Elle pense à ses rêveries d’enfant. Jamais dans ses rôles d’héroïne elle n’aurait abandonné la veuve et l’orphelin. Au contraire, elle volait au secours de son prochain, au péril de sa vie. Et voilà qu’aujourd’hui elle est près de se rendre coupable d’abandon de personne en danger. Et ce n’est pas n’importe laquelle, c’est l’homme de sa vie. Cette existence de misère, ces privations n’ont pas entamé que leur standing et leur aisance. La peur a détruit ce qu’elle a de plus essentiel : ses sentiments, son humanité. La voilà nue, avec pour unique obsession sa survie, comme n’importe lequel de ces animaux qu’elle croise quotidiennement. (…) Elle n’est plus disposée à supporter cette odeur de défaite. L’odeur ne ment pas, c’est le sens le plus instinctif. »
pages 109, 110 et 111 – Le livre de poche
Ici, un couple de trentenaires amoureux échoué sur une ile déserte qui n’est pas un paradis terrestre mais un caillou sans végétation avec des manchots comme habitants. Ils s’organisent pour survivre. L’auteur décrit minutieusement ce retour à la vie sauvage qui influe sur leur relation et détruit peu à peu tout lien social existant. Il n’y a plus de couple ni de duo, chacun se retrouve seul. Ce voyage au bout de la condition humaine nous entraine dans une réflexion sur les rapports de l’homme et de la nature, les rapports des hommes entre eux et plus encore.
Étonnante trajectoire d’Isabelle Autissier : ingénieur agronome, première femme à avoir réalisé un tour du monde à la voile en 1991, présidente du WWF France, chroniqueuse radiophonique sur France-Inter, et … romancière de talent.
Éditions Stock 2015 – Livre de poche 2016 n°34322