Or, sur ce point, le contraste est frappant entre les deux candidats que les électeurs (qui le souhaitent) sont invités à départager dimanche. A Bordeaux, le maire depuis 1995, Alain Juppé, a développé un intérêt pour le vélo comme mode de transport. François Fillon, lui affiche une fascination pour la voiture, et pour les voitures de course en particulier.
Référence Jacky Ickx. Dimanche soir, après être arrivé en tête du premier tour, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy a comparé sa remontée fulgurante à celle du coureur automobile Jacky Ickx… en 1969. Le logo de campagne de ce grand amateur des 24 heures du Mans rappelle celui de la Formule 1, relèvent Les Inrocks, qui le qualifie de « candidat Vavavroum ». Sur son site de campagne, insiste l’hebdomadaire, « les références à la course automobile sont partout ». Ainsi, « on peut acheter une tasse illustrée d’un ‘je roule pour Fillon’ et une petite voiture en bois qui ressemble celle de Oui-Oui ».
Le « modèle bordelais ». Alain Juppé, personne n’en doute, est lui aussi un homme politique très occupé, passant d’une voiture de fonction à un avion et de la première classe du TGV à une autre voiture avec chauffeur. Mais, sur le strict sujet des déplacements quotidiens, il tient un autre discours. Ou, plus précisément, il tient un discours.
A Bordeaux, on lui doit, ainsi qu’à son opposition de gauche, trois lignes de tramway, l’apaisement des quartiers centraux, un système de vélos en libre-service, des pistes cyclables ou encore des navettes fluviales. En 2012, un « Grenelle des mobilités » a réuni tous les acteurs concernés par les déplacements dans l’agglomération, des automobilistes aux piétons, droite et gauche confondues, dans une célébration de la « cogestion », la cohabitation dans sa version bordelaise.
Santé publique. Bien au-delà de cette élection à 2€, les enjeux liés aux transports sont considérables. Il ne s’agit pas seulement de dérèglement climatique ou de pollution atmosphérique, mais aussi de précarité (c’est ici), d’accès aux services, de vitalité urbaine (c’est ici) ou de santé publique. « Les collégiens ont perdu en moyenne 25% de capacité cardiovasculaire depuis 40 ans », rappelle Olivier Schneider, président de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB). En cause, la mobilité motorisée, qui continue de gagner du terrain.
Si l’un ou l’autre des prétendants de dimanche entre à l’Élysée en mai, rien ne dit que son gouvernement s’inspirera immédiatement de la passion pour la vitesse du premier ou du tropisme urbain du second. L’expérience montre qu’après la nomination de chaque nouveau gouvernement, les acteurs des transports doivent se remettre à prouver les enjeux du secteur, montrer la complexité du sujet, proposer des solutions.
Olivier Razemon, sur Twitter, Facebook et Instagram.
Éléments à transmettre aux candidats (pas seulement ceux de droite, hein) :
La preuve par la carte: non, tout le monde ne possède pas de voiture (mai 2015)
Alcool, vitesse, ceinture: florilège des idées reçues sur la sécurité routière (décembre 2014)
Le Vélib’ coûte cher. Des alternatives existent (septembre 2016)
10 arguments contre l’obligation du port du casque à vélo (février 2016)
7 arguments pour la ville à 30 km/h (février 2013)
RER : la malédiction des feuilles mortes (novembre 2012)
Ces détails qui expliquent les retards du RER B (février 2013)