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Les poèmes de Robert de Montesquiou consacrés au Roi Louis II de Bavière (4): Déni

Publié le 12 décembre 2016 par Luc-Henri Roger @munichandco

Les poèmes de Robert de Montesquiou consacrés au Roi Louis II de Bavière (4): Déni

Le Comte Robert de Montesquiou chez Charvet place Vendôme.
Le dessin des chauves-souris évoquent le recueil éponyme du Comte.


Déni, un poème du Comte Robert de Montesquiou-Fezensac, publié dans son recueil  Les chauves-souris : clairs-obscurs, édité par G.Richard à Paris à partir de 1893. (Notre extrait: pages 272-273) de l'édition remaniée de 1907). Ce quatrième poème traite comme dans une partie du troisième des représentations séparées au théâtre, où les acteurs jouaient devant le Roi seul pour toute audience.
Il s'agit du troisième poème d'une série tout entière dédiée au Roi Louis II de  Bavière et dont le titre général est REX LUNA (Le Roi lune)
Le Comte Robert de Montesquiou(1855-1921)
Le comte Robert de Montesquiou, est un homme de lettres, un dandy et critique, né à Paris le 7 mars 1855 et mort à Menton (Alpes-Maritimes) le 11 décembre1921.  Poète, homosexuel et dandy insolent,  il aurait servi de modèle à des Esseintes dans À Rebours (1884) de Huysmans. Il fournit à Marcel Proust l'un des modèles du Baron de Charlus dans À la recherche du temps perdu, ce qui le rendit furieux malgré les dénégations de Proust. (Plus sur Wikipedia, source de cette introduction biographique)

Les poèmes de Robert de Montesquiou consacrés au Roi Louis II de Bavière (4): Déni

Adelina Patti

DÉNI
Mais toujours attiré dans sa nuit par un amour étrange.  BANVILLE.
La Patti* fit l'entêtée  Et refusa cette aubaine  Que Sarah**, certe, eût fêtée,  Sans rien vouloir pour sa peine,
De jouer devant la salle Qu'à lui tout seul, peuple un roi, Dans la salle colossale De ténèbres et d'effroi ;
Dans la salle comme un gouffre  De vide et d'obscurité,  Où le souverain qui souffre  Du partage, est abrité ;
Le merveilleux égoïste  Détestant que soit distrait  Rien d'une tirade triste  ou d'un éblouissant trait ;
Qui veut, pour sa vue unique,  Au vaste local désert,  La cothurne et la tunique  De l'acteur souple ou disert ;
Et, pour ses seules oreilles,  Les trilles et le soupir ;  Les voix n'étant pas pareilles  Lorsqu'il faut en divertir.
Mais tu trouvas ta rebelle :  La Patti n'a point voulu  Libérer la ribambelle  Des rossignols qui t'ont plu,
Devant ces écoutes d'ombre  Où l'on te sentait au fond  Attentif, auditeur sombre  Dans le mystère profond.
Adelina l'entêtée  Te refusa cette aubaine,  Que Sarah, certe, eût fêtée  Avec plaisir, pour ta peine !


*Adelina Patti, dite la Patti (1843-1919), grande chanteuse d'opéra, interprète principalement les grands rôles de l'opéra italien mais aussi de l'opéra français. Vocalisant avec une « extrême agilité » et dotée d'une émission d'une « égalité parfaite » et d'un timbre « admiré pour sa richesse autant que pour sa clarté », sa voix s'étendait du do (do3) au contre-fa (fa5). Le Comte de Montesquiou semble savoir que le Roi Louis II avait invité la Patti à chanter pour lui dans une représentation séparée, ce qu'elle aurait refusé et ,que nous n'avons à ce jour vu mentionner dans aucun autre texte.
**Sarah: peut-être s'agit-il de Sarah Bernhardt (1844-1923)

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