Les Quiksilver et Roxy Pro France, c’est terminé. La 9e étape du championnat du monde de surf nous aura réservé son lot de surprises. Parmi lesquelles l’élimination de Kelly Slater dès le deuxième tour.
Kelly Slater n’a pas l’air ravi à sa sortie de l’eau. Et pour cause, il vient de se faire éliminer dès le 2e tour du Quiksilver Pro France 2016 par la wild-card italienne Leonardo Fioravanti. © TW
Et c’est la wild-card italienne Leonardo Fioravanti, que le « Divin Chauve » connaît bien, qui s’est offert le luxe de mettre son mentor à la porte. Cette jeune (18 ans) pépite romaine n’est tout de même pas là par hasard puisqu’elle frappe à la porte de l’élite du surf mondial pour la saison prochaine. Libres glisses a cueilli le Floridien à sa sortie de l’eau. Visage fermé, visiblement frustré, les yeux constamment rivés sur l’océan, qui rythme sa vie depuis quarante-quatre ans, le « King » s’est exprimé sur sa défaite au QuikPro, le surf devenu discipline olympique, sa vague artificielle comme solution de repli pour les JO, sa retraite – annoncée le 1er avril 2016 sur son compte Instagram, la nouvelle s’est révélée poisson d’avril, pour le plus grand bonheur de ses fans – qu’il évoque comme une possibilité.
Vous avez perdu, pour la deuxième fois cette saison [la première fois à Margaret River, 2e étape du championnat], contre la wild-card Leo Fioravanti, qui vous considère comme son mentor…
Oui… Je connais Leo depuis dix ans [il se trouve que le beau-père de Leonardo, Stephen Bell, alias « Belly », est l’ancien team manager de Quiksilver, sponsor de Kelly Slater de 1990 à 2014]. C’est un très bon surfeur et un type bien. Nous sommes bons amis. Vous savez, quand on perd contre quelqu’un, on a envie que cette personne remporte la compétition. J’espère que ça va bien se passer pour lui. [L’Italien perdra finalement au 3e tour contre le numéro 2 mondial, le Brésilien Gabriel Medina.]
Leo fera partie de l’élite l’an prochain. Quel avenir pour lui la saison prochaine ? Il est très jeune… [Pour mémoire, Kelly Slater est, à ce jour, le plus jeune surfeur titré de l’histoire du championnat – il avait 20 ans. Il détient aussi le record du champion du monde le plus âgé – 11e titre à 39 ans.]
C’est vrai qu’il est jeune, mais il a déjà une bonne expérience dans le milieu. Je pense qu’il peut faire quelque chose de bien, qu’il a les capacités d’être rookie of the year [titre qui récompense le meilleur surfeur effectuant sa première année dans l’élite]. Il a tous les atouts de son côté. C’est un excellent compétiteur ; il ne se laisse pas facilement intimider ; il est bon dans les petites vagues comme dans les grosses ; c’est un bon surfeur, très complet ; voyager dans différents pays ne lui pose aucun problème ; il est à l’aise avec les langues… [Il marque une pause.] Oui, c’est probablement le mieux préparé des rookies pour l’année prochaine.
Kelly Slater a tout tenté pour sauver sa peau lors des repêchages. © TW
Le surf est devenu discipline olympique pour l’édition de Tokyo, en 2020. Qu’en pensez-vous ?
Hum… Je ne sais pas encore. [Il s’interrompt.] Je pense que ça va être intéressant. On a quatre ans pour y réfléchir et s’y préparer. Est-ce que j’y serai ou pas, je n’en suis pas certain [Kelly Slater aura 48 ans en 2020 et sera en compétition avec d’autres surfeurs pour les sélections olympiques]. Ce qui est sûr, c’est que c’est une étape pour nous, surfeurs, et je pense que partager cette expérience avec les meilleurs sportifs du monde est vraiment cool. Si nous arrivons à nous intégrer, si nous trouvons la manière de gérer cet événement, avec les bonnes personnes et tout ce qui va autour, je pense que ce sera vraiment excitant pour nous. Mais vous savez, les vagues sont parfois aléatoires au Japon, donc il faut espérer que nous en aurons des bonnes ! Je pense que ce sera sympa de voir tous les autres sports, de participer aux JO et d’être dans le village olympique.
Les rumeurs ont couru que la vague artificielle que vous avez créée en Californie et dont une partie a été rachetée par World Surf League, organisatrice du championnat du monde de surf, aurait été envisagée comme spot de repli en cas mauvaises conditions de surf pour les Jeux olympiques ?
Oui, c’est possible… C’est un sujet qui revient souvent en ce moment. Est-ce que ça va se faire, est-ce que la vague peut être une solution de rechange pour nous… Je pense que le fait que tout le monde surfe la même vague pourrait être une bonne option pour nous. De cette manière on enlèverait plein de facteurs aléatoires [la houle, le vent défavorable, les marées]. Ça nous permettrait de ne nous concentrer que sur le surf, donc ce serait plus juste pour tout le monde. On verra… Actuellement, nous sommes en contact avec quelqu’un. Il est question de construire une vague artificielle au Japon. Si ça se fait, je suis certain que nous pourrons en reparler dans deux ans.
Vous avez mentionné récemment que vous ne vous voiliez pas la face concernant votre carrière, plus proche de la fin que du début [Kelly Slater est, à 44 ans, le vétéran du championnat du monde depuis sa création]…
Je n’ai pas encore décidé…
Beaucoup espèrent que ça n’arrivera pas de sitôt !
[Rires.] Je ne sais pas. Certaines étapes [du championnat du monde] me motivent énormément. D’autres ne m’intéressent pas beaucoup. Et c’est bien le problème. Vous savez, si vous voulez remporter un titre mondial, vous devez être motivé par toutes les épreuves. Parfois, pour moi, ce n’est pas le cas.
Manifestement, la vague de Teahupoo fait partie des plus motivantes pour Kelly Slater. Il remporte l’édition 2016 de l’étape de Tahiti. © WSL/Kelly Cestari
La compétition a été lancée mardi 4 octobre dans des conditions très difficiles, sur un plan d’eau dégradé. Etes-vous contrarié par cette décision ?
[Son visage s’assombrit, son regard devient lointain.] Oui, je suis très mécontent… Oui.
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Fin de la discussion, close sur un petit rire. Kelly Slater détourne son regard de l’océan pour une seconde, le temps de saluer son prochain interlocuteur, puis retourne à la contemplation des vagues et des surfeurs encore en lice tout en répondant aux questions des journalistes.
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Et voici à quoi ressemble la vague de Kelly Slater