Les amateurs de Gustave Courbet auront tout intérêt à se précipiter séance tenante au Musée d’Orsay pour y voir une exceptionnelle réunion d’œuvres habituellement dispersées, offertes au public pendant seulement deux mois.
S’y trouvent ainsi, côte à côte, L’Homme blessé, autoportrait de jeunesse (1844-1854, musée d’Orsay) et L’Autoportrait à Sainte-Pélagie (1871-1872, musée Gustave Courbet, Ornans). Ce dernier, qui fut sans doute réalisé après sa sortie de prison, puisqu’il se plaignait, dans sa correspondance, de n’avoir été autorisé à peindre dans sa cellule que « sans jour ni modèle d’aucune façon », permet de mesurer l’évolution physique de l’artiste à près de trente ans d’intervalle. Le musée a en outre eu l’excellente idée d’ajouter à ces deux toiles La Truite (1873, musée d’Orsay), saisissante peinture de fin de vie dans laquelle les historiens voient, à juste raison, une autre forme d’autoportrait.
Egalement présente, Une Après-dînée à Ornans (1849, palais des Beaux-Arts, Lille), par ses grandes dimensions qui bravaient les conventions de l’art académique dans la mesure où elle représentait une simple scène de genre dans un format réservé à la peinture d’Histoire, se rattache à la tradition picturale hollandaise et française du XVIIe siècle (comme Le Repas des paysans de Le Nain, 1642, musée du Louvre) ; elle préfigure la transgression majeure qui suivra un an plus tard et fera scandale, Un Enterrement à Ornans (1849-1850, musée d’Orsay), gigantesque toile qui, ici, lui fait logiquement face.
![Courbet : réunion exceptionnelle au musée d’Orsay courbet_sommeil](https://media.paperblog.fr/i/825/8254725/courbet-reunion-exceptionnelle-musee-dorsay-L-1IhAf3.jpeg)