« Nicolas Sarkozy se présente comme l’”ami d’Israël” mais il vient vendre son nucléaire dans une région aussi sensible que le Moyen-Orient, où cette technologie ne peut qu’accentuer les tensions déjà vives entre les différents pays, déclare Sharon Dolev, en charge de la campagne Paix et désarmement de Greenpeace en Israël. Sur un pourtour méditerranéen gorgé de soleil, on ne voit pas pourquoi on aurait besoin du nucléaire. Une nucléarisation du Moyen-Orient menacerait les populations locales, qui se verraient exposées à tous les risques du nucléaire, et mettrait aussi en danger le fragile équilibre de la paix. »
Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, la France signe des accords de coopération ou vend du nucléaire, le présentant comme le nouveau gage de développement, voire de libération des peuples, en Afrique du nord – Algérie, Maroc, Égypte ou encore Libye, pays encore il y a peu au ban des nations – et au Moyen-Orient, zone où le nucléaire est un sujet très sensible. En témoigne l’affaire récente du bombardement du site syrien d’Al-Kibar, en septembre 2007, par Israël, qui soupçonnait la Syrie d’y construire un réacteur nucléaire clandestin avec l’aide de la Corée du Nord.
Par ailleurs, Greenpeace rappelle que c’est la France qui fournit très discrètement à Israël la technologie nucléaire pour construire un réacteur à Dimona, qui serait entré en fonction entre 1962 et 1964. Les experts internationaux s’accordent à dire que c’est sur ce site qu’Israël a ensuite construit ses armes nucléaires.
La France feint d’ignorer que vendre une centrale à un État suscite presque inévitablement une demande semblable chez ses voisins. Ensuite, que nucléaire civil et militaire sont intrinsèquement liés. Au nom de son indépendance énergétique, un pays qui se lance dans le nucléaire civil se doit de développer la technologie de l’enrichissement de l’uranium, à la base d’un programme militaire : c’est ce qui se passe en Iran. Autre risque de prolifération : le retraitement du combustible irradié avec production de plutonium, méthode utilisée notamment par la Corée du Nord pour acquérir l’arme atomique qu’elle a testée en 2006.
« Nous condamnons l’irresponsabilité de la France, qui instrumentalise les enjeux des changements climatiques ou de l’indépendance énergétique pour justifier un accès prétendument légitime de certains pays à la technologie atomique et vendre son nucléaire partout dans le monde, soumettant les impératifs de la sécurité internationale aux intérêts commerciaux d’Areva », affirme Yannick Rousselet, en charge de la campagne Énergie de Greenpeace France.
Greenpeace demande à Nicolas Sarkozy de cesser de jouer les VRP d’Areva et d’encourager, au Moyen-Orient, le développement des énergies renouvelables. « En essayant de vendre des projets nucléaires partout dans le monde, de Flamanville à Tripoli, la France ne fait que retarder l’adoption de solutions économiques, propres et garantes de paix, disponibles dès aujourd’hui dans la lutte contre le défi climatique », conclut Yannick Rousselet.