J.J. Abrams s’était lancé le défi de rallumer les étoiles de Star Trek par la réalisation en 2009. Peut-être pour dédire un profil prédominant de producteur avant celui de réalisateur (Mission Impossible 3, Mission Impossible : Protocole fantôme, Mission Impossible : Rogue Mission Cloverfield …), filmer une suite, Star Trek Into Darkness (2013), ressemblait avant tout à un contrat de confiance vis-à-vis de Hollywood. La créativité, mais surtout la nostalgie, paie : pour 185 millions d’euros investis, Star Trek Into Darkness a permis de quasi tripler la mise (Soit 465 millions d’euros de recettes). On ne peut difficilement présenter Star Trek Sans limites autrement, comme un troisième projet porté par une marque de confiance (J.J. Abrams reste producteur) pour un cinéaste envieux de planter son drapeau dans l’histoire d’une marque. Star Trek : Sans limites signé par Justin Lin (Producteur-réalisateur de Fast & Furious 4, 5 et 6) laissait l’espoir niché entre les comètes, les débris de satellites et autres déchets. Il y avait de l’espérance, aussi mince soit-elle.
Un artefact extraterrestre ancestral récupéré par le capitaine James T. Kirk (Interprété par Chris Pine) et son équipage attirera la convoitise d’un extraterrestre dénommé Krall. L’USS Enterprise attaqué, tous les membres se retrouveront éparpillés sur une planète sous le joug du mystérieux belligérant.
En proie à l’ennui
A-t-on déjà vu une exploration spatiale résumée à une vision cotonneuse désabusée ? Ainsi débute Star Trek : Sans limites sans pouvoir se défaire de premiers commentaires off. Depuis plus de 960 jours, le commandant Kirk sillonne la Galaxie avec la nette sensation d’être un grain de poussière excessivement humain pour mener une vie si éloignée de ses attaches natales. Un état d’âme héroïco-métaphysique balayé par le devoir, parfois contrebalancé par l’humour de Scotty (Joué par Simon Pegg, co-scénariste de Star Trek : Beyond), lentement dénoué à la découverte des desseins de Krall. Entre le commencement et la finalité, une infinité de dialogues courts comblent le rôle d’une caméra elle aussi endormie, contente d’être accrochée à l’USS Enterprise comme une GO Pro ou de contourner fixement ses personnages.
Star Trek : Sans limites s’est doté des plus belles prouesses actuelles du cinéma en proposant une version optimale en IMAX 3D. L’erreur de Star Trek Beyond consiste principalement à banaliser visuellement un sujet exceptionnel. Pendant qu’une réalisation s’attarde longuement à filmer captain Kirk sur une motocross (Plusieurs minutes), tout le potentiel de science-fiction se meurt. Pour se démarquer, il fallait au moins une musique des Beastie Boys pour sortir les spectateurs de leur torpeur dans une scène pulsée parmi les plus mémorables du long-métrage.
Perte de vitesse
«Dans l’espace, personne ne vous entendra crier», s’est targué Alien I (Ridley Scott, 1979) «Sans rythme, n’importe qui ne sera captivé», s’est malgré tout risqué Star Trek : Sans limites. Hors des personnages de la bricoleuse-combattante Jaylah (Sofia Boutella) et Krall (Idris Elba), aucun suspens ou originalité ne viennent retenir l’attention voire distinguer une réalisation anniversaire en l’honneur des 50 années de la série télévisée. Le confort de la linéarité empêche toute surprise quitte à rappeler quelques séquences très similaires à Star Trek : Into Darkness dans la sauvegarde de l’organisme Starfleet. Une référence au passé tisse l’authenticité du film à l’univers Star Trek sans se risquer à forcer l’identité science-fiction. A cause d’un rythme lent, de personnalités rangées au premier abord entre Bien et Mal pour finalement révéler quelques nuances supplémentaires à la quasi toute fin du récit, le long-métrage agace à contrecœur avoué.
Déséquilibré, désintéressé à offrir des décors imaginaires dans un univers terriblement plus large qu’une planète et l’intérieur de l’USS Enterprise, Star Trek Beyond reprend la construction d’un épisode télévisé en un peu plus de 2 heures de temps. Peut-être par indulgence ou en étant suffisamment bon public, l’implication de Simon Pegg à l’écriture se ressent dans des dialogues au moins du niveau de jeux de mots sans subtilités. Le contexte ne s’y prête pas réellement, tant Star Trek : Sans limites joue sur des enjeux sérieux (Un vilain visiblement surpuissant capables d’une menace bactériologique) dans de séquences lourdes (Comique de répétition).
On a aimé :
+ Le personnage de Jaylah (Sofia Boutella) (Même s’il aurait mérité d’être plus développé).
+ Une scène cadencée sur une musique des Beastie Boys (Le résultat en IMAX 3D impressionnera les amateurs d’explosions hollywoodiennes).
+ Une diminution des lens flare (J.J. Abrams n’étant plus à la réalisation, ceci explique cela).
On a détesté :
-Un rythme global assez lent (Problème dénoué aux ¾ du film).
-Des séquences inutilement longues (James T. Kirk sur une motocross pendant plusieurs minutes : pourquoi ?!)
-Une écriture lourde : même l’humour de Simon Pegg (Paul, Shaun of the Dead, Le dernier bar avant la fin du monde …) n’a pas toujours été suffisant pour relever le niveau.
-Visuellement loin d’être impressionnant y compris dans les meilleures conditions (IMAX 3D).