Par Daniel RIOT
« Passionnel et passionnant »... A Jérusalem et à Paris, tout a été fait pour que le voyage qu'entame Sarkozy aujourd'hui en Israël, dans cette terre trois fois sainte donc disputée triplement, soit une vraie fête des « retrouvailles » franco-israéliennes. Comme le voyage d'Etat qu'avait effectué Shimon Peres en mars dans cette « France qui est le pays qui a le plus aidé l'Etat d'Israël ». .
Rien n'a été négligé (pas même le programme privé de Carla) pour que cette visite soit un succès populaire, médiatique et politique. Sarkozy aura droit aux honneurs exclusivement réservés ces dernières décennies aux chefs d'Etat américains. Et les dirigeants israéliens disent « tout faire pour que Nicolas Sarkozy se sente chez lui ».
Tout a été préparé aussi pour que la France apparaisse, à travers Sarkozy, comme le pilier et le levier d'une influence recouvrée de l'Europe au Proche et au Moyen-Orient. Le contexte est favorable... sous réserve d'un « sans faute » présidentiel.
1) « L'ami israélien » est conquis d'avance Il est même prêt à entendre des exhortations sur le « gel de l'occupation » qui écorchent bien des oreilles dans la droite israélienne (où Sarkozy compte aussi des amis », tel Benjamin Netanyahou, Le discours à la Knesset doit rester dans les annales comme celui de Mitterrand en 1982 et le diner de demain soir ne sera pas qu'un feu d'artifice mondain... « Je veux apporter un soutien, une assurance solennelle à la population israélienne et lui dire que la France sera toujours aux côtés d'Israël quand son existence et sa sécurité seront mises en cause », a souligné Sarkozy dans un entretien accordé aux quotidiens israéliens "Yediot Aharonot" et "Maariv".
« L'existence d'Israël n'est pas discutable, sa sécurité n'est pas négociable » même si.... une paix « juste et durable »(...) « nécessitera des compromis historiques et des sacrifices douloureux »
Sarkozy a d'ailleurs été clair dès son arrivée à l'aéroport Ben Gourion:"Si je suis ici, c'est parce que je suis plus que jamais convaincu que la sécurité d'Israël ne sera vraiment assurée qu'avec la naissance du deuxième Etat, l'Etat palestinien (...)C'est parce que je crois que le chemin de la paix est là devant nous, que le chemin de la paix n'est pas bloqué, que je suis venu apporter mon soutien, celui de la France et celui de l'Union Européenne aux partenaires de la négociation".Selon lui "un accord (israélo-palestinien) est possible, demain, et cet accord permettra aux deux peuples de vivre côte à côte dans la paix et la sécurité".
2) Avec la Présidence du Conseil de l'Union, la France va lancer l'Union pour la Méditerranée qui sera symboliquement forte (avec 44 chefs d'Etat et de gouvernement annoncés) à défaut d'être politiquement consistante. Et Paris va jouer un rôle de premier plan dans le quartet pour le Proche-Orient (Etats-Unis, UE, ONU et Russie).
3) Le paysage géopolitique régional reste marqué par des signes contradictoires et inquiétants Ainsi le processus de paix israélo-palestinien d'Annapolis paraît figé dans l'attente de la prochaine administration américaine, et Israël poursuit sa politique d'implantations en Cisjordanie.
Mais il est des signes plus encourageants : l'élection du président libanais Michel Souleymane, la trêve conclue entre le mouvement islamiste Hamas et Israël dans la bande de Gaza sous l'égide de l'Égypte et, surtout peut-être, les contacts indirects entre Israël et la Syrie par le truchement de la Turquie. Nicolas Sarkozy a lui-même renoué les contacts avec Damas (ce qui irrite te Chirac) et la France se verrait bien parrainer une rencontre Olmert-Assad en marge du sommet du 13 juillet tout en se gardant d'en exprimer le souhait publiquement.
Deux rencontres israélo-syriennes ont déjà eu lieu discrètement à Istanbul ces dernières semaines. Une troisième est programmée en juillet afin de faire avancer le dossier de la restitution du plateau du Golan, conquis en 1967 et annexé en 1981 par Israël. M. Olmert (qui fait ainsi oublier ses soucis domestiques) s'est déclaré disposé à passer aux négociations directes avec Damas...
Bachar Al-Assad les jugent prématurées. Et pour l'heure il ne dit rien (même en privé) sur les liens qu'il entretient avec les islamistes palestiniens le Hamas et le Jihad islamique et avec Téhéran. En attendant la suite, mieux vaut ce type d'informations que les bruits de bottes (ou de réacteurs) comme ceux entendus récemment lors de manœuvres secrètes d'une ampleur rare en Méditerranée orientale. Cette détente se manifeste aussi par les négociations menées pour la libération de quelques uns des militaires retenus en otages, comme le soldat Gilad Shalit, séquestré depuis deux ans.
Mais, ce voyage « passionnel et passionnant » est diplomatiquement risqué. Tous les propos et les gestes de Sarkozy (y compris à Bethléem) seront surveillés de très près du coté arabe et palestinien. Sous ce ciel, les mots ont une importance plus grande que partout ailleurs. D'autres responsables politiques, tel Jospin, en ont fait l'expérience douloureuses et il est extrêmement difficile d'être « amis d'ennemis »... Les réticences qui s'expriment de plus en plus ouvertement dans les pays arabes sur l'Union pour la Méditerranée risquent de s'accroître. A l'Elysée, on en est conscient, à un point tel que l'on aurait préféré que ce voyage organisé à l'occasion des festivités du soixantième anniversaire de l'Etat d'Israël ait lieu après le lancement de l'Union Pour la Méditerranée....
Daniel RIOT
Commentaires (1) ...Ecrit par arno, juin 22, 2008
Venez débattre sur mon blog politique http://segoleneroyal2012.over-blog.fr/
Je vous attend nombreux et nombreuses !!!
Cela vous diriez-il de mettre un lien entre nos 2 blogs même si nous ne sommes pas d'accord sur tout car j'ai n'ai pas d'oeillère, j'attends votre réponse !!! Merci d'avance.
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