"Il ne s'agit pas seulement de trouver des créneaux pour investir et gagner de l'argent en Afrique. Il s'agit de trouver un moyen pour prêter aux pays africains et les aider à faire un saut vers la modernité parce qu'il y va de l'intérêt de tous, y compris des pays riches", a souligné M. Boutarfa lors de la séance plénière consacrée à l'énergie tenue dans le cadre du Forum africain d'investissements et des affaires.
Relevant la difficulté de mobiliser les financements nécessaires notamment pour les projets de raccordement des populations africaines en énergie électrique, le ministre a appelé les institutions financières régionales et internationales ainsi que les banques privées à s'impliquer davantage dans cet effort de financement.
Il a également préconisé que les Etats africains puissent apporter une solution à cette problématique à travers des montages financiers publics communs, particulièrement pour la réalisation de projets d'interconnexions intra africaines en électricité.
Il a relevé, en outre, l'important potentiel que renferme l'Afrique en matière d'énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectrique, thermodynamique...), affirmant que ces dernières contribueront à satisfaire les besoins énergétiques de la population du continent estimée à 1,2 milliard d'habitants.
De son côté, le vice-président de la Banque africaine de développement (BAD), Amadou Hott, a observé qu'il était difficile de financer les projets d'interconnexions d'électricité en Afrique par les banques privées en raison de la très faible rentabilité de ces projets.
Pour sa part, le président de l'association Energie pour l'Afrique et ex. ministre français, Jean-Louis Borloo, a souligné que l'amélioration de l'accès des populations africaines à l'énergie constituait un vecteur de stabilité et de prospérité économique et social pour le continent.
Il a alors appelé les Européens à contribuer à hauteur de 3,5 milliards d'euros/an dans le financement des projets énergétiques au profit des pays africains les plus pauvres.
Investissements: une action commune pour mobiliser les financementsDans la plénière du forum consacrée au financement des investissements en Afrique, la majorité des opérateurs africains a évoqué les difficultés d'accès aux financements bancaires, l'Afrique étant une région à risque bancaire assez important.
Le P-dg de la Banque arabe pour le développement en Afrique (BADEA), Sidi Ould Tah, a estimé que les banques régionales de développement peuvent jouer un rôle catalyseur en matière de financement en Afrique, tout en relevant que l'institution financière qu'il dirige trouve des difficultés à trouver des projets bancables à financer.
C'est pour cette raison que la BADEA, qui s'est déjà orientée vers le financement d'autres banques régionales africaines, passera dès 2017 à une action soutenue qui vise le financement des banques commerciales africaines en leur accordant des crédits pour améliorer leur capacité à financer l'investissement.
Il a annoncé, dans le même sillage, que la BADEA allait lancer incessamment un nouveau produit financier dédié notamment aux exportateurs africains qui consiste à doter ces derniers de crédits destinés à l'achat des produits originaires de pays arabes.
M. Ould Tah a également appelé à la création d'une bourse africaine régionale qui réunira les 25 bourses existant en Afrique et dont chacune souffre actuellement d'une faible capitalisation.
De son côté, le vice-président de la Banque Mondiale, Jan Walliser, a mis en exergue le rôle des financements privés en Afrique car, selon lui, les financements publics restent assez limités, d'où l'utilité pour les pays africains de combiner des financements publics-privés.
ASP