Parmi les fonctions cérébrales supérieures, celle qui consiste à déterminer ce qu’il faut garder à l’esprit et ce qu’il faut mettre de côté mais garder à portée de connexion, pour un accès rapide ultérieur. Exercer et renforcer cette fonction peut d’ailleurs contribuer à aider les patients souffrant de schizophrénie ou de dépression et perdre cette fonction est un symptôme associé à de multiples maladies mentales. Les chercheurs s’attardent ici sur les premières étapes des mécanismes qui nous permettent d’avoir le contrôle sur notre pensée consciente.
Sur les limites humaines d’analyse et de concentration, les auteurs précisent que si la plupart d’entre nous se croient capables de se concentrer sur plus de données que la mémoire de travail ne peut réellement en traiter, cette impression de conscience universelle ou élargie n’est qu’illusion : en réalité la recherche scientifique a démontré que notre attention ou pensée consciente, à un moment donné, se limite à » un très petit nombre de choses « .
L’équipe a mené une série d’expériences dans lesquelles les participants étaient invités à se souvenir de 2 items matérialisés sous forme de mot, de visage ou de mouvement. Lorsque les chercheurs apportent aux participants un indice sur l’objet de la question à venir, en utilisant un autre indice que la forme initialement associée à l’item, par ex. un visage à la place d’un mot, toute activité électrique et le flux sanguin disparaissent dans la zone associée au souvenir de l’item. Mais si l’indice est bien sous la forme initiale donnée à l’item, alors l’activité cérébrale augmente suggérant un pic d’attention. L’expérience démontre ainsi (cf première expérience) qu’il est possible de faire remonter un souvenir latent sans activité cérébrale particulière. Cette expérience montre aussi que s’il est possible de ramener ce souvenir c’est qu’il n’est pas » parti » !
Ramener les souvenirs abandonnés à l’esprit par stimulation magnétique transcrânienne (TMS) : les scientifiques montrent, dans une seconde phase qu’il est possible, donc par application d’un champ électromagnétique focalisé sur une petite zone précise du cerveau repérée comme associée au stockage du mot, qu’ils peuvent déclencher le type d’activité cérébrale représentative de l’attention focalisée. Dans certains cas, » la mémoire est bien là « , écrivent les auteurs, » mais pas active « , et la TMS peut réellement la réactiver temporairement.
Il reste à découvrir comment le cerveau détermine ce qu’il garde à portée de neurones et ce qu’il met de côté. Comprendre ce processus reviendrait à pouvoir mieux comprendre les troubles de santé mentale tels que la schizophrénie. Les scientifiques imaginent déjà la possibilité d’aider les gens à contrôler leur attention, à pouvoir mieux gérer et organiser leur pensée, et surtout surmonter ces troubles sévères qui résultent d’un manque de contrôle cognitif.
Source: Science 02 Dec 2016 DOI: 10.1126/science.aah7011 Reactivation of latent working memories with transcranial magnetic stimulation