Je risque même de te déplaire en rajoutant que tu fais un peu exprès de te laisser faire...
Tu fermes les yeux parce que tu y trouves ton compte. Donc, si je te dis qu'il te manipule, tu seras plus inspirée de me rétorquer : "je le sais" pour me rassurer sur ton état d'âme ou sur ton niveau de conscience.
Je me dirais : il a la main sur elle mais c'est comme ça qu'elle prend son pied... en subissant, en pâtissant... et je ne peux que compatir. Car les victimes consentantes ne sont pas victimes... ce sont elles qui choisissent leur abîme ou celui qui les abîme.
- Si je te dis qu'il te manipule, je ne dis pas qu'il y a un vers dans le fruit.
J'aurais mauvaise grâce de le dire après avoir tout fait pour l'y introduire.
Autrement dit : je te manipule à mon tour, et je prends sur toi la main en te disant que machin l'a sur toi, que tu ne l'as pas, et patati et patata... Ton être s'est fait avoir!
Si j'étais toi, je me sentirais doublement offensée, et par lui comme manipulateur et par moi comme révélateur.
- Si je te dis qu'il te manipule, je ne dis rien sur toi, rien sur lui mais tout sur le rapport qui vous unit : un rapport de force. Rien d'étonnant : il a un ascendant sur toi. Parce qu'il est plus fort, parce que tu es plus faible. Tu n'es pas pour autant abusée, il est tout simplement plus malin, plus rusé...
Dans la vie, c'est comme ça, tu sers ou tu te fais servir... parfois même tu te fais asservir... c'est dans la chair de notre désir : La force et le rapport de force.
Il n'y a que des manipulateurs et des manipulés. Ce qui change, ce n'est pas le regret mais le degré. L'intensité de la manipulation, qui peut aller jusqu'à faire couler le sang... lorsque la force s'empare d'un désir, même le plus bancal devient radical et ça fait mal.
- Si je te dis qu'il te manipule, ce n'est pas lui, ni toi que j'incrimine... c'est l'évidence que je récrimine: Nous sommes tous plus ou moins sous-influence.
Tous, dupes de quelque manip.
Même ceux qui raisonnent bien, s'illusionnent en croyant se débarrasser de leurs propres illusions.
Le principe d'incertitude qui régit l'univers explique nos revers et justifie notre servitude. Je ne dis pas : notre maitrise, mais notre servitude... volontaire.
Autrement dit, ce sont les manipulés qui font exister les manipulateurs.
La moindre affection est une invitation, un appel à la manipulation... ça fait du bien quand ça fait mal. La converse aussi : ça fait du mal quand ça fait du bien !
Conclusion
Si je te dis qu'il te manipule... C'est comique, parce que tout le monde manipule tout le monde. C'est dramatique, parce que c'est comme ça que ça commence... Mais ce n'est pas tragique parce que maintenant tu en as conscience.
Maintenant que tu le sais, c'est à toi de manipuler celui qui te manipule. À malin, malin et demi. Un homme averti en vaut deux.
Retiens le bien pour ta gouverne : c'est aux manipulés de manipuler leur manipulateur.
C'est le fameux retour du bâton qui rétablit la Justice.