Voila une nouvelle tentative de promotion intégrative pour des groupements hospitaliers de territoire. GHT me voici, à une date précisée par la Loi, sur tout le territoire….
Depuis bientôt vingt ans le législateur tente d’obtenir le regroupement administratif des établissements hospitaliers publics.
Obligation non suivie d’effet dans les années 90, incitation et fortes sollicitations sans résultat tangible durant une très longue période, et voici le retour de la décision par la Loi qui rend obligatoire.
Les arguments ne manquent pas cependant pour mettre en avant que l’union fait la force, que la qualité et la proximité de soins sont deux paramètres indépendants, que les technologies innovantes décloisonnent, que le déploiement territorial optimal des ressources et des compétences est une valeur sociétale devant être portée par le service public, mais rien n’y fait, au moment clé les réactions et les résistances sortent du bois et les obstacles surgissent de toutes parts.
Il est bien sur aisé de comprendre certains corporatismes catégoriels, il est naturel de prendre en considération les contraintes nouvelles induites pour certains acteurs, il est légitime d’accompagner par la solidarité intrinsèque au service public les difficultés inhérentes aux changements, mais il faut surtout conduire le dialogue interne, et porter une vision d’avenir au moment même ou des bouleversements considérables sont aux portes de nos établissements.
Les techniques de soins, les métiers de santé, les organisations se trouvent dès a présent confrontés à des innovations et des changements d’une rapidité et d’une intensité exceptionnelles.
Se donner collectivement les moyens d’adaptation et d’appropriation de cette destruction créatrice est donc une obligation morale et matérielle pour notre système public de santé.
Les phalanstères doivent se remettre en question.
Et c’est ici que le bât blesse car, sous une pression catégorielle excessive, c’est encore une fois sous l’angle des enjeux de chefs que la feuille de route est en train de s’écrire, ce qui poussera collectivement à de nouveaux échecs. Il ne s’agit pas de créer les nouveaux organigrammes et les nouveaux indices catégoriels de responsabilités ou de rémunérations pour une minorité, mais bien de préparer le service de santé préféré des français aux défis à la fois sociaux, technologiques, humains et financiers qu’il faut relever. Toutes les forces doivent être mobilisées et une pédagogie positive insufflée à tous les niveaux. Sortons pour une fois des modèles industriels pour se hisser aux enjeux de société.
L’addition des phalanstères ne résoudra rien si elle ne transforme pas radicalement chaque système aujourd’hui autonome, chaque établissement aujourd’hui érigé en territoire, en un effecteur interactif organisé et rendu parfaitement opérationnel au service d’un ensemble supérieur prenant alors, mais seulement une fois son fonctionnement harmonieux assuré, une véritable identité collective sublimant les efforts de tous.
L’addition des phalanstères, ce serait la soustraction garantie pour l’imagination, pour la création, et pour le désir de faire ensemble, et donc l’échec et une nouvelle raison de ne plus croire en nos potentiels. Ce serait un nouveau mauvais signal pour les plus jeunes.
Alors réveillons nous, prenons ce virage à bras le corps, ne laissons pas le pilotage entre les mains de quelques opportunistes, et mettons en avant les vitales interactions fonctionnelles entre nos établissements, rendons prioritaires les coopérations des professionnels, les projets innovants, adaptons les trop nombreuses conventions creuses discrètement élaborées par en haut, et amenons fortement et rapidement sur la table de nos ARS les solutions fonctionnelles et professionnelles les plus pertinentes pour que le collectif qui nous est imposé soit enfin celui qui portera une construction en cohérence entre les acteurs au service du public.
Que nos instances ne se laissent pas engluer dans les ordres du jour de deuxième catégorie.
Réveillons nous car il s’agit peut être d’une ultime opportunité.