Les troupes de Bachar reprennent Alep, ville martyre mais aussi ville symbole d'une Syrie utile
La bataille d'Alep touche à sa fin. Lundi 12 décembre, les rebelles syriens, affamés, sans vivre, quasiment sans munitions, quittent peu à peu les dernières poches de résistance.
Alep est quasiment tombée aux mains de Bachar Al Assad, le roi de Damas. L’homme de fer avait besoin de cette victoire, extorquée aux prix de milliers de bombes, d’attaques au souffre, avec l’aide de la Russie de Poutine et de l’Iran des ayatollahs.
On parle de tournant de la guerre, en froid langage stratégique, en gommant toutes les souffrances de civils, de femmes et d’enfants, traqués comme des rats, proche de la mort par inanition, dans le grand silence de l’occident.
On dit que « sans Alep, Bachar n’était qu’un demi président ». Quelle légitimité peut-il acquérir en ayant brisé par tant de violences et d’horreurs un mouvement rebelle pas nécessairement terroriste comme tend à le distiller dans les esprits la propagande pro Bachar.
Bachar regagne une ville exsangue, à reconstruire et dont les habitants ont fui. Ceux qui sont restés porteront, sous leur humiliation, une haine viscérale contre le tyran.
Bachar doit composer avec ses alliés. Son pays ne lui appartient déjà plus. Il devra composer avec Poutine qui l’aura sérieusement aidé. Dans une moindre mesure il aura intérêt à négocier (quoi ?) avec l’Iran et le Hezbollah libanais qui ont, eux aussi, contribué à sa victoire pour la défense du chiisme contre le sunnisme de l’Arabie Saoudite et indirectement contre celui de Daech.
Bachar, l’alaouite (une branche minoritaire du chiisme) ne devra pas être ingrat envers ses alliés. D’autant plus que le combat contre Daech n’en finit plus. En se focalisant sur Alep, symbole d’une Syrie utile, il a laissé reprendre Palmyre, la ville antique, par les forces de l’Etat islamique.
Bachar n’a pas fini de se battre contre ses ennemis, les vrais, ceux du djihad aveugle, pas ces pauvres bougres dépenaillés qui se terraient comme des rats dans les décombres d’Alep.
Bachar face à son avenir. Un règne sous contrôle du Kremlin, une couronne tachée de sang qui aura coûté la vie à 300.000 personnes et projeté sur les routes de l’exode des millions de désespérés… Décimer l’affamé et trucider l’enfant Se glorifier du fruit, recueilli dans le sang Comment s’enorgueillir en tyran de Damas De faire tomber Alep, éventrée dans la nasse ?
Peut-il dormir ses nuits sous draps d’impunité Quand féroces soldats, vidés d’humanité Ont rayé l’hôpital et déversé l’enfer Sur la ville martyre ? Que tirer d’un calvaire ?
Quel sourire arborer, toi, le maître bourreau A cueillir en tes mains cette ville en lambeaux ? Les gravats exhalant flux de sangs et de souffre ? Les cris de mille enfants émergeant de ce gouffre ?
Maudit sois tu, pantin, sous les mains de Poutine Crains de noirs lendemains, l’ombre en noir se mutine Fantômes guident la nuit d’une tragique plainte Pour te juger un jour d’une colère sainte.
Tu répondras du sang, de cette déchirure Au fil des châtiments assourdis de tortures Ton pays maugréera au berceau des vengeances Soufflera dans l’azur vent des réminiscences
Qu’espères-tu, ô Bachar, de ces odieux lauriers Du statut « terroriste » en la femme éplorée De ces trêves sanguines sans que paix ne s’érige Des ardeurs assassines que ton âme dirige ?
Tu t’élèves en sauveur, contre l’opposition Assuré d’avorter les sunnites passions Pauvre cœur d’Alaouite, dans l’hiver de Russie Pitoyable Pyrrhus gonflé d’impérities
Autour de toi l’Iran de ses faux bras amis Ne défend que chiisme, et n’a de sympathie Pour ton astre éphémère tant qu’il se fait rempart Contre l’hydre sunnite ou Daech, avatar.
Muraille que tu n’es plus, Palmyre vit sous le joug Des diables djihadistes mais qu’importe la boue En cette ville antique : Alep ensanglantée Enfin t’est revenue pour ton règne assurer ! S’il demeure la justice dans ce monde bancal Que tombe un jugement, au cœur du Tribunal Le ciel gris de La Haye, châtiera tes errances Qui auront scellé celles de ton peuple en souffrance.