Grenoble Ecole de Management(GEM) publie aujourd'hui les résultats de ses recherches sur les leviers psychologiques du gaspillage alimentaire. Un des objectifs est de contribuer à la prévention de certains comportements.
1/3 de toute la nourriture produite est encore gaspillée. Dans les pays occidentaux, pour quelles raisons les consommateurs jettent-ils autant d'aliments ? Comment modifier leur comportement ?
Les recherches de Mia BIRAU examinent divers phénomènes qui aident à expliquer le gaspillage afin qu'on puisse le réduire. En voici une petite sélection.
Les consommateurs veulent souvent se rassurer sur leur niveau de vie, et conforter leur image de bons parents prévoyants. Cela pourrait être une des raisons pour lesquelles ils achètent trop. On observe également que les consommateurs sous-estiment le remplissage de leur congélateur et de leurs placards et pensent être en mesure de consommer tous les produits achetés avant la date de péremption.
Au moment du repas, il y a un conflit entre les motivations qui sont à l'origine de l'achat et l'inconscient du consommateur. C'est le souci diététique qui pousse à acheter une salade, mais une fois à table, on se laisse tenter par une pizza. De la même façon, on achète un nouveau yaourt pour changer, mais on continue à consommer ses yaourts habituels : le nouveau yaourt est à peine goûté.
Les consommateurs apparaissent également confus par les dates de péremption qu'ils interprètent souvent comme une alerte immédiate sur la sécurité alimentaire du produit, alors que pour beaucoup de produits, ces dates sont seulement indicatives.
Enfin, la gestion des stocks est souvent problématique : les recherches montrent qu'on cuisine d'abord les derniers produits achetés. Les produits les plus anciens sont inutilisés, puis jetés. D'ailleurs, l'existence d'un compost risque de déculpabiliser en transformant quasiment en acte vertueux le fait de jeter.
Impact des campagnes publicitairesLes recherches de Mia BIRAU montrent aussi que le consommateur est disposé à faire plus d'efforts s'il a le sentiment que l'effort demandé est facile. Les campagnes de sensibilisation devraient donc intégrer la notion de facilité.
Oui aux produits mochesLes professionnels sélectionnent uniquement des fruits et des légumes aux dimensions parfaites, et jettent les autres. Pourtant, les résultats des recherches montrent que le consommateur est prêt à acheter des produits moches, car il a l'impression qu'ils sont naturels, locaux, sains, voire bio. Ces résultats montrent également que les consommateurs sont prêts à payer le même prix pour un produit déformé que pour un produit classique.