Ces experts de l’Université Technologique de Nanyang montrent que les petits enfants, dès l’âge de 2 ans et demi ans et demi peuvent comprendre et accepter des pensées différentes des leurs, mais peuvent aussi percevoir quand on leur ment ou quand on fait semblant. Ces travaux présentés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine apportent à la preuve du développement émotionnel et de capacités cognitives très précoces chez les très jeunes enfants. Ils engagent les adultes et les professionnels de la petite enfance à ne pas leur parler » trop comme à des bébés » et à ne pas simplifier à outrance. Mais de là à leur dire toute la vérité, rien que la vérité ?
La tâche de la fausse croyance : Les chercheurs de l’Université de Californie Merced et de l’Université de l’Illinois ont étudié le comportement de plus de 140 enfants âgés de 2 ans et demi, avec une méthodologie connue par les psychologues comme » la tâche de fausse croyance « . Cette technique permet d’évaluer la capacité d’un enfant à comprendre qu’on puisse avoir un point de vue différent du sien, et donc d’évaluer son développement altruiste et social. Les enfants devaient écouter une histoire où un personnage cache un objet dans l’une des 2 boîtes, chaque boîte étant recouverte d’une feuille. L’objet est ensuite déplacé vers l’autre boîte en cachette du personnage. Lorsqu’on demande à un très jeune enfant où le personnage doit aller chercher l’objet, l’enfant répond dans la seconde boîte. Cela suggère qu’il ne comprend pas que le personnage a, quant à lui, une idée fausse de l’emplacement de l’objet. On sait, en revanche, qu’à partir de 4 ans environ, l’enfant est capable de se mette à la place du personnage et d’indiquer la première boîte.
Et si on simplifiait ? Ici, les chercheurs montrent que lorsque l’expérience est légèrement simplifiée (voir protocole d’étude complet en cliquant ci-contre), les enfants bien plus jeunes sont capables de réussir au test de la tâche de fausse croyance. L’histoire est la même, l’objet est une pomme et la seule différence est que la pomme a été cachée à un endroit non divulgué. Les chercheurs ont posé 2 questions préalables aux enfants, portant sur l’association entre un objet et l’image contenant cet objet puis la question critique sur l’emplacement de la pomme. L’analyse du comportement des enfants suggère alors qu’ils sont bien conscients que d’autres peuvent avoir des croyances différentes mais ne sont en mesure de l’exprimer en raison d’un excès de données à traiter.
Des aptitudes cognitives des petits enfants plus avancées qu’on ne le pensait : lorsque l’on demande aux enfants ce que doit faire une personne ayant une fausse croyance, ce n’est généralement qu’à l’âge de 4 à 5 ans qu’ils répondent correctement.
ØAvec une tâche simplifiée et moins de données, les enfants comprennent mais ne sont pas encore capables d’exprimer la réponse. Mais la capacité de comprendre qu’il existe d’autres croyances que les leurs est bien là, très tôt dans le développement.
Toute la vérité, rien que la vérité ? Avoir la capacité de reconnaître que d’autres pensent différemment est la base pour comprendre quand les autres mentent, trichent ou font semblant. Bref, les petits enfants peuvent comprendre des situations très complexes dès l’âge de 2 ans et demi. Les implications sont claires pour les parents et les professionnels de la petite enfance. Les capacités cognitives précoces des enfants sont plus avancées qu’on ne le pensait. Ces conclusions ouvrent également des pistes de recherche : la bonne parentalité passe-t-elle parfois par le mensonge ou par la dissimulation d’une partie de la vérité ? Et que sont les conséquences d’une telle pratique parentale sur le développement de l’enfant à long terme ? Enfin quel est le degré de compréhension des tout-petits du compromis social qui vise à maintenir une relation positive avec le groupe ?
Source: PNAS Dec, 2016 doi: 10.1073/pnas.1609203113 Two-and-a-half-year-olds succeed at a traditional false-belief task with reduced processing demands (Visuel@NTU Singapore)
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