Prémices préprésidentielles 2017 (4) : Yannick Jadot désigné candidat EELV

Publié le 30 novembre 2016 par Sylvainrakotoarison

Petit tour des candidatures à la candidature au premier tour de l'élection présidentielle française du 23 avril 2017. Quatrième partie : les écologistes (suite et fin).

Les écologistes d'Europe Écologie Les Verts (EELV) ont désigné leur candidat à l'élection présidentielle de 2017 au cours d'une primaire ouverte. Le premier tour avait créé la surprise avec l'élimination, dès le premier tour, de la favorite, Cécile Dulot. Michèle Rivasi avait réussi à la doubler pour se retrouver au second tour face à Yannick Jadot. Cécile Duflot avait refusé de soutenir un candidat au second tour et la quatrième candidate, Karima Delli, avait apporté son soutien à Yannick Jadot.
Les élections sont utiles puisqu'elles aboutissent à des résultats différents des prédictions un peu tyranniques des sondages. Les élections américaines en ont apporté une preuve grandeur nature, ou plutôt, grandeur mondiale. Ici, pas de sondages car l'enjeu était visiblement trop faible et les financements inexistants, mais les supputations journalistiques avaient laissé entendre une victoire facile de Cécile Duflot.
Les écologistes sont en général un peu comme les sénateurs : ils préfèrent choisir celui qui est, parmi eux, le moins médiatique, celui qui fait le moins de vague, celui qui est le moins apte à rassembler les foules. C'est ainsi que Jean-Pierre Raffarin avait échoué pour le plateau au profit de Gérard Larcher, sénateur bonhomme fort sympathique mais qui n'a pas l'aura d'un ancien Premier Ministre. Et c'est ainsi que les écologistes avaient lâché Nicolas Hulot pour l'élection présidentielle de 2012 au profit d'une Eva Joly, candidate particulièrement médiocre. Avec cette loi, on aurait donc pu imaginer que Michèle Rivasi aurait finalement été désignée.
Eh bien, non ! Le second tour s'est achevé le 4 novembre 2016 et en raison du dépouillement (correspondance et Internet), son résultat n'a été annoncé que le 7 novembre 2016 : celui qui était en tête du premier tour a été élu. Yannicke Jadot, député européen, a recueilli 7 430 voix, soit 57,1% des suffrages exprimés sur une participation assez forte de 80,8% (au premier tour, elle n'était que de 73,4%). En d'autres termes, 13 940 personnes ont participé à ce second tour sur les 17 146 inscrits à cette primaire ouverte de EELV. Sur les 66 millions de Français, cette consultation reste donc assez confidentielle. En remportant cette primaire EELV, Yannick Jadot a recueilli nettement moins de voix que le dernier des candidats de la primaire LR le 20 novembre 2016 (à savoir, les 12 750 voix pour Jean-François Copé). Cela recadre sur l'importance de cet événement.

D'un naturel plutôt sympathique, Yannick Jadot (49 ans), venu à la politique assez tard (seulement en septembre 2008) dans le sillage de Daniel Cohn-Bendit, souffre d'un évident manque de notoriété. Son premier objectif est donc déjà d'exister médiatiquement pour se faire entendre.
Avant la campagne présidentielle proprement dite, deux choses vont occuper son esprit.
D'une part, la capacité à être réellement candidat, c'est-à-dire à recueillir les 500 parrainages des maires sur tout le territoire. L'échec des écologistes aux élections municipales de mars 2014 et leur éloignement du Parti socialiste rendent l'affaire assez délicate, surtout si le PS va recommander aux maires socialistes de ne pas parrainer un candidat autre que celui qui sortira de la primaire du PS en janvier 2017, afin de ne pas disperser les voix et d'éviter un nouveau 21 avril 2002.
D'autre part, le candidat désigné devra adopter une stratégie cohérente dans les relations entre EELV et le PS. En effet, sans PS, les écologistes seront laminés aux élections législatives de juin 2017. Sans doute que les écologistes "gouvernementaux", tels que Barbara Pompili ou François de Rugy, auront l'investiture du PS mais certainement pas Cécile Duflot dans la circonscription de laquelle le PS prépare un candidat PS.
Yannick Jadot était d'ailleurs plutôt favorable à une primaire réunissant toute la gauche, incluant ainsi EELV dans la gauche. Ses premières déclarations de candidat désigné restent néanmoins dans la ligne isolationniste voulue par Cécile Duflot.
Dans son premier discours du 7 novembre 2016, Yannick Jadot a brossé le portrait d'un pays en ruines : " La France est au bord de la rupture. L'accroissement des inégalités, l'explosion des discriminations, l'affaissement de la démocratie, le dérèglement climatique, l'extinction des espèces, l'épuisement des ressources, les maladies liées aux pollutions : tout cela affaiblit notre pays. (...) Faute d'horizon commun, la société explose dans un sauve-qui-peut-généralisé. ".
C'est étrange d'inclure des phénomènes qui sont plus planétaires que nationaux et en termes d'extinction des espèces, j'aurais envie de protéger également l'électeur écologiste de sa disparition totale dans le Titanic socialiste.
Car la cohérence politique n'est pas leur fort, aux écologistes. Ni la stratégie. La bonne stratégie. Ils sont restés deux ans au gouvernement, or, la politique économique de François Hollande ne s'est pas infléchie avec la nomination de Manuel Valls le 31 mars 2014, mais bien avant, dès septembre 2012 quand il a commencé à comprendre qu'on ne pouvait plus raser gratis. Il en est de même de la politique énergétique de la France.

Yannick Jadot n'a pas eu peur de l'utopie quand il a proclamé : " Osons réclamer le droit au bonheur ! ". Cela après avoir donné sa définition de la "société écologiste" : " L'écologie, c'est une société apaisée, fraternelle, ouverte sur sa diversité et sur le monde. Osons dire que nous voulons une société qui ne soit pas une compétition perpétuelle, pour avoir le droit de vivre dignement et de nous épanouir. " [étrange d'être contre la compétition et parallèlement de désigner le candidat par une primaire ouverte qui est le summum de la compétition].
Et pourtant, Yannick Jadot ne rejette pas la lucidité ni le réalisme quand il reconnaît qu'il ne sera pas élu en 2017 dans tous les cas, que sa candidature reste une candidature de témoignage et peut-être de pression pour celui qui gagnera en 2017.
Il reste relativement raisonnable quand il se fixe cet objectif : " Face aux artisans du renoncement, aux adeptes du "c'était mieux avant" et aux prêcheurs de haine, nous allons semer l'espoir d'une société de confiance. Je suis candidat pour que demain soit mieux qu'aujourd'hui, avec vous, et grâce à vous ! ".
Au moins, sa présence dans la compétition présidentielle de 2017 contribuera au renouvellement de l'offre politique, et cela dans un sens de plus grande authenticité et d'une plus grande fraîcheur, à défaut d'efficacité...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (30 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
La primaire EELV de 2016 (second tour).
La primaire EELV de 2016 (premier tour).
La primaire EELV de 2011.
Le retour des écolos au gouvernement.
Les écologistes et le TSCG.
Les écolo-pastèques.
Le cannabis chez les écologistes.
Cécile Duflot.
Jean-Vincent Placé.
Véronique Massonneau.
Nicolas Hulot.
Eva Joly.
Daniel Cohn-Bendit.
Corinne Lepage.
Stéphane Hessel.

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