Surf : déferlante féminine sur les vagues de Bidart

Publié le 23 mai 2016 par Jfa

Les 21 et 22 mai, le Pays basque a fait la part belle aux filles, qui se sont affrontées dans cinq disciplines – surf, longboard, bodyboard, stand up paddle et bodysurf – sur les vagues de la plage centrale de Bidart, dans les Pyrénées-Atlantiques, pour la deuxième édition de la Coupe de France 100 % féminine.

Pauline Ado a remporté le titre dans la catégorie shortboard. © FFS/Justes

A l’origine de l’événement, une directive du ministère des sports qui encourage, depuis trois ans, les fédérations françaises à promouvoir et à développer le sport féminin. La parité en surf n’est pas encore parfaite – 35 % des licenciés, toutes catégories confondues, sont des femmes –, mais les efforts de la Fédération française de surf semblent payer. « Cette Coupe de France n’est que la partie émergée de l’iceberg, témoigne Michel Plateau, le directeur technique national. Depuis cinq ou six ans, nous observons une augmentation de la part des filles dans les clubs. Et nous encourageons [ces derniers] à porter une attention particulière et adaptée à toutes celles qui s’inscrivent. »

Les 21 et 22 mai, il n’y avait que des filles à l’eau à Bidart pour la compétition. © FFS/Justes

Si ce type de compétition n’est pas nouveau en France – on se souvient de la Kana Miss Cup (organisée par Kanabeach, marque bretonne mise en liquidation judiciaire en 2013) –, le fait qu’il soit organisé par une fédération et non par une marque lui confère une autre dimension.

Marie-Pierre Abgrall, la première Française de tous les temps à avoir intégré le circuit international (2002), salue cette initiative : « Je dis bravo à la Fédé d’avoir été à l’initiative de cette compétition. A mon époque, c’étaient les sponsors qui lançaient ce genre d’idée de compétition 100 % filles, en mélangeant les disciplines. Ça nous permettait de nous retrouver, de parler des compétitions à suivre, de préparer nos voyages ensemble. Il y avait une bonne ambiance. Et, pour une fois, on avait les vagues rien que pour nous. »

Michel Plateau abonde : « Il faut savoir que toutes nos compétitions sont mixtes. Et les filles, souvent, dans les compétitions en général, ne sont pas les plus mises en avant. Là, cette journée leur est consacrée. C’est pour elles et elles seules. »

Le fait que la compétition soit organisée par une fédération et non par une marque lui confère une autre dimension. © FFS/Justes

Si l’instance organisatrice a changé, l’esprit de l’événement, lui, reste intact, à en juger par les témoignages de la centaine de compétitrices venues de France métropolitaine et d’outre-mer dont le sourire n’a pas quitté leur visage de la journée.

Pauline Ado, championne d’Europe en titre dans la catégorie shortboard, qui est montée sur la plus haute marche du podium samedi 21 mai, est la première à saluer cette initiative : « On a moins d’événements que les garçons, donc c’est une bonne idée de mettre en valeur le surf féminin. C’est vrai qu’en général nos résultats peuvent parfois rester un peu dans l’ombre de ceux des garçons. Là, cet événement n’est que pour nous. Et c’est une super émulation de voir des filles d’autres disciplines. Je pense aussi que le fait que ce ne soit que pour les filles, il y a plus de monde qui se déplace pour venir voir, et ça peut donner envie de s’y mettre aux filles qui n’osent pas. »

Caroline Angibaud, qui a remporté la catégorie stand up paddle, ne voit que des aspects positifs à cette compétition : « Une compète pour filles, c’est une idée sympa. Et puis ce n’est pas fait dans un esprit condescendant du genre : “Allez, vous avez votre compète, vous n’aurez rien de plus”. »

Caroline Angibaud est montée sur la marche la plus haute du podium en stand up paddle. © FFS/Justes

Pour autant, l’événement ne reste pas qu’une réunion entre copines. C’est que l’affaire n’est pas à prendre à la légère puisqu’elle permet d’engranger des points au classement pour la saison en cours. « C’est vrai que, pour les filles, c’est l’occasion de se retrouver dans une bonne ambiance, ça les met sur le devant de la scène. Mais attention, leurs résultats comptent pour la saison en cours », avertit Michel Plateau.

Pauline Ado confirme : « Il y a une bonne ambiance, en dehors de l’eau, on se connaît toutes. Mais on reste avant tout des compétitrices. Une fois à l’eau, c’est chacun pour soi. Et puis cet événement est important pour s’entraîner, pour voir le niveau des filles. »

Justine Dupont, visiblement ravie, elle aussi, de participer à cette journée, y voit une occasion de « remettre le lycra juste avant de repartir prochainement pour le Mexique [7 au 12 juin, étape du circuit de qualification de la World Surf League, antichambre de l’élite mondiale] et le Salvador [du 15 au 19 juin] ».

Justine Dupont (4e de la catégorie shortboard) voit dans cette compétition une bonne façon de se préparer pour la suite de la saison. © FFS/Justes

Des vagues rien que pour elles, une bonne ambiance, des points à glaner pour grimper dans le classement national et une occasion unique de changer de support. « C’est la seule compétition qui regroupe toutes les disciplines, fait valoir Michel Plateau. Vous savez, il y a des polyvalences qui naissent aussi comme ça ! Je crois que notre recordwoman cette année a été Annabelle Talouarn, qui a participé en surf, longboard et bodysurf. La journée a quand même été un peu longue pour elle ! »

Justine Dupont, elle, avait pensé concourir également en longboard, mais elle a préféré cette fois-ci se consacrer au shortboard, départ prochain pour le Mexique oblige. Pour Pauline Ado, observer de près d’autres disciplines donne envie de « tester autre chose que le surf ». Et il n’est pas exclu qu’elle le fasse dès la prochaine édition.

Kim Veteau, dont la discipline de prédilection est le shortboard, s’est illustrée en montant sur la plus haute marche du podium en bodyboard. © FFS/Justes

La journée a incontestablement fait l’unanimité, tant du côté des participantes que de celui des spectateurs, venus en nombre. Et, dans un monde du marketing qui, trop souvent encore, semble s’obstiner à mettre l’accent sur la plastique de surfeuses au fessier agrémenté (fort joliment, certes) d’un micro Bikini, on ne peut que se réjouir de cette initiative mettant à l’honneur des filles venues pour faire valoir, dans la bonne humeur, leurs performances sportives, un point c’est tout.


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