Après les excellents Prisoners, Enemy et Sicario, et juste avant Blade Runner 2049 l’an prochain, Denis Villeneuve s’essaye cette année à la science-fiction avec Premier Contact (Arrival en VO). Une première incursion dans le genre plutôt réussie en ce qui le concerne puisque si le script laisse clairement à désirer dans la seconde moitié du film, la mise en scène du réalisateur canadien est, quant à elle, une nouvelle fois irréprochable. Élégante et majestueuse, elle se départ brillamment de certaines références évidentes (2001 – L’Odyssée de l’Espace et Rencontres du Troisième Type, notamment) pour conférer au long-métrage son identité propre. Une identité propre qui passe également par l’incroyable atmosphère – tantôt pesante, tantôt émouvante – que le film dégage pendant près de 2 heures. Pas étrangère à cette atmosphère étouffante, la composition musicale de Jóhann Jóhannsson renforce joliment les sensations que le cinéaste cherche à procurer. Alors que d’un point de vue purement émotionnel, le superbe morceau On the Nature of Daylight, de Max Richter (qui fait actuellement des merveilles dans la série The Leftovers), suscite instantanément une profonde mélancolie, aussi belle que dévastatrice.
Aux nombreuses qualités formelles du film s’ajoute par contre un scénario relativement inégal. Sans quoi le statut de chef d’œuvre, que l’on peut lire dans certaines critiques, n’aurait vraiment pas été usurpé. Ainsi, dans sa première heure, Premier Contact se révèle passionnant dans sa manière d’aborder la rencontre avec un peuple extraterrestre par le prisme de la communication, et plus particulièrement du langage. Rigoureux dans son approche linguistique, le long-métrage offre un vrai parti pris de science-fiction. Malheureusement, la deuxième heure se laisse aller à une pirouette scénaristique malvenue pour résoudre son intrigue. Non seulement celle-ci discrédite complètement l’aspect scientifique mis en avant dans toute la première partie du récit, mais elle rend aussi caduque l’ouverture du film. Pour des raisons que je n’évoquerais pas ici (au risque de spoiler), il est en effet techniquement impossible pour l’héroïne de voir ce qu’elle voit à ce moment-là de l’histoire. Le montage est donc au mieux trompeur, au pire assez malhonnête. Paradoxalement, c’est aussi pourtant de ce ressort narratif un peu facile que naissent les plus grandes émotions du long-métrage, il n’a donc pas que des conséquences négatives. Enfin, côté casting, Amy Adams affiche une belle subtilité dans son jeu, soutenu ici par un Jeremy Renner tout en retenue.En définitive, Premier Contact est donc une proposition de cinéma ambitieuse, aboutissant à une œuvre de science-fiction singulière. Irréprochable techniquement, le film peine néanmoins à convaincre totalement sur le fond, la faute à une pirouette scénaristique remettant complètement en cause la crédibilité scientifique du projet. Dommage car il ne manquait pas grand-chose pour confiner à la perfection.