Paris, Ile de France, France
Jeudi 10 novembre 2016, 21h.
Itamar Borochov: trompette, composition, direction
Shai Maestro: piano
Avri Borochov: contrebasse
Jay Sawyer : batterie
Aviv Bahar: oud, guitare électrique, kapuz (?)
Concert de sortie de l'album " ".
Un trompettiste qui joue, bien coiffé, rasé de près, en costume cravate, je croyais que cela ne se faisait plus depuis 1967 au moins. Itamar Borochov le fait et avec des lunettes qui lui donnent un air d'expert-comptable.
Je reconnais tout de suite " Shimshon " un air entraînant, orientalisant de l' album. Itamar Borochov vient de Jaffa, ville connue pour ses agrumes, mais aussi pour la cohabitation pacifique entre Juifs et Arabes. Malgré son nom russe, cet homme connaît la musique proche orientale intimement. Ca swingue souplement. La trompette est lyrique. Ce son agrandit notre espace de vie, il aère. C'est le propre des instruments à vent mais Itamar Borochov le fait mieux que bien. Il monte et descend sur ses jambes pour développer la colonne d'air. Dizzy Gillespie disait lui qu'il fallait fermer son Q pour sortir un gros son de trompette. Quelques joliesses superflues au piano.
Shai Maestro enchaîne sur un autre air de l'album dans le silence d'une salle recueillie. Duo piano&trompette. Ils se répondent et se confondent. Du grand Art. Batteur et bassiste tiennent le rythme, le pianiste joue une boucle rythmique et la trompette brille de plus en plus clair et de plus en plus haut. Fin nette à la trompette.
Un air bien swinguant, tiré de l'album. Ca sonne, sapristi! Timbre clair et rythmique soudée. La contrebasse ajoute de la tension.
Arrivée d'Aviv Bahar, venu exprès de Tel Aviv, qui se saisit d'un oud. Il chante en hébreu en duo avec le pianiste. Pour moi, l'hébreu, c'est du chinois. C'est une ballade. Jay Sawyer est aux balais. Itamar Borochov n'a pas mis de sourdine mais joue mezzo voce. L'oud, c'est de la mélopée orientale, un style que je laisse à ceux qui aiment. Je retrouve mes repères jazz avec le quartet. Joli duo de cordes entre oud et contrebasse. Le batteur a repris les baguettes. ca monte en puissance, devient rock mais avec l'oud, la mélopée orientale et un quartet de Jazz; Bref, un mélange original.
Aviv passe à la guitare électrique. La rythmique s'en va. Duo guitare&trompette pour " Ovadia ", morceau de l'album précédent. Une ballade jouée assis face à face. Tranquille. Une conversation entre amis. Aviv alterne son de basse et son de guitare.
La rythmique revient. Aviv Bahar s'en va après une dernière accolade avec Itamar Borochov. Un morceau écrit pour son frère, contrebassiste de l'orchestre. " Avri's tune " tout simplement. Une ballade fraternelle. Batteur aux balais. Trop d'émotion pour que je puisse parler de ce morceau. Ceux qui me connaissent savent pourquoi.
Aviv Bahar revient. Itamar Borochov ne connaît que deux expressions en français, " Merci " et " Ca va bien ". D'où le titre " Ca va bien " qui figure sur l'album " Boomerang ". Aviv Bahar à l'oud. Batteur aux baguettes. Un :morceau pêchu auquel l'oud ajoute un feeling oriental. Ca sonne comme une fête populaire où tout le monde danse dans la rue, hommes, femmes, enfants et vieillards. Ils mettent du soleil et de la chaleur dans une soirée pluvieuse d'automne. Cela fait du bien.
RAPPEL
Aviv Bahar revient avec un kapuz (?), instrument jamais accordé selon lui. Une variante du luth. Très oriental en effet. Le groupe part sur une nouvelle musique de fête orientale. Batteur aux baguettes. Même sans trompette, ils font faire tomber les remparts de Jéricho s'ils continuent ainsi.
" Adon olam " (Maître de l'Univers en hébreu). Une mélodie traditionnelle juive algérienne; Batteur aux maillets. Joli dialogue de haut vol entre piano et batterie avec la contrebasse qui fait le liant de la sauce. Une belle envolée finale.