Ce ne serait pas inutile. Aujourd’hui, dans de nombreuses villes et plus dans les villages ou les quartiers périphériques, les trottoirs sont inexistants, à peine visibles ou ridiculement étroits, quand ils ne sont pas encombrés de multiples objets, du mobilier urbain à la voiture stationnée en passant par les poubelles ou les deux-roues motorisés.
Gyropodes et hoverboards. Dès lors, la marche n’est que rarement considérée comme un mode de déplacement légitime, même lorsqu’il s’agit simplement de se rendre à l’arrêt de bus. Le gouvernement s’intéresse aussi aux « nouveaux engins personnels », ces gyropodes, hoverboards et autres trottinettes, électriques ou non, qui circulent indifféremment sur la chaussée ou sur le trottoir. Mais sans dire ce qu’il envisage sur ce point.
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Outre le statut du trottoir, quelques « mesures emblématiques » devraient voir le jour d’ici la fin du quinquennat. Il s’agirait de la deuxième initiative du gouvernement en la matière, après le « plan d’action pour les mobilités actives » de mars 2014 (dossier ici).
Ainsi, des « sas vélo » (définition ici) devront être mis en place systématiquement devant les feux de signalisation en cas de réaménagement d’un carrefour. Ces espaces, tracés sur la chaussée, permettent aux cyclistes de se mettre à l’abri du trafic motorisé, et de demeurer visibles, avant le passage au vert. En pratique, toutefois, les sas ne sont pas connus des usagers, et peu respectés par les engins motorisés.
Parer le vol. Les vélos neufs devront être systématiquement gravés avant d’être mis sur le marché. Cette opération consiste à marquer le cadre de l’objet (un peu comme on le fait avec le bétail, mais en demeurant indolore pour la monture) afin qu’il puisse être facilement retrouvé en cas de vol. Les cyclistes pourront disposer d’un éclairage clignotant, et pas seulement de lumières fixes, comme c’est le cas aujourd’hui.
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Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), qui réunit 230 associations locales, qualifie d’« intéressantes » les mesures concernant le gravage (ou gravure, au choix), le barème fiscal ou le lien établi entre mobilité et santé. « La notion de continuité des itinéraires piétons, cyclables et intermodaux, développée par le gouvernement, doit contribuer à résorber les coupures urbaines », souligne-t-il, en évoquant ces rocades, voies rapides ou carrefours difficilement franchissables (des exemples ici et là) qui ralentissent le cheminement cycliste et piéton en agglomération. Toutefois la FUB, comme ses antennes locales, se demandent de quels leviers réels dispose le gouvernement. De nombreuses mesures dépendent en effet de la bonne volonté des municipalités et agglomérations, dont l’engagement est très inégal.
Reste une question : pourquoi le gouvernement attend-il la fin du quinquennat pour découvrir les nombreux atouts de la marche et du vélo, alors que quelques mesures simples (et plus complètes) auraient pu être prises bien plus tôt ? On se souviendra qu’un « plan vélo » avait été présenté par Thierry Mariani, ministre de Nicolas Sarkozy, en janvier 2012, quelques mois avant l’élection présidentielle, et qu’il avait notamment avalisé le « cédez-le-passage-cycliste-au-feu », aussi appelé « tourne-à-droite », qui permet aux cyclistes de passer un feu rouge (voici pourquoi).
Quant à la définition du trottoir, elle pourrait être ainsi rédigée : « une partie de la route affectée aux piétons, distincte de la chaussée et du stationnement. Sa limite est repérable et détectable ».