La Limo aux dix ans de la JAW Family : piqûre de rappel soulful

Publié le 01 décembre 2016 par Le Limonadier @LeLimonadier
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On l’attendait, elle est arrivée. Le Limo a pris une claque musicale dans la gueule, pour les 10 ans de la JAW Family à Berlin. On vous avait annoncé il y a deux semaines qu’on aurait l’honneur de couvrir cet event. Chose promise, chose due, on retourne (en musique siouplaît), sur cet anniversaire peu banal. Pour ceux qui auraient raté le train, la JAW Family, ce sont trois parisiens, qui, il y a une dizaine d’années, ont participé à démocratiser la house soulful en France. Ils ont ensuite poussé leur aventure jusqu’à Berlin, mais on parle de tout ça ici. –> http://limonadier.net/limo-a-jaw/

D’une entrée en matière avec un DJ Set de Carlos Niño à un atterrissage mouvementé avec Sadar Bahar, c’était un week-end haut en couleurs, à l’image de l’affiche de l’événement.

Une programmation rose et rouge, ça attire toujours un peu l’œil sur des murs gris et bétonnés. Et les couleurs correspondent bien à l’atmosphère dont le festival s’est progressivement teinté au fur-et-à-mesure du week-end. Un panel de couleurs pour une musique éclectique, avec les mêmes racines : Disco, jazz, blues, afro-beat, hip-hop, house, et même du skelele ! On en a eu pour nos oreilles. Retour sur notre aventure au Prince Charles, à Berlin.

Carlos Niño a donc ouvert le bal de Berlin, un amuse-gueule avant les merveilleux Idris Akamoor & The Pyramids, qui nous ont régalé d’un live de leur nouvel album sorti il y a quelques mois (We be all Africans). Malgré les rides qui marquent désormais leurs visages, ces vétérans de l’afro-beat continuent de distribuer des frissons, dans la lignée directe d’un Fela Kuti, dont ils honorent l’héritage musical.

Les derniers seront les premiers

Au niveau de la configuration de la boîte, la Family a fait dans l’originalité. Un côté scène live, un côté platines, séparés par la fosse : une bonne recette pour les retardataires. Exemple : tu arrives pour la fin du live des Pyramids, et en guise de vue, tu dois donc te contenter du chapeau d’Idris Ackamor et de la volute de la contrebasse. Patiente un peu je te dis ! Le concert se termine, changement de côté, service pour Hunee ! Et bim, te voilà le menton vissé dans les platines d’un des DJ les plus en vogue du moment. Elle est pas belle la vie ? Surtout que l’originaire de la Ruhr a parfaitement su donner la température. La température d’une soirée qui allait clairement basculer dans un style disco, voire afro-beat. Il a même balancé du jazz, à l’image de cette perle de Shamek Farrah.

Et on peut dire qu’il avait la pression, parce que « niveau disco », les deux qui suivaient en ont sous la pédale. Red Greg est un DJ britannique, qui après avoir monté son club « Ebonite » à Londres, a notamment sorti beaucoup d’edits disco. Il s’est donc engouffré dans la même brèche musicale que Hunee, et nous a distillé un set funky à souhait. Même limonade (haha) pour son compatriote Sam Shepperd, aka Floating Points, qui a fait le closing de la soirée en nous assommant de disco-pépites qui prouvent (encore une fois) ses qualités de digger.

Le vendredi a donc inauguré la session berlinoise de la meilleure des manières, en posant les bases d’un week-end qui serait riche en expériences sonores.

Un week-end riche en expérience sonores

Le lendemain, Amila, du label Altered Soul Experiment, a débuté le deuxième round. Puis Carlos Niño est revenu, cette fois-ci avec ses musiciens. Il est de ces artistes qui sont aussi originaux que talentueux, à l’image de sa « penderie de percussions », qu’il marie magnifiquement aux envolées lyriques d’un violon beau et enivrant. Un petit aperçu ci-dessous.

Abdul Forsyth et Theo Parrish se sont ensuite relayés, plus d’une dizaine d’années après la soirée fameuse soirée au Plastic People, où a été prise la photo de l’affiche du festival. Le premier a montré tous ses talents de chineur, à l’image des petites bombes d’afrobeat ou de funk qu’il nous a envoyé en pâture. Quant au vétéran de la house soulful – Theo Parrish lui-même -, il nous a prouvé qu’il n’était pas en reste en terme de culture disco. Six heures durant, il a montré pourquoi il a fait rêver les trois membres fondateurs de la JAW Family à leurs débuts, en alternant house et funk de grande qualité. On a dansé, on a sué, on a (beaucoup) « shazamé », et on s’est surtout régalé. Merci Monsieur Parrish.

En général, le Dimanche matin sonne la fin du week-end en terme de sorties et le retour à la dure réalité du début de la semaine (cette règle n’est pas toujours vraie pour Berlin,  plusieurs clubs restant ouverts jusqu’au Lundi matin). Mais la JAW Family avait pensé à tout, la programmation du Dimanche soir évitant toute possibilité de déprime. Dès dix-sept heures, une petite remise en forme de la veille était prévue avec Gilles Peterson et Motor City Drum Ensemble, à base de DJ set jazzy. C’était aussi une façon de montrer les goûts éclectiques de Danilo Plessow (aka MCDE), qu’on voit plus souvent dans un contexte Disco, ou Deep House.

Une musique qui donne des frissons

Jameszoo et ses acolytes ont ensuite glissé un live impeccable, toujours dans un style jazz. C’était une parfaite transition pour lancer le DJ set de l’animateur de radio et propriétaire de labels, Gilles Petterson.  Un ordre de passage comme celui de Dimanche était en fait très logique. Notre dernier compère, passait avant les Yussef Kamaal. Un choix qui prend tout son sens quand on sait que c’est lui qui a lancé ses jeunes compatriotes sur son label londonien Brownswood Recordings. Le duo et leurs musiciens réussissent à mélanger Jazz et Funk, en affirmant les influences d’un Miles Davis ou d’un Herbie Hancock. Leur prestation fut pour moi la plus impressionnante du festival. Parce qu’en terme de terme de technique, Yussef Kamaal, c’est très solide. Les démonstrations de guitare ou de batterie donnent une allure de jazz fusion, à une musique qui donne des frissons.

Avec eux, avait-on atteint l’apogée du festival ? Probablement, mais cette apogée s’est stabilisée, car après eux, les trois derniers DJ ont su tenir en haleine tous les danseurs.

Pour le premier set après les londoniens, KC the Funkaholic, qui porte bien son nom, est rentré directement dans le vif du sujet en envoyant la sauce disco : une bonne recette pour avorter toute fatigue de fin de week-end. Après lui, MCDE est revenu pour un set comme il sait si bien les faire, dans un registre soul/disco, avec des nuances de House. Il a notamment passé des bijoux comme ça:

C’est Sadar Bahar, un vieux pote de Theo Parrish, qui avait pour mission de clôturer le festival. En apparence, ça peut paraître intimidant, mais pas pour notre ami de Chicago. Il en a vu d’autres, et balancer du groove, quand les platines constituent une extension de tes bras, on va dire que ça relève de la routine.

Au-delà de toute cette musique, les festivaliers avaient également droit à un stand de T-Shirts, un stand croque-monsieur, et enfin un vendeur de vinyles « seconde main ». Pour ma part j’ai rapporté de la JAW ce disque là, pour trois clopinettes :

Avec une programmation pareille, la JAW Family a pris peu de risques quant au succès de ses soirées. Tous les artistes ont bien entendu régalé, et l’ancien bassin municipal qu’est le Prince Charles, a parfaitement su accueillir un évènement de cette envergure.  Un programme éclectique peut parfois constituer un frein pour faire l’unanimité auprès du public. Mais le bon goût de la JAW a empêché ce problème. C’est donc pour nous un sans-faute. Un grand merci à la Family, qui – on l’espère -, nous surprendra encore plus la prochaine fois, à Paris ou à Berlin !

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Goutorbe Clément

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