« Je n’accepterai pas de prendre de leçon de morale, de personne et certainement pas d’une gauche qui voulait avec enthousiasme installer Monsieur Strauss-Kahn à l’Elysée il y a quelques mois. Imaginez que cela fût nous », a lancé Nicolas Sarkozy, lundi 23 avril, lors de son premier meeting de l’entre-deux tours à Saint-Cyr (Indre-et-Loire) près de Tours.
« Je vieux bien parler de tous les sujets, et j’ai vu qu’il y avait une volonté parfois de parler de l’argent. Cela fait si longtemps que les dirigeants du Parti socialiste préfèrent fréquenter les diners en ville que les ouvriers ; Ce n’est pas une raison pour leur pardonner tout », a attaqué le candidat sortant devant les militants UMP.
Mis en cause pour avoir été le « président des riches », M. Sarkozy contre-attaque depuis le début de la campagne sur les thématiques de la morale et de l’argent. « Je ne prendrai pas de leçon de morale d’une gauche, la gauche caviar, la gauche qui aime tellement donner des leçons de morale », avait-il déjà déclaré à Caen, le 6 avril.
Florilège des attaques de Nicolas Sarkozy contre ses meilleurs ennemis
1- Robert Badinter, ancien garde des Sceaux de François Mitterrand, et son épouse Elisabeth Badinter. Ils sont actionnaires de Publicis, un groupe qui a accordé à son patron Maurice Levy un bonus contesté.
Nicolas Sarkozy a déclaré à Caen, le 6 avril :
« L’autre jour j’écoutais la radio et j’entends que le candidat socialiste n’était pas content. Je me dis encore un mauvais sondage pour lui. Il n’était pas content parce qu’un grand patron, remarquable d’ailleurs, s’était fait verser des bonus exorbitants… …Et je me penche sur le dossier. Et qu’est ce que je m’aperçois. C’est que le bonus de 16 millions d’euros a été voté par les propres amis de M. Hollande, militants socialistes, sénateur socialiste ».
La famille Badinter soutient le soir M. Hollande dans les meetings, mais ça la gêne pas le matin dans les conseils d’administration d’administrer et d’accorder des bonus gigantesques au président d’une société qui leur appartient. Voila la gauche qui donne des leçons de morale. »
2- Louis Schweitzer, ancien directeur de cabinet de Laurent Fabius et ancien patron de Renault, accusé depuis des années d’avoir fait des délocalisations.
M. Sarkozy a déclaré, le 17 avril ,aux Fonderies du Poitou, entreprise située dans la Vienne et ancienne filiale de Renault revendue à plusieurs reprises et en faillite :
« On n’aurait pas eu à faire tout ce travail, si Renault ne vous avait pas vendus. C’était en 1998. A l’époque, c’était M. Schweitzer dont les opinions politiques sont bien connues. C’est bien beau d’avoir un engagement à gauche ! Mais on ne peut pas me rendre responsable d’avoir vendu les Fonderies du Poitou en 1998. On peut me rendre responsable de m’être battu pour trouver un repreneur pour les fonderies. Après moi, je dois réparer les dégâts », s’agace M. Sarkozy qui a souvent fustigé le patron de Renault, mais jamais en citant son nom.
« Si les décisions n’avaient pas été prises, on n’aurait pas eu tout ce barnum. A l’époque, l’Etat n’a pas bougé le petit doigt. En 1998, ce n’est pas moi qui ai nommé le président de Renault et pas moi qui étais premier ministre ». Et de conclure : « A un moment donné, il faut mettre les points sur les i, c’est trop facile sinon. »
Interrogé par l’Est Républicain, qui notait que Peugeot produit davantage en France que Renault, M. Sarkozy avait répondu le 2 avril :
« A l’époque de Louis Schweitzer, qui a le cœur à gauche, Renault a délocalisé beaucoup de ses emplois. Nous avons inversé ce processus, en obtenant de Renault que la totalité des véhicules électriques soit désormais fabriquée en France. »
3- Les actionnaires du « Monde » à titre individuel, Pierre Bergé, fondateur d’Yves Saint-Laurent et Matthieu Pigasse, délégué général délégué de la banque d’affaires Lazard France.
Sur RTL, le 27 février, M. Sarkozy a déclaré :
« C’est moi qui suis l’ami de M. Bergé, propriétaire du Monde, financier revendiqué de François Hollande ? De M. Pigasse, richissime, mettant l’ensemble de ses moyens au service de M. Strauss-Kahn, puis de M. Hollande ? »
En meeting à Saint-Cyr, le 23 avril, il a ajouté :
« Ils [les dirigeants du PS] ont droit d’avoir des amis fortunés, surtout lorsqu’il s’agit avec ces amis fortunés d’acheter des journaux pour faire leur propagande. Ca c’est pas gênant. »
4- Le philosophe Bernard-Henri Levy, qui n’a pas été cité.
« Ils peuvent se rencontrer dans des restaurants de luxe, ça ça n’offusque personne », a déclaré M. Sarkozy à Saint Cyr, le 23 avril. Il visait un déjeuner, mardi 31 janvier, entr, M. Hollande et BHL dans un restaurant cossu des Champs-Elysées, « Chez Laurent ».
5- L’ancien champion de tennis Yannick Noah, qui n’a pas été cité et participait au grand meeting du Bourget de François Hollande.
« Et tenez vous bien, ils peuvent même inviter dans leurs réunions publiques des exilés fiscaux et cela ne choque personne », a accusé Nicolas Sarkozy à Saint-Cyr.
Le 6 mars, dans l’émission Des paroles et des actes sur France 2, M. Sarkozy avait déjà évoqué « ce chanteur ancien sportif qui a passé toute sa vie en Suisse ».
Le fisc français réclame à M. Noah 450 000 euros depuis des années, contestant sa domiciliation en Suisse en 1993. « J’ai habité en Suisse en 1991, 1992 et 1993, a-t-il précisé. J’ai eu un petit moment de doute après ma carrière. J’avais peur pour mon avenir. J’ai fait ça pour faire des économies. Depuis, je suis revenu en France. Je suis là depuis près de 20 ans. Pendant toute ma carrière de joueur de tennis, j’étais fiscalement en France », a précisé M. Noah à BFM TV mi mars.
Arnaud Leparmentier