Une femme dissemblable de tous les hommes : elle en choisit un au hasard et déclare qu'elle n'en veut pas d'autre. Car elle s'est persuadée avec le temps que c'est toujours trop tard, qu'il n'y a pas d'art de vivre sans volonté d'éternité.
Une femme qui refuse obstinément de choisir entre les deux termes de la plus courante alternative : Putain ou pantin. Elle préfère encore se démettre que s'y soumettre. Et elle a fini par assimiler son refus à un destin : le sien.
Une femme qui renonce au sommet et qui dénonce la base. Et pour être toujours en phase avec elle-même, elle fait table rase de tous ses ressentiments, de sa mauvaise conscience et de ses pires souvenirs. Elle a estimé que le sommet est une affection qui procède d'une infection à la base. Et pour elle, ce ne sera ni l'un, ni l'autre.
Une femme qui se bat politiquement sans être dupe de la politique, qui lorsqu'elle n'est pas cynique, devient despotique.
Elle ne croit pas à la République, ni à un état providentiel... elle ne voit que des monstres froids. Elle ne se donne qu'un choix : l'exil ou le Royaume.
Une femme qui choisit d'être, non ce qu'elle est mais ce qu'elle fait. Ce qu'elle fait de ce qu'on a fait d'elle. D'où son intransigeance : elle ne transige pas pour donner du poids à son existence. Elle ne cède pas, pour retirer du poids à son essence. De sens, il n'y en a pas, elle se l'invente pas à pas.
Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? se demandait le Christ sur la croix. C'est ce qui est écrit pour décrire sa passion ultime. Je n'en crois pas un traître mot et si c'était le cas, qu'il y eut vraiment abandon, délaissement ou déréliction, ce n'est pas Dieu l'auteur de cette affliction, mais l'homme qui finit par abandonner l'idée de Dieu... une idée ça n'abandonne jamais : c'est cette idée qui germe dans la tête d'une femme qui a choisi d'être... absolue ou absolument résolue.
Je veux bien partager avec vous, mes jours, mes nuits... mes maux, mes biens... ma rhétorique ou ma musique... ma douleur ou mes bonnes heures... mes savoirs et mes devoirs... mais, ô grand jamais mon pouvoir.
Je ne le partagerais pas sous peine de ne plus l'avoir sur moi.
J'ai choisi d'être... mon propre pouvoir être.