L’avenue, large de 30 mètres, est aujourd’hui une véritable autoroute urbaine, limitée à 50 km/h, mais très souvent pratiquée à 60 ou à 70 km/h par les véhicules à deux, trois ou quatre roues qui déboulent de l’autoroute A6 et s’y croient toujours. 10 millions d’euros doivent être consacrés à cet aménagement. Avec cette somme, la Ville de Paris n’a pas trouvé le moyen de disposer dans cet espace une véritable piste cyclable.
Un plan pour « cyclistes aguerris ». Lors d’une présentation de cet aménagement, le lundi 5 décembre, en plein pic de pollution, la Ville a annoncé que les cyclistes devront emprunter les couloirs de bus. Christophe Najdovski, adjoint (EELV) à la maire en charge des transports, juge que cela conviendra « aux cyclistes aguerris ». Un propos qui fait bondir l’association Paris en Selle, qui promeut le vélo dans la capitale. « Le Plan Vélo s’adresse-t-il aux cyclistes du Tour de France ou bien à tous ceux que la circulation parisienne intimide ? » s’interroge l’association dans un communiqué publié ce mercredi 7 décembre.
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Le « plan vélo » voté à l’unanimité du Conseil de Paris, en mars 2015, devait créer un « réseau express vélo » à travers la capitale. 150 millions d’euros étaient alloués à cet objectif. Il fallait permettre à chacun, notamment ceux qui hésitent à enfourcher une bicyclette dans le magma tonitruant de la circulation, de se sentir en sécurité pour traverser Paris.
Le « plan vélo » de Paris, annoncé en grande pompe en 2015. 1400 km de voies cyclables promis en 2020. @ Ville de Paris
Plan « camion de pompiers ». On en est loin. Le cas de l’avenue du Général Leclerc n’est qu’un exemple parmi d’autres. A chaque fois que la Ville imagine un nouvel aménagement, les services envisagent plusieurs possibilités qui doivent intégrer diverses exigences. La RATP réclame ainsi des couloirs réservés pour ses bus, les pompiers veulent des voies plus larges pour leurs camions en cas de sinistre, et il n’est évidemment pas question de prendre de l’espace aux trottoirs. « C’est à se demander si ce plan vélo n’est pas plutôt un plan camions de pompiers », rigole un cycliste val-de-marnais, qui se déplace souvent à Paris. Jusqu’à présent, seuls quelques courts tronçons du plan voté en 2015 ont été réalisés, le long de la Seine dans le 13ème arrondissement ou le long du port de la Bastille.
Réseau vélo sans piste cyclable. Les réunions de concertation organisées dans chaque arrondissement font émerger les préoccupations diverses des riverains, des commerçants et des cyclistes. Une phase louable, mais qui prend du temps. Les différentes options sont alors tranchées par la maire de Paris elle-même. Quitte à proposer, comme dans le 14ème arrondissement, un réseau vélo… sans piste cyclable. Ce n’est pas le meilleur moyen d’amener ceux qui y songeraient à emprunter un vélo plutôt qu’un engin vrombissant et générateur de particules fines.
Et pendant ce temps-là, à Londres, à laquelle les élus parisiens aiment tant se comparer, 770 millions de livres (900 millions d’euros) sont consacrés au développement du vélo, annonce le maire Sadiq Khan.
Olivier Razemon, sur Twitter, Facebook et Instagram.
Pour mémoire:
1982-2015, la longue histoire des plans vélo de Paris (avril 2015)
Paris, « capitale du vélo », le diable est dans les détails (juin 2014)
Quand les voitures s’évaporent (août 2016)
PS, 7 décembre. Dans un tweet, M. Najdovski annonce qu’il organisera une nouvelle concertation sur le projet du 14e:
Av Gal Leclerc : j'organiserai concertation spécifique avec assos cyclistes pour trouver solution aménagement satisfaisante #planvelo
— Christophe Najdovski (@C_Najdovski) December 7, 2016