Une petite polémique enfle au sujet d'affichages dans les abribus, visant à inciter les rapports sexuels protégés. Les publicités s'orientent clairement sur le coup d'un soir et les rapports homosexuels. Cela réveille les ardeurs traditionalistes de tout poil.
Il est vrai qu'on vient tout juste de passer la loi sur le mariage de personnes de même sexe, les mentalités n'ont certainement pas eu le temps de s'adapter à des messages un peu directs sur des abribus aux abords des écoles.
Cela pose une question (qui n'a rien à voir avec la sexualité) : l'espace public peut-il servir à afficher n'importe quel message, pourvu qu'on donne de l'argent pour le diffuser ? C'est vrai, ça fait des années qu'on se farcit de la publicité pour l'alcool, parfois aussi le tabac (avant 1991, de façon déguisée), et aujourd'hui pour la junk food, responsable de la déferlante d'obésité en France. En période électorale, on a même droit à la propagande des fascistes.
En fait, la publicité dans les rues à ceci de particulier, tout comme l'est le bruit, que sa nuisance dépasse de loin le problème posé par la place qu'elle occupe. Tout comme le bruit dérange très loin de la source, la publicité peut poser problème aussi loin qu'on peut la voir. J'en veux pour preuve qu'il est par exemple interdit de mettre une publicité à sa fenêtre, donc chez soi, à la vue de tous.
M'a-t-on demandé mon avis avant de polluer mon espace visuel ? Cet espace appartient à tous, et je trouve qu'il faudrait au minimum une résolution démocratique avant de savoir quels sont les messages qu'on y diffuse ! Car ils ne sont pas toujours anodins.
Alors voilà, j'ai une proposition qui mettra tout le monde d'accord. Tout comme j'en ai trouvé une pour éviter les attentats à la Kalachnikov, je vous propose d'interdire les espaces publicitaires en ville. On pourra tolérer les enseignes des commerçants, naturellement, qui ne sont que signalétiques, mais on n'aura plus le droit de polluer l'espace public avec des publicités. Grenoble le fait bien, pourquoi pas les autres villes ?
On ne se posera plus la question de savoir si on a le droit d'inciter à l'achat du Roundup, de médicaments, d'usines à particules, ou de drogue. On se posera la question du partage équitable de notre espace public.