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Dans cette agglomération d'environ 230.000 habitants, capitale de la région Vakinankaratra, une des 22 de Madagascar, quelques bâtiments ont conservé le charme discret d'une époque révolue et méritent qu'on s'y attarde un peu. On peut alors penser à la fondation de cette ville en 1872, par le pasteur norvégien Rosaas et son compatriote Borgen. Torkild Guttormsen Rosaas était arrivé dans l'île en 1869 et avait été le premier à soigner les lépreux à Madagascar.
Le fleuron en est certainement l’Hôtel des Thermes, anciennement Hôtel Terminus. Les travaux ont commencé en 1897, année où Ranavalona III, la dernière reine, est exilée à La Réunion puis en Algérie. Il a été inauguré en 1917, ouvert en 1922 et entièrement rénové vers 1970. Au centre d'un parc de 4 ha et agrémenté d'une piscine, l'établissement, 26 chambres et 4 suites, dispose aussi d'un mini golf, d'un terrain de tennis, d'une salle fitness et massage. En août 1953, le sultan du Maroc Mohamed V était déposé par le gouvernement français. Après un séjour en Corse, il atterrit à l’aéroport de Tananarive le 28 janvier 1954 et réside avec sa suite dont le futur roi Hassan II, à l’hôtel des Thermes jusqu'au 30 octobre 1955.
Dans le cadre du XVIe Sommet de la Francophonie, le roi Mohammed VI était à Madagascar. Accompagné du président de la République Hery Rajaonarimampianina, de nombreuses autres personnalités et de notables locaux, au milieu d'une population en liesse, il s'est rendu à l'hôtel des Thermes où avaient séjourné son père et son grand-père. A cette occasion une exposition de photos rappelant ce séjour avait été organisée dans les couloirs de l'hôtel. Auparavant le roi avait posé officiellement la première pierre du plus grand hôpital pédiatrique de l’Océan Indien et lancé les travaux d’un Centre de formation professionnelle en agriculture et au tourisme devant accueillir un millier de jeunes.
En contrebas de l'hôtel des Thermes se trouve le Centre thermal, officiellement Centre national de crénothérapie et de thermo-climatisme d'Antsirabé. La crénothérapie étant l'utilisation thérapeutique des eaux thermales. On doit au pasteur Torkild Guttormsen Rosaas d'avoir fait connaître les sources thermales de la ville à partir de 1878. Il envoya des échantillons à l'Université d'Oslo; l'analyse fit apparaître qu'ils étaient très proches des eaux d'une très célèbre source de Vichy. Elles furent déclarées favorables au traitement des rhumatismes et des cures furent immédiatement prescrites. Au point qu'en 1924, le Dr Monnier qui s'était lui aussi penché sur l’étude de ces eaux, déclare la région d’Antsirabe "un sanatorium de premier plan". C'est le début de la célébrité, la station attire une importante clientèle composée notamment de colons venus des îles de l'Océan indien, des colonies portugaises ou d'Afrique du Sud. Et aujourd'hui, même si la station est moins fréquentée qu'autrefois, le centre thermal a toujours beaucoup de succès. L'eau minérale naturelle gazeuse Visy Gasy est commercialisée et très appréciée. Le bicarbonate qu'elle contient lui confère de nombreuses vertus.
Un autre établissement mérite un long détour. La maison de retraite dite aussi actuellement Résidence sociale des Hauts plateaux est l'ancienne Maison du Colon. Les religieuses franciscaines missionnaires de Marie contribuèrent à sa création. Elle fut inaugurée en août 1934 en présence du Gouverneur général Léon Henri Charles Cayla et pouvait recevoir une centaine de pensionnaires, surtout des colons souhaitant se refaire une santé dans cette ville au climat revigorant. Elle se transforma peu à peu en maison de retraite. Ce qu'elle est encore même s'il y a très peu de pensionnaires. Au milieu d'un vaste parc, sa cinquantaine de chambres et suites peut accueillir jusqu'à 80 personnes. Elles sont agréablement décorées et mettent en valeur le talent des brodeuses locales. En 1952, la Maison du Colon est agrandie, toujours avec les mêmes briques et tuiles, dans ce style qu'on retrouvera souvent à Antsirabé.
L'établissement propose aussi des salles communes où il fait bon s'attarder. Une aile de l'immense bâtiment abrite le consulat honoraire de France et un internat où logent une quinzaine d'élèves éloignés de leurs familles. Un petit musée a été créé en 2004 et inauguré en 2006 par Alain Leroy ambassadeur de France à Madagascar. On y a réuni du mobilier, différents objets, des documents, des photos qui rappellent l’histoire de l’époque coloniale, particulièrement les années 30. Une exposition intitulée "Des messages royaux aux téléphones portables" évoque l'évolution des moyens de communication à Madagascar. A noter que cette maison sympathique peut se muer en hôtel et offrir au touriste l'amabilité de son personnel, l'agrément de ses chambres et un petit déjeuner familial.
Les travaux de la voie ferrée Tananarive-Antsirabé avaient commencé en 1912 et la gare, face à l'hôtel des Thermes, fut inaugurée en 1923. On vit le premier train en gare d’Antsirabe le 15 octobre de cette année-là. Bel édifice typique de ce qui est appelé architecture coloniale, celle des années trente, avec arcatures, et fenêtre géminées. Sa tour centrale et la vieille horloge qui l'orne nous permet de rêver. Actuellement, il n'y a plus de trains de voyageurs, uniquement quelques trains de marchandises.
La ville d’Antsirabé est connue comme la "capitale des pousse-pousse". Rien d'étonnant quand on voit le foisonnement de ces moyens de locomotion, les uns à traction humaine, les autres tirés par une bicyclette. Dans un ballet perpétuel, Ils transportent des personnes aussi bien que des marchandises. On en compterait plus de 3.000, d'autres disent 5.000. Ils ont été introduits dans la grande île, au début du vingtième siècle, par les Chinois venus construire les lignes de chemin de fer.
Il ne faut pas croire que la ville se soit endormie. Bien au contraire, c'est actuellement avec Antananaarivo, le plus grand centre industriel de Madagascar. Citons entre autres la "Cotona" appelée aussi La Cotonnière d'Antsirabé, le groupe Star qui fabrique des boissons et aussi la célèbre bière THB, three horses beer, plusieurs fois médaillée dans les salons internationaux.