La fièvre est dans le regard de Clément Hervieu-Léger, qui a souhaité incarner ce formidable danseur et a demandé à Brigitte Lefèvre et Daniel San Pedro de le mettre en scène. Et la chute du créateur de l’Après-midi d’un Faune est répétitive. Comme l’est aussi sa quête : pas de question mais des affirmations dites et redites comme pour s’y accrocher. « Je suis Dieu », « Je ne suis pas Dieu », « Je suis amour »… Nijinski devant nous se relève, remonte et retombe. Celui qui voulait suspendre son saut, comme un bond en plein ciel, tente bien ici un envol mais chute encore et encore. À cause des autres, de sa femme, de Diaghilev, de son médecin. Le voilà prisonnier de lui-même. Ce que la voix de l’acteur tourne à en perdre la respiration. Parfois, une ombre, un double (Jean-Christophe Guerri) vient prendre soin de lui, l’aider à se remettre debout, à reprendre pied, quand il est au bord du déséquilibre. Pour nous donner ces sensations vertigineuses, le scénographe a imaginé un plateau blanc et fortement incliné. Comment l’homme peut-il atteindre Dieu, atteindre le ciel ? Et se trouver lui-même ?
J'ai vu ce spectacle au Théâtre national de Chaillot. Photo : François Rousseau