En plus, comme je n’étais pas spécialement fan du déménagement de Daredevil à San Francisco lors du reboot All-New Marvel Now, signé Mark Waid et Chris Samnee, je salue ce retour « back in black » du Diable de Hell’s Kitchen. Attention, les histoires proposées par Mark Waid et Chris Samnee étaient loin d’être mauvaises, mais j’avais du mal avec cette délocalisation qui dénaturait un peu ce héros qui portait du coup très mal son surnom de Diable de Hell’s Kitchen. Cette quatrième saga marquée par un ton plus léger et une ambiance moins sombre par rapports aux runs de Frank Miller, Bendis ou Ed Brubaker proposait en effet un Daredevil beaucoup plus positif, sans parler du décor beaucoup plus ensoleillé de Californie par rapport à l’ambiance sombre et pluvieuse d’Hell’s Kitchen ou de sa relation truffée d’humour avec Kirsten McDuffie.
Ce tome qui reprend les épisodes #1 à #5 de cette nouvelle saga écrite par Charles Soule (Letter 44) et dessinée par Ron Garney (Men of Wrath), ainsi que l’épisode « All-New, All-Different Marvel Point One 1 », se déroule au lendemain du crossover « Secret Wars » et a tout simplement balayé d’un revers de la main l’entièreté du run de Marc Waid. Marvel n’en est bien évidemment pas à sa première pirouette du genre, mais il faut dire que c’est une gomme grand format qu’ils sortent de leur tiroir pour effacer le passage Californien de notre ami. Abracadabra et hop, plus personne ne se souvient que Matt Murdock avait révélé son identité secrète en plein tribunal car la mémoire de tout le monde a été effacée (ben quoi ?). Ah, et il n’est plus radié du barreau de New York non plus et peut donc à nouveau exercer son métier (génial non ?). Sa copine ? Et bien, elle a tout simplement disparu du paysage (Une de perdue…). Paysage qui se veut d’ailleurs à nouveau plus ombre puisque notre ami arpente de nouveau les rues de New York et n’a plus de soucis à se faire concernant sa double identité. Voilà qui est de la balle !
Malgré cette mise en place abracadabrantesque, le plaisir de lecture est néanmoins au rendez-vous. J’adore cette ambiance plus crasseuse et ce héros plus torturé qui nous revient d’ailleurs dans un costume noir, question d’immédiatement souligner le ton à nouveau plus sombre de cette nouvelle saga. L’autre bonne surprise est qu’il n’est plus avocat, mais procureur, ce qui lui permet également de poursuivre les méchants de jour au lieu de s’amuser à les défendre.
Mais le point que j’ai sans doute le plus apprécié est la présence d’un apprenti. Lui qui a toujours arpenté les rues d’Hells Kitchen en solo, se retrouve en effet associé à Samuel Chung, alias Blindspot, un jeune sans papier chinois qui s’est crée un costume qui lui permet de devenir invisible. Bon, il faut certes passer outre le fait que le garçon parvient à développer un tel costume fonctionnant sur des bêtes piles disponibles en grande surface, mais ce gamin ayant également comme idéal de protégé son quartier, China Town, s’avère néanmoins la meilleure trouvaille de cet album.
Et le méchant me direz-vous (car il faut forcément un vilain) ? Bon, le type ne casse pas trois pattes à un canard niveau originalité et il risque de vous énerver un peu car vous ne pourrez pas vous empêcher de compter ses doigts chaque fois qu’il apparaît, mais il fait finalement parfaitement l’affaire lors de ce premier volet. De plus, ce meneur de secte surnommé Dix-Doigts (je vous laisse deviner pourquoi) permet également de ramener « La Main » dans l’équation, ce qui est finalement assez sympa, car cela faisait assez longtemps qu’on n’avait plus eu droit à une bonne dose de ninjas !
Reste à parler du dessin, qui est franchement nickel. Le dessin de Ron Garney m’avait déjà bien plu sur « Men of Wrath » et la colorisation sombre et délicieusement crasseuse de Matt Milla contribue également à ramener enfin cette série là où elle doit se trouver : du côté obscur de la force et pas sous le soleil de Californie !
He’s back in black !
Retrouvez d’ailleurs cet album dans mon Top comics de l’année !