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« Tu ne tueras point » ou de la complexité de l’enjeu de la conscience morale

Publié le 12 décembre 2016 par Tiavina Kleber @ktiav_

« Tu ne tueras point » ou de la complexité de l’enjeu de la conscience morale
C’est le grand retour de Mel Gibson derrière la caméra après dix ans d’absence. Il nous propose de nous immerger dans l’histoire de Desmond, un jeune américain chrétien issu d’une famille où le père a été traumatisé par la guerre et répond à cette blessure par une violence familiale, un frère avec qu’il se chamaille jusqu’à manquer de le tuer dans une dispute un peu trop violente et une mère qui lui rappelle les commandements de l’Ancien Testament.
« Tu ne tueras point », après cet incident avec son frère, ce commandement devient son credo. Il œuvre dans sa paroisse, aide ceux qu’il peut aider. Il rencontre une merveilleuse infirmière qui œuvre par son travail au même dessein que lui. Mais la guerre éclate. Desmond voit bien qu’il s’agit d’un conflit moral entre les deux camps, et qu’il souhaite combattre pour le camp de la liberté de l’amour. Mais combattre comme on l’entend, avec une arme, est impossible pour lui. Il décide donc de partir en tant qu’infirmier. Mais pour cela, il doit passer la même formation militaire que les autres. Vient le moment où il doit tenir une arme, et il refuse.
« Orgueil ou conviction ? » est la question que lui pose en substance sa future épouse. Mais l’on comprend bien vite que ce principe est pour lui si absolu, qu’il découle d’un traumatisme. Ce n’est pas celui d’avoir failli tuer son frère malencontreusement, mais celui d’avoir voulu tuer son père et de l’avoir « tué dans son cœur ». Lors d’une nuit où son père maltraitait sa mère, il est intervenu et a pointé une arme sur son père. L’intention y était (contrairement avec son frère). Qu’est-ce qui l’a retenu ? Bien que rien ne soit explicite à ce sujet, c’est probablement sa mère, qui le supplie de ne pas le faire et son père, dont le trouble n’est pas simplement celui d’un homme violent par cruauté mais bien par souffrance, à une époque où le stress post-traumatique n’était pas encore connu.
Il est ironique que ce soit son père qui le sorte finalement de cette situation, en faisant jouer ses relations de la première guerre mondiale auprès d’un général afin que son fils ne soit pas condamné pour son insubordination. Le voici donc parti au front pour combattre les japonais. Le chemin est terrifiant : voir les régiments revenir, dont les pertes humaines et les visages meurtris des survivants laissent présager de l’horreur du champ de bataille. Ils arrivent à la base la plus proche du fond, puis le régiment est appelé au front.
Mel Gibson livre alors une performance cinématographique de haut vol : une alliance d’une violence insoutenable et d’un esthétisme puissant rend la première scène de bataille tout simplement époustouflante. Desmond, plus que malmené par ses camardes pour ses convictions, se montre parmi les plus courageux. Il en sauve un maximum. Et quand ils battent en retraite et demande un bombardement de la zone par les forces marines, il reste sur le champ de bataille pour récupérer des soldats.
Où va-t-il chercher cette force ? Dans Dieu. Il lui demande « un de plus » à chaque fois qu’il arrive à en secourir un. Au total, cela représentera environ 75 soldats. Un suspense haletant à l’américaine, quelques scènes dont la solennité n’est pas étrangère à leur culture, mais un ensemble puissant et impressionnant de foi. Sauver des vies de ceux qui tuent, c’est respecter son idéal de religion et de liberté, c’est prendre part au conflit sans mettre à part ses convictions. La médecine de guerre pose ce même type de questions (avec un « primum non nocere » qu’on pourrait rapprocher du sixième commandement de l’Ancien Testament).
Le plus beau dans cette histoire invraisemblable, c’est qu’elle soit inspirée d’une histoire vraie. 

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