J'ai souvent tiré à boulets rouges sur le patronat. Il est vrai que mes employeurs n'ont jamais vraiment été des anges avec les salariés, avec une fâcheuse tendance à les exploiter au maximum. Heures supplémentaires, stress de tous les instants, ambiance délétère, salaire très souvent discutable, et j'en passe. C'est particulièrement le cas dans les très grandes entreprises et les multinationales.
Chez les plus petits patrons on voit de tout, il y a des brebis galeuses mais aussi des chefs "à l'ancienne", protecteurs et paternalistes, qui pourraient bien souvent donner des cours de management aux jeunes loups de la nouvelle économie. La génération Internet a malheureusement trop vite oublié ce qui se faisait par le passé, les mauvaises, comme les bonnes choses. Un jour où l'autre il va falloir qu'on y revienne d'une manière ou d'une autre.
Si j'ai régulièrement décrié certaines pratiques du patronat sur ce blog, depuis quelques temps je prends aussi conscience que l'esprit indépendant des (futurs) rentiers n'est finalement pas si éloigné de celui de leurs "bourreaux". Ils partagent en effet les mêmes valeurs de responsabilité, d'autonomie et de quête d'une certaine forme de réussite. Leur personnalité est même similaire sur de très nombreux points. C'est pour cela d'ailleurs que parfois ils se haïssent. C'est un peu comme une relation entre deux personnes très proches, un couple, des frères ou sœurs, on s'aime et on se déteste à la fois. On voit son propre reflet dans les yeux de l'autre.
Donc, bien que par moments j'ai une grande aversion pour le patronat, d'un autre côté j'ai du respect par rapport à l'esprit d'entrepreneuriat de certains chefs de sociétés.
A contrario, il y a une catégorie de personnes qui commence sérieusement à me gonfler : les profiteurs. Ce sont en particulier ces gens qui abusent des assurances sociales. Ils veulent vivre comme des rentiers, sans en assumer les conséquences, c'est-à-dire travailler de nombreuses années pour pouvoir épargner et investir son argent. Ils franchissent la ligne d'arrivée, sans même avoir fait la course. Ce sont souvent aussi les mêmes qui vivent au-dessus de leurs moyens et qui demandent à la société d'assumer leur irresponsabilité. Très souvent aussi on les entend se lamenter, se plaindre du patronat ou de l'Etat, alors qu'eux-mêmes ne font rien pour la société. Le pire, c'est qu'ils trouvent encore du soutien auprès d'une certaine partie de notre société, comme par exemple chez les syndicats, les travailleurs sociaux, des médecins peu scrupuleux ou tout simplement des gauchistes idéalistes.
Qu'on se comprenne bien, je ne parle pas de personnes qui sont réellement malades ou qui ont été victimes d'un licenciement économique. Je parle de ceux qui ne veulent pas travailler, tout en touchant un revenu qui est payé par ceux qui triment. Le comble c'est qu'ils arrivent encore à se plaindre et à critiquer en fin de compte ces mêmes personnes qui subventionnent leur oisiveté.
Bref, si parfois j'en ai marre de bosser pour mon patron, je supporte encore nettement moins de travailler pour ces profiteurs. Et qu'on ne me dise pas qu'ils ne représentent qu'une partie infime du système. Plus ça va, plus je vois d'exemples de ce type autour de moi. Avec l'immigration et la libre-circulation des personnes, ils sont malheureusement de plus en plus nombreux. L'initiative du 9 février n'a jusqu'ici rien changé...