Et oui, chers amis, au moins, le temps d'un diner, j'ai vu la lumière ! j'ai reçu l'absolu-dégusta-tion. Pour la première fois, j'ai cru en Dieu. Sur le Mont-Thelie, Dionyssos nous a donné son meilleur, de quoi presque croire à son existence...
Tellement scotché de ce que les vins ont donné que j'ai abandonné mes notes... Incroyable, rien à discuter... aucun ou tu te dis : "bon, il est pas au top mais dans quelques années". Non. Surtout les rouges, qu'ils soient jeunes 2008 ou très vieux 1937, ils nous ont présenté une série absolue, comme si chaque cru voulait montrer qu'il était meilleur que le précédent... Jamais vu ça en plus de 10 ans de dégustation. Allez quelques souvenirs car les vins le méritent :
Dans cette série de blanc, un vin exceptionnel, ce Clos Rougeard Breze 2000 va donné le ton de la soirée, évolué, complexe, fin, frais, puissant mais délicat, taffetas en bouche, superbe vin 95 (18). Le Pouilly de Guffens sera un peu marqué d'une oxydation au fruit exotique pas d'une grande élégance. La Romanée et les Pucelles se gouttèrent très bien, 93 (17) pour ces 2 vins. Puis on attaque les rouges.
D'abord ce Léoville Las Cases 88, typé rive gauche, d'une classe folle, frais certes, mais bien enrobé, au fruit mûr, avec une longue persistance élégante de cassis, d'épice, sur un fond fumé tabac grande classe. Excellent + 95 (18). Le Lagrange 96 derrière ne déméritera pas, loin s'en faut, tonique, expressif avec son poivron rouge grillé, sa belle matière soyeuse, et sa finale longue très élégante, un beau vin 94 (17,5) sur cette bouteille aux meilleurs des Lagrange 96 bus. Le Haut Bailly 70 nous ramène dans les vins ayant harmonieusement évolué, personne ne trouve le millésime mais Alex en grande forme ce soir, est sûr qu'il s'agit d'un Pessac. Bravo, très bien vu et très beau vin que ce Hautr Bailly 70 Excellent 94 (17,5). Puis arrive, l'introuvable, l'insondable même. Seul Patrick, annonce Saint Estephe depuis 10 mn, là ou tout le monde cherche le millésime... 64, 66, 59, 45... Et non, ce Cos D'estournel 1937, premier vin pour moi avant guerre, ne fait pas son âge du tout !!! (Un faux ?) c'est tellement incroyable de cassis mûr, de champignons, cèpes confits, aux notes moka, cuir, tanins encore présents moelleux, une structure bien droite qui tient l'ensemble et prolonge la finale dans une persistance d'un autre monde, celui d'avant guerre... Incroyable. Exceptionnel 97 (19) si cela a encore un sens de noter.
Hasard des soirées magiques, le suivant, dans la même veine, est encore superbe. Gourmand puis droit, tendue, profond, superbement enrobé de tanins moelleux, et une finale droite précise et longue aux aromes très proches du précédent. Un poil moins abouti, précis mais superbe vin que ce Cos d'Estournel 1970 94 (17,5).
Comme d'hab, on a imposé aux convives notre ordre fétiche : Bordeaux, Bourgogne, Rhone. Une fois de plus, on ne peut que constater que cela fonctionne à merveille car le Chambolle Combe D'Orveaux de Clavelier 2002 va se révéler superbe, apportant un changement d'univers gustatif jouissif ! La groseille, la framboise remplaçant le cassis, les épice se font plus girofle, la bouche tendue est enrobée de tanins soyeux, c'est expressif, plus festif moins austère, avec une longue finale, d'une grande élégance, de framboise, de pivoine, de girofle sur un fond fumé classe. Très veau vin. Excellent 93 (17). Le suivant s'avèrera un peu moins élégant, plus marqué de son age, avec un côté un peu plus "végétal" mais les tanins sont très beaux sur ce Clos de Beze de Bart 1990. Excellent 91 (16,5). Ensuite arrive une série GrosFier-té, de la bourgogne avec pour commencer ce Bonnes Marres 2002, donc de Groffier, magistrale. Aromatiquement complexe, bouche superlative de tanins soyeux, sapide, classe, puissant et délicat, et une finale à la persistance d'école. Très grand vin 96 (18,5).
Le suivant illustre bien l'effet millésime, grand aussi, mais sa fraicheur plus imposante le rend un peu plus acidulé, plus profond du coup, mais un peu moins harmonieux, par contre, quelle délicatesse, le terroir parle, moins puissant, il est plus précis, concis et offre toute la palette des grands bourgogne. Framboise, groseille, note floral, puis épice girofle et longue persistance fumé et épicé. Exceptionnel aussi 95 (18) que cette Amoureuse Groffier 2008.
Enfin, on change à nouveau de registre avec pour commercer cette Mouline 2006 époustouflante (en ce qui me concerne) que personne n'a identifié hésitant même sur Guigal tant le boisé est délicat, en léger fond, mais une bouche superlative de tanins moelleux, taffetas, concentré pour autant mais d'une délicatesse et précision incroyable. Très grand vin aux notes de cassis, de poivre, de violette, de bacon grillé, complexe, évoluant en permanence et d'une persistance infinie. Exceptionnel 98 (19) pour moi et sans doute la meilleure Mouline de Guigal bue à ce jour. Personne n'identifiera également le Guigal suivant mais par contre l'Hermitage sera bien identifié, tant le vin à oppose sa droiture, sa puissance, sa profondeur, sa concentration tanique, à la largeur, l'amplitude, presque l'opulence délicate de la Mouline. Cet Hermitage ExVoto 2001 est aussi un vin a couper le souffle dans son style concentré, et profond; du grand art 95 (18) et peut être encore un énorme potentiel... Enfin nous finissons par la classe, l'élégance, peut être une synthèse des 2 précédents. Moins expressive certes, moins extrême sans aucun doute, mais une parfaite illustration de la classe discrète, large et ouverte, une pointe de profondeur et droiture, une expression aromatique parfaite. Encore une très belle bouteille que cette Landonne de Rostaing 2006, Excellent+ 94-95 (18) et bien meilleure que celle que j'ai déjà bue !
Je vous dis, une soirée magique, j'avais déjà gouté au moins 3 des vins servis, et bien ce soir là, ils étaient 3 crans au dessus de ce que j'avais déjà bu ! Incroyable... Un soir ou croire que Dieu existe et qu'il a béni nos 10 ans d'amitiés viniques ;-)
Amicalement, Matthieu