Après l’excellent American Sniper l’année dernière, Clint Eastwood décortique à nouveau l’héroïsme dans Sully, en s’intéressant cette fois à l’histoire d’un pilote exemplaire dont la vie a bien failli basculer en quelques dizaines de secondes. Et si le film est assurément moins percutant que le précédent, il demeure néanmoins passionnant à bien des égards.
A commencer par son personnage central, Sully, un homme ordinaire plongé au cœur d’une situation extraordinaire. Du pain bénit pour Tom Hanks tant le comédien a su prouver au cours de sa carrière son aisance à incarner monsieur Tout-le-Monde. D’une grande retenue, l’acteur américain suscite immédiatement l’empathie et laisse poindre une émotion subtile, mais terriblement puissante, lors des quelques séquences émouvantes qui jalonnent le long-métrage. Au travers de son parcours, le récit traite avec sobriété du paradoxe d’une société américaine capable dans le même temps de célébrer l’exploit de Sully et de remettre en cause son acte de bravoure. Face aux certitudes des simulations informatiques des assurances, Eastwood oppose l’imprévisibilité du facteur humain. Face aux motivations douteuses d’une poignée d’hommes encravatés, il met en exergue la solidarité de dizaines de New-Yorkais. Il en ressort un drame humble, poignant et profondément humain.
Malgré son écriture brillante, faisant notamment la part belle à une narration éclatée parfaitement maîtrisée, le film n’évite cependant pas quelques rares défauts. On regrettera ainsi le final un peu précipité qui laisse totalement en suspens le couple que forment Tom Hanks et Laura Linney, ou l’extrême sobriété du traitement qui semble parfois être un frein pour explorer en profondeur certaines thématiques. Des défauts mineurs au regard de la qualité de l’ensemble de l’œuvre. Effectivement, au-delà de son scénario captivant et de son superbe acteur star, auquel il faut d’ailleurs associé le très bon Aaron Eckhart, Sully s’affirme également par une dimension technique irréprochable. Non seulement la mise en scène de Clint Eastwood est toujours aussi élégante mais la photographie propose aussi quelques plans tout simplement somptueux. Enfin, mention spéciale au dénouement devant la commission d’enquête qui reste un des moments les plus emblématiques du long-métrage.En conclusion, malgré quelques défauts mineurs, Sully s’impose donc comme un drame brillant dont la sobriété n’a d’égal que l’élégance. Emmené par un Tom Hanks plus vrai que nature dans la peau du célèbre pilote, le film se savoure jusqu’à la dernière minute. Pas le meilleur Clint Eastwood mais un Clint Eastwood tout de même sacrément plaisant !