qui vient dîner ?, Stanley Kramer s'attaque déjà au fléau du racisme. Qu'un acteur noir se retrouve en tête d'affiche n'a rien d'extraordinaire aujourd'hui mais, en 1958, c'était plus difficile à faire accepter. C'est ainsi une première pour Sidney Poitier : l'acteur était certes très connu alors, mais c'était toujours pour des seconds rôles. The Defiant Ones est un film puissamment antiraciste et humaniste : les deux hommes vont apprendre à s'estimer. Le film sait éviter tout manichéisme et cela le rend remarquable : par exemple, le shérif qui mène la poursuite est un humaniste qui a bien du mal à contrôler les pulsions sanguinaires de ses troupes, ou encore, l'un des personnages qui semble tout d'abord si compréhensif se révélera être le pire de tous. La présence de Tony Curtis peut surprendre. L'acteur cherchait à briser le carcan qui le cantonnait aux rôles de gentils et beaux garçons. S'il est vrai qu'il a du mal à passer pour un bagnard endurci, il a certainement donné au film une portée plus grande en permettant à beaucoup de s'identifier à lui. Les deux acteurs contribuent ainsi à rendre le film assez unique.
Elle: -
Lui :
Acteurs: Tony Curtis, Sidney Poitier, Theodore Bikel, Charles McGraw, Lon Chaney Jr., Cara Williams
Voir la fiche du film et la filmographie de Stanley Kramer sur le site IMDB.
Remarques :
* La chanson Long Gone (From Bowling Green), un blues de Chris Smith et William C. Handy, est chantée trois fois a cappella par Sidney Poitier lui-même.
* Sydney Poitier et Tony Curtis furent tous deux nominés pour les Oscars. Ni l'un ni l'autre ne l'emportèrent toutefois. Sidney Poitier ne recevra un Oscar qu'en 1964 pour Le Lys des Champs de Ralph Nelson et Tony Curtis n'en recevra jamais.
* The Defiant Ones reçut deux Oscars : l'un pour la photographie de Sam Levitt, l'autre pour l'écriture du scénario, ce dernier revenant à Harold Jacob Smith et à un certain Nathan E. Douglas qui n'était autre que Nedrick Young, alors sur la liste noire d'Hollywood issue du maccarthysme. Son nom ne sera rétabli qu'en... 1993 (soit 25 ans après sa mort).
* Le bruit selon lequel Robert Mitchum aurait refusé le rôle car il ne voulait pas être enchaîné avec un noir est une déformation de la réalité. Robert Mitchum, qui a une expérience personnelle de la vie de bagnard, a refusé le rôle disant qu'il n'était pas crédible qu'un blanc soit enchaîné à un noir dans le Sud ségrégationniste. C'est certainement vrai. D'ailleurs, le scénario utilise une pirouette pour le justifier : lorsque le journaliste demande " Comment un blanc peut-il se retrouver enchaîné avec un noir ? ", le shérif répond : " Le directeur de la prison a un sens de l'humour très particulier ".
Tony Curtis et Sidney Poitier dans
La Chaîne de Stanley Kramer.
Tony Curtis, Cara Williams et Sidney Poitier dans
La Chaîne de Stanley Kramer. Signaler ce contenu comme inapproprié
À propos de films
Vous en une ligneDeux passionnés de cinéma qui ont pris, depuis quelques années, l'habitude d'écrire un petit commentaire (sans prétention aucune) sur chacun des films qu'ils ont vus. BiographieAu départ, ces commentaires étaient destinés à un usage personnel, pour garder un souvenir de ce que nous avons vu. Ce ne sont que de simples impressions qui ne reflètent que notre avis personnel, nous ne cherchons pas à écrire des analyses de films. Chacun de nous deux écrit son commentaire séparément sans voir ce qu'écrit l'autre. Il peut donc y avoir parfois certaines redondances. Tous les films sont vus en version originale sous-titrée. Signification des notations : Abandon en cours de route. Film vu jusqu'au bout, mais l'avance rapide a été utilisée... Film vu en entier mais assez décevant Le film se laisse regarder avec plaisir mais sans déclencher l'enthousiasme. Bon film que nous avons particulièrement aimé. Excellent film que nous avons adoré.