A l’occasion du festival de La Traverse de Cléon, ce soir nous rencontrons Stephane Avellaneda, le génial batteur qui accompagne Ana Popovic !
– Salut Stephane, on est à la Traverse de Cléon, et on te retrouve pendant la tournée Européene d’Ana Popovic, on a vus que tu tournais aussi avec Marco Balland et que tu étais sur plusieurs projets.
Yes, je joue aussi avec Marco Balland, j’ai d’autres projets et je fais des sessions de studio avec d’autres groupes. Mais le plus gros morceau pour moi c’est Ana Popovic depuis 2009.
– Les premières baguettes ? a 5 ans ?
2 ans !! J’ai commencé les cours à 5 ans, mais déjà premières baguettes et premier kit à 2 ans. J’ai essayé, puis j’ai fait tout ce que je pouvais pour en faire mon metier. C’est ma passion depuis que j’ai 2 ans, puis j’ai eu la chance de faire ça. Il y a beaucoup beaucoup de super musiciens, partout, il y a de superbes batteurs qui restent chez eux malheureusement, j’ai eu la chance de tirer mon épingle du jeu. Je ne me plains pas.
– En effet, tu ne te plains pas, et quand on voit le résultat lors des concerts, on se dit que heureusement que tu as su tirer ton épingle du jeu. Beaucoup de concerts en ce moment ?
Oh oui, on était dans les caraïbes là, on vient de rentrer en Europe. On a passé une semaine sur le Blues Cruise avec Taj Mahal, Buddy Guy etc… c’était juste génial. Puis l’Espagne, ce soir c’est notre seule date en France à Cléon pour cette tournée, puis demain on enchaine encore 14 dates, sans break, jusqu’à la fin d’année. D’ailleurs, hier soir j’ai posté sur les réseaux sociaux une map que j’entretiens au fil des concerts, et hier j’ai réalisé que j’ai fait 40 pays et presque 500 villes différentes en 7 ans-8 ans …. Là tu te dis, waoh, c’est quelque chose.
– Tu as une place importante dans la formation d’Ana ?
Oui, biensur. Elle me donne énormément de place, parfois je suis même obligé de lui dire « mais non, ne me donne pas de solos sur ce morceau, ça va t’inquiète pas pour moi ». Mais c’est génial, elle nous laisse vachement de place, elle nous laisse s’exprimer, du coup on peut partager des choses encore plus fortes forcément parce qu’on n’est pas brimer. Donc c’est super. Après forcément, pour qu’il y ai cette liberté-là, il faut que sa travail, il faut toujours être au top. Donc c’est gros gros gros boulot pour assurer toujours, et même faire mieux tous les jours. C’est un challenge, et c’est ça qui me tiens en haleine. Maintenant, j’ai dû faire presque 1000 show avec elle, et je pense que si il n’y avait pas cette énergie et cette envie de faire avancer et progresser les morceaux, je pense que je serai partis, depuis longtemps. Puis Ana, c’est pas le genre en fin de show à nous dire « ok, c’était juste bien, on continue comme ça demain ». Au contraire, elle a un vrai caractère avec plusieurs facettes, plutôt direct et avec un haut niveau d’exigence, ça nous donne la direction. Je pense qu’elle ne serait pas là où elle est, si elle n’était pas comme ça.
– tu viens de nous dire 40 pays, 500 villes et presque 1000 shows, le petit Stephane, quand il avait 2 ans, puis quand tu t’es lancé dans tout ça, tu t’imaginai déjà faire tout ça ?
Alors… oui et non. C’est marrant parce que j’ai toujours voulus faire ça. Dès la 3ème on m’a demandé de faire un choix. Est-ce que je voulais faire un Bac Technique, un Bac Générale… Je viens du sud de la France d’Aix en Provence, et il y a une option Musique disponible au Bac. J’ai dit « moi je veux faire option Musique et un Bac Générale », on m’a répondus qu’il fallait mettre une deuxième option, que c’était obligatoire. « J’ai dit, non non, moi c’est ça que je veux faire. Option musique, point c’est tout, ou j’arrête l’école ». Puis j’ai pu faire ça, et c’était génial. Je suis content de pas avoir faire d’autre choix.
– C'est assez inhabituel pour un musicien français de se retrouver sur la scène internationale, Comment tu t'es retrouvé à jouer avec Ana ?
En fait j’ai commencé avec un groupe de Blues qui s’appelle Mercy. On a fait beaucoup de festival en France, en Belgique, en Suisse. C’est eux qui m’ont amené sur cette scène que je ne connaissais pas. Et sur les routes. J’ai commencé à faire des vidéos, j’ai commencé à avoir de la vue sur internet. Puis le Manager d’Ana cherchait un batteur pour l’Europe. Il a entendus parler de moi, j’avais déjà Tama en Sponsor. Ils voulaient continuer à travailler avec le sponsor Tama, et ils se sont dit peut être que ça va marcher avec lui. J’ai été faire une audition à Amsterdam, tout s’est bien passé et on a parlé très franchement. C’était très clair, il fallait être capable de jouer tous les styles, jazz, funk, rock, parce qu’avec Ana il y a de tout. Ils m’ont dit qu’il y avait des choses à travailler et d’autres ou ça allais, tout a été très clair. Il y avait plein de super batteurs lors de cette audition, donc j’ai attendus. 2 semaines se sont passées et j’ai été contacté. 3 dates d’essais et si ça marche départ pour la tournée. 2 dates à Istanbul, 3ème date en première partie de B.B.KING à Helsinki, devant 10000 personnes. Puis 2 semaines après je partais pour la tournée européenne, 6 mois plus tard, ils m’ont demandé si j’étais prêt à rester et à faire …. Tout. Studio, tournée, Europe, monde, j’ai dit oui et j’ai embarqué pour l’aventure. Et depuis ça n’arrête pas.
– Qui sont les groupes que tu écoutes aujourd'hui ? Qui tu vois en haut de l'affiche dans quelques années ?
Aujourd’hui j’écoute pas mal de Funk comme Snarky Puppy, beaucoup de musiciens de la New Orleans comme Dumbsta Funk. Je suis Fan de Johnny Lang, de Freddy King pour le Blues. Je suis un grand fan de Police, et a côté de ça j’adore Steevie Wonder, c’est mon héros. En haut de l’affiche dans quelques années, Snarky Puppy parce qu’ils amènent tellement quelque chose de nouveau. Ils vont exploser, tout simplement.
– TOP 5 des plus grands Batteurs ?
Top 5 OK … je peux pas les mettre dans un ordre précis, mais voilà je te donne les 5 …
Steve Jordan pour ses grooves et sa production.
Stewart Copeland pour sa créativité. pffff y’en a tellement … c’est dur.
Dans les jeunes, Robert Steering, de Snarky Puppy d’ailleurs !
Art Blackey grand batteur de Jazz.
Herlin Riley qui est énorme, il accompagne Lucky Peterson. Et je pense que … il y en a forcément d’autres, mais voilà, c’est mon top.
– Aujourd'hui, tu as rencontré beaucoup de monde du Blues et du Rock. Vous avez ouvert pour les plus grands, BB KING, Buddy Guy, et vous avez rencontré presque tout le monde du Blues actuel, Tedeschi Trucks Band, Govt Mule etc… Quels sont les conseils les plus importants que t'ont passé ces musiciens, et toi, si tu avais un conseil à donner aux musiciens débutant se serai quoi ?
Je dirai il faut être humble et à l’écoute des autres. Et pas seulement des anciens, il faut être à l’écoute aussi des plus jeunes. J’ai une anecdote qui m’a marquée, j’ai un ami, vraiment un super pote très proche. Qui était le batteur de Dereck Trucks, avant que Dereck arrête et démarre le Tedeschi Trucks Band. Il s’appelle Yoriko Scott, c’est quelqu’un que je vénère depuis que je suis tout petit. Et maintenant il est vraiment devenu un pote. C’est d’ailleurs vraiment incroyable pour moi, de me dire, c’est quelqu’un que je peux appeler avec qui je suis proche. Bref, un jour il est venu me voir. On faisait une série de festivals ensemble. Et il me dit, « j’ai bien réfléchis, je t’ai vus joué la dernière fois. J’ai vus que tu jouais des cymbales vachement grandes, avec beaucoup de chaleur et beaucoup d’harmoniques », on a échangé un peu sur l’expérience qui m’a amené à faire ce choix et pourquoi je me suis mis à bosser là-dessus. Et là il me sort : « ben tu sais quoi, ça m’a fait changer mon set. J’ai fait le même choix que toi maintenant. ». Je ne sais pas, j’ai dû faire une tronche incroyable, j’ai dû bugger pendant quelques secondes. C’était assez énorme quand même, un mec qui a été mon idole quand j’étais plus jeune, qui a gagner je ne sais combien de Grammy avec Dereck. Qui, en écoutant mon jeu, à changer son set de cymbales. J’ai trouvé ça complétement magique, et preuve d’une grande ouverture, et d’une super humilité pour un des plus grands. Y’a pas de « moi j’ai gagné 3 Grammys, toi t’es un pti jeune français alors écoute », non y’a pas de ça du tout. Simplement, si on n’est pas à l’écoute ce n’est pas la peine. Voilà, si je devais donner un conseil, un seul. A mon petit niveau, celui que je peux donner c’est ça : être à l’écoute, de tout ce qui se passe, et dans tous les domaines. Ecouter les plus jeunes, les plus vieux, et se remettre en question, toujours. C’est ça le plus important.
Merci Stephane, on te remercie pour ce très bon moment partagé ensemble. On va te laisser aller manger tranquillement, avant de nous faire un show qui va tout dépoter avec Ana.