Je ne sais si c’est la vieillesse, mon rythme de fonctionnaire – quand on dit que les fonctionnaires n’en rament pas une, laissez-moi rire – ou la lassitude de la vie, mais toujours est-il que depuis 11 ans que j’ai décidé d’écrire sur la musique, j’ai l’impression que les mots ne passent plus. Je me limite de plus en plus à l’essentiel, le partage de musique pure sans explication.
La musique me guide désormais à l’arrivée au travail le matin, où je partage sur mes réseaux sociaux #HighSchoolMusical avec mon humeur du moment. C’est ainsi que je me suis formée une cartographie de mon automne et de mes émotions dans l’établissement où je travaille désormais. Certes, je deviens un peu plus « feignasse », mais c’est compliqué de gérer des aspirations créatrices avec 40h/semaine* + 6h d’orchestre.
Même si je suis obligée de me justifier sur des projets qui traînent et mon manque d’articles depuis quelques années, il faut une sacrée énergie pour générer ce qui se passe dans ma tête. Et l’énergie, je ne l’ai pas ou plus en cette période de bonheur conjugal plein mais de questionnement personnel intense. Mais ma chanson du matin m’a mis beaucoup de baume au cœur dans les matins rudes.
Voici donc un petit aperçu de ce qui m’a fait plaisir cet automne dans les oreilles.
La petite découverte en dehors des clous : Trio Mandili, Apareka (2014)
J’ai découvert ce groupe de trois copines géorgiennes il y a quelques mois, lorsque leur « tube » Apareka a été remixé par deux métalleux. Je me suis dit à l’époque : Bordel de merde, qui sont ces trois Roumaines trop stylées ? Elles sont donc Géorgiennes – mea maxima culpa – et font actuellement une belle carrière en Europe de l’Est suite au buzz qu’elles ont suscité avec leurs vidéos Youtube. Leur premier album, With Love, est disponible depuis l’an dernier.
*
Le petit rappel de mes années d’étudiante n°1 : Mes Souliers sont rouges, Quand plus rien ne va (2000)
Mes camarades normands étaient fous de ce groupe caenno-montréalais qui ont puisé entre 1991 et 2006 dans les répertoires québécois, cadiens, irlandais, cajuns et français pour se constituer un répertoire de concerts fait pour danser et partager. Sur la fin de leur première période d’existence, ils se lancèrent dans la variété. Ils ont repris leur activité en 2011 pour les dix ans d’une salle caennaise. J’ai été séduite par les arrangements vocaux très travaillés, mais aussi par l’énergie que ces messieurs dégagent sur scène.
*
Le pétage de câble : Die Woodys, Fichtl’s Lied (1984)
Je ressentirai toujours de la joie et de la tendresse pour les bizarreries d’Outre-Rhin. D’autant plus que cette chanson est devenue notre berceuse weird pour amuser notre nièce nouvellement arrivée. J’avais découvert ces deux grands crétins grâce à Mathieu Sommet et depuis, cela me pourrissait la tête de manière insidieuse. Le projet #HighSchoolMusical m’a permis d’extérioriser et de faire partager ma détresse mentale en soirée. Je vous assure : j’ai fait danser en soirée sur ce son et les gens n’étaient même pas ivres morts.
*
Le petit rappel de mes années d’étudiante n°2 : Bérurier Noir, Hélène et le sang (1985)
Comme je l’ai dit et souvent répété, Bérurier Noir fait partie de mon panthéon de mes années d’étudiante rennaise, que ce soit par les grèves contre la loi LMD en 2003, la reformation du groupe aux Transmusicales cette même année ou l’évocation des propres souvenirs étudiants de mon oncle avec Abracadaboum en bande-son. Cet automne 2016, j’ai choisi cette chanson revendicatrice en lien avec les problématiques des violences faites aux femmes. L’histoire racontée rejoint mon discours théoriques sur la question, à savoir Une main sur mon cul, ma main dans ta gueule.
*
Le pincement au cœur : La Femme, La femme (2013)
Pourquoi un pincement au cœur ? Parce que j’ai acheté Mystère sur la seule promesse d’avoir des sensations aussi belles qu’avec Psycho Tropical Berlin. Et en fait, non. Je ne sais pas si c’est par l’attitude de poseur des membres du groupe ou vraiment parce que leur son ne me surprend plus, mais encore un achat de disque que j’ai regretté. Alors je préfère me souvenir de Psycho Tropical Berlin et du superbe coup de frais qu’il avait donné dans ma discographie.
*
Mon tube du karaoké : Genesis, Land of Confusion (1986)
A la faveur de la construction d’une playlist alternative à celle que j’ai construite pour les 30 ans d’une copine, j’ai retrouvé ce son qui m’a bercée petite. Je me suis également rappelée du super clip faite avec les marionnettes de Spitting Image (les Guignols anglais). Cela me rappelle un débat sur l’essence de Genesis : à une personne qui se demandait si le Genesis de Phil Collins était encore du Genenis (le snobisme, le prog-rock, toussa), j’ai posé la question pour savoir si le Genesis de Peter Gabriel était déjà du Genesis.
*
Ma pulse : N.E.R.D, She Wants To Move (2004)
A la faveur d’une redécouverte personnelle du répertoire groove de ces dix dernières années – A base de Nicki Minaj et d’Iggy Azalea –, je me suis rappelée à quel point j’avais kiffé N.E.R.D et surtout Pharrell Williams lorsque je les ai vus au Zénith en 2010. En effet, lorsqu’il se produisait avec Shae Haley et Chad Hugo, il n’avait pas l’attitude de poseur qu’on lui connaît actuellement et qui m’énerve. A l’époque, il puait le sexe au lieu de casser les c*uilles, et ça me manque tellement.
*
Le tube de l’automne : Rag’n’Bone Man, Human (2016)
Encore un Anglais qui me porte dans les entrailles, story of my life. Rappeur depuis l’âge de 15 ans, il s’est expérimenté dans diverses formations de drum’n’bass avant de faire ses preuves en solo dès 2011. Après 2 EP essentiellement sortis en Grande-Bretagne, son premier album Human est annoncé en février 2017. J’ai adoré ce son organique à souhait et cette voix entre les graves plus travaillés et aigus les plus spontanés, comme un cri.
*
Le commentaire d’actualité : Green Day, American Idiot (2004)
En même temps, vu comment se sont passées les primaires de la droite et du centre, j’aurais mieux faire de m’abstenir de commenter ainsi l’élection à la tête des Etats-Unis d’un type qui n’aime pas les pauvres, les Noirs, les femmes et les Mexicains.
*
L’ultime retour vers le passé : E-Type, Set The World On Fire (1994)
J’aurais beau faire toutes les psychanalyses du monde et vouloir me détacher de mon moi d’entre 10 et 17 ans, j’aurais beau me brouiller avec ma sœur, jamais je n’en aurai fini avec ce que nous avons vécu musicalement dans notre adolescence. Ca m’a nourrie, ça m’a construite et ça continuera longtemps à me faire avancer. En ce qui concerne E-Type, comme pour toute chose – et il y en a eu, des choses – pour laquelle ma sœur s’est enthousiasmée, j’ai écouté ça en boucle pendant des mois et je semblais ne jamais en être repue. L’adolescence, quoi.
*
A bientôt pour de nouvelles aventures musicales.