Je m'appelle Rosetta
Tu as trouvé du travail
Je me suis trouvé du travail
Tu as trouvé un ami
Je me suis fait un ami
Tu as une vie normale
J'ai une vie normale
Tu ne tomberas pas dans le trou
Je ne tomberai pas dans le trou.
Bonne nuit
Bonne nuit.
C'est la formidable Émilie Dequenne dans le tout aussi formidable film des frères Dardenne, Rosetta, qui se murmure pour elle-même, telle une prière, ces mots avant de s'endormir. Afin de recentrer la conversation sur sa vie de misère, prise entre une mère alcoolique sans le sou et son propre tempérament explosif et fougeux. Plus tard dans le film, un clin d'oeil à cette même scène est tout simplement...formidable (je manque d'adjectifs...je sais)
On ne veux pas tous voir la même chose au cinéma. La plupart des gens veulent se sortir de l'étouffant quotidien et se faire transporter dans un ailleurs fantasmé qui leur piquera 2 heures de la couleur du jour pour leur offrir 2 heures de divertissements. Mais aller au cinéma, c'est aussi avoir une communion, une conversation avec son époque. Avec un sujet. Avec des réalités.
Tous les films sont une proposition.
On a tous besoin de propositions différentes. Je sais que les films que j'aime ne conviennent pas à tous. Je suis exigeant par rapport aux films que je vois, J'en ai trop vu pour supporter certaines choses. L'amoureuse est nettement moins difficile. Elle est même championne du grand public. Si c'est populaire, ça doit être pas pire. Je suis le contrepoids critique. À deux, on s'équilibre. La semaine dernière, pendant que ma fille me tirait le bras pour suivre une série sur Netflix*, l'amoureuse a voulu se choisir un film sur une autre télé, toujours sur Netflix, à écouter toute seule. Honnêtement, on a dû passer au dessus de 100 films sans y trouver quoi que ce soit qui nous eût inspiré. RIEN. Je dis "on" parce que je l'ai aidé en tentant de l'informer sur certains films et je sais en gros ce qu'elle aime et ce qu'elle pourrait ne pas aimer du tout. La différence entre elle et moi c'est que, pour ma part, je sais toujours ce que je vais regarder, choisir, ou voir. Tandis qu'elle, se laisse inspirer de ce qu'on lui propose.
Et j'étais tout aussi sonné qu'elle que, sur plus de 100 films, je dirais que 80% nous était inconnu. Le cinéma ne nous parle plus.
Enfin, CE cinéma-là ne nous parlait affreusement pas. On a finalement misé sur un film sur Illico, sans savoir que c'était tourné par Jean-Marc Vallée et que j'ai finalement écouté avec elle tard dans la nuit. Pas mal du tout comme proposition. Aurait fait un meilleur livre encore.
Cotillard devra un jour être placée aux côtés des Gabin, Montand, Signoret. Depardieu, Adjani.
Elle est titanesque. Dolan a eu la chance de travailler avec de l'or.
Mais y a surtout Manchester By the Sea qui nous intéressent. Et sur cette planète de zoufs, qui offre moins de conversations que de monologues sur Instagram, Facebook ou Twitter, DEUX SEULES SALLES présentent ce film qui propose beaucoup d'intelligence et de doigté.
2 !
Kenneth Lonergan tourne aussi la vie beaucoup plus que la fantaisie.
Il tourne l'Homme. Avec un grand H.
Mais les gens ne veulent pas beaucoup voir la vie. Ou les grands H.
Star Wars Rogue se prépare à effacer tous les titres mentionnés plus haut.
2 salles.
Question de faire passer l'indigestion.
Qui ressemble de plus en plus à un monologue
Comme Rosetta dans son lit.
Face au mur
Face aux murs de sa vie.
Tu t'appelle Hunter Jones
Je m'appelle Hunter Jones
Tu n'es pas un personnage de BD
Je ne suis pas...
*Vous ai-je dit que cette saison 1 est formidable?
**Je remarque pour la première fois que Lonergan est en caméo dans le rôle du curé!