Ce vendredi, c’est à Nancy que le Premier ministre s’est aventuré. Cela peut paraître accessoire au vu de l’importance phénoménale de la pré-campagne présidentielle en cours, mais le « déplacement » porte sur le sort des handicapés, un sujet toujours consensuel au moment de voter des lois et toujours oublié lorsqu’il s’agit de prendre des décisions concrètes. Le Premier ministre est venu à Nancy pour signer des contrats avec les collectivités locales et annoncer des mesures visant à « simplifier la vie quotidienne des personnes en situation de handicap », comme on dit de nos jours.
Paul Didier, étudiant en khâgne à Nancy, aperçoit la scène, prend une photo des véhicules et la diffuse sur Facebook et Twitter. Il interroge également un policier en faction devant le bâtiment. « J’ai été voir un flic pour lui demander si c’était normal. Il m’a répondu : ‘ah non mais oui. On leur a dit, mais c’est des cons’ », relate l’étudiant sur sa page Facebook.
Valls à Nancy pour le Comité interministériel sur le handicap. Et devant la Préf, une bagnole de sa délégation garée sur une place handicapé pic.twitter.com/rJMalIVRRO
— Paulo (@PaulDidier1) December 2, 2016
« Hors-sol ». Selon le magazine lorrain en ligne Loractu, les emplacements avaient bel et bien été réservés pour le convoi officiel. Pourtant, il s’agit de places destinées, en temps normal, aux personnes à mobilité réduite. Un panonceau gracieusement posé par le Lions club le souligne : « Si tu prends ma place, prends aussi mon handicap ».
M. Didier avait lui aussi constaté la réservation de ces trois places pour la délégation du Premier ministre. Il le déplore. « Il n’y a pas un mec dans la chaîne qui s’est dit que quelque clochait ? » s’interroge-t-il, avant de conclure : « ils sont hors-sol ».
Ceci conforte cette impression d’une société à deux vitesses et confirme, si besoin était, que le stationnement, la circulation, et plus généralement les déplacements, sont toujours considérés comme des sujets accessoires. Sans compter, bien entendu, l’image déplorable de l’action publique qui en résulte. Discourir, annoncer ou promettre a-t-il encore un sens lorsque, confronté à la réalité, on laisse passer un message exactement inverse à celui que l’on souhaiterait diffuser ?
Olivier Razemon, sur Twitter, Facebook et Instagram.
PS : lundi 5 décembre, 17h, juste avant l’annonce de la candidature de Manuel Valls. Une aidante familiale vivant à Saint-Dizier (Haute-Marne), Coralie Blanchard, qui s’occupe de ma mère devenue hémiplégique, suite à un AVC, témoigne: « J‘enrage de voir ces places si précieuses occupées par des valides, j’ai donc posté un lien vers l’article, sur les pages Facebook @Gouvernement et @Manuel Valls. Je dois dire que j’ai été assez surprise de les voir disparaître… plusieurs fois (je les avais republiés) ». Le lien a finalement été posté sur le site du ministère des affaires sociales.
PS2, 6 décembre: pollution à Paris, circulation alternée. Manuel Valls quitte Matignon à bord d’une voiture immatriculée impaire, alors que seuls les véhicules pairs sont autorisés.
Stationner, c’est occuper de l’espace qui pourrait souvent être mieux utilisé:
Les as du stationnement illégal (juillet 2012)
Le stationnement intelligent était une idée stupide (mai 2016)
Et puis, pour les passionnés d’hélicoptère, car apparemment, il y en a (novembre 2014).