Samedi 14 novembre de Vincent Villeminot 4/5 (23-11-2016)
Samedi 14 novembre (216 pages) est disponible depuis le 2 Novembre 2016 dans la collection Exprim' des Editions Sarbacane.
L’histoire (éditeur) :
Vendredi, 13 novembre 2015. B. était à la terrasse d'un café, quand les terroristes ont tiré. Son frère est mort, lui s'en sort indemne.
Il quitte l'hôpital au matin, monte dans le métro. Son regard croise celui d'un passager.
Il reconnaît le visage de l'un des tueurs et décide de le suivre.
Mon avis :
B., ans dans 3 jours, fait partie des victimes du 13 novembre 2015, lorsque les terroristes ont tiré dans la foule à la terrasse du C., café parisien. Il n’est pas grièvement touché mais son frère oui. Pierre est mort, 3 balles dans le corps.
L’un fêtait ses 20 ans un peu en avance et l‘autre son départ pour 3 mois à Londres.
B. est vivant et hagard. Il choisit de quitter l’hôpital où il recevait des soins et prend le métro. Ne trouvant pas la force de rentrer chez lui, chez eux, il décide de revenir sur ses pas et c’est au moment de quitter la rame de métro qu’il le voit. Lui, celui qui ressemble à Frank Nitti des Intouchables de Palma, celui qui a croisé son regard la veille assis à l’arrière de LA voiture, celle de ceux qui ont abattu son grand frère. Alors il va le suivre…
Derrière cette écriture à la troisième personne, se cache une force incroyable. De celle que le JE à l’habitude d’imposer.
L’écriture de Vincent Villeminot est ici rythmée, saccadée comme les battements du cœur, violente et dure. Elle vous attrape et vous plonge avec un grande rapidité dans les émotions que ressent B.. Choc, égarement, tristesse, colère, rancœur…tout est palpable, tout est saisissant et rend les premières pages (au-delà des faits) déjà très fortes.
« B. marchait comme un somnambule. Il se sentait funambule, plutôt : en équilibre fragile au-dessus d’une douleur sans fond. Il avait le bras gauche ankylosé et était à deux doigts de perdre la raison. » Page 25
Et l’intrigue évolue très vite, les sentiments de B. aussi. Dans ce qui devient un huis clos, la tension, la haine et le malaise de la situation anxiogène cohabitent avec les souvenirs tendres et fiers de Pierre. Il faudra à B énoncer son nom pour prendre conscience de sa perte d’humanité et tenter enfin de la récupérer. Rien n’est simple et c’est à travers cette mise en situation (pas si improbable mais tellement impensable) que Vincent Villeminot ose la réflexion et pousse le lecteur à s’interroger sur l’Après, sur l’espoir qu’il peut susciter.
J’ai trouvé ce texte pertinent. L’auteur ne construit rien de manichéen mais choisi, par l’intermédiaire de la sœur, de tempérer. Avec elle il fait un NOUS qui donne une ouverture d’esprit indispensable pour avancer.
« Si je ne te pardonne pas, comment on continue ? » Page 156.
La fin est belle et m’a plu, même su je pense qu’elle s’éloigne trop de la réalité. Mais le message d’espoir fait du bien et n’est pas de trop !