A eux seuls, Gregoire Ludig et David Marsais forment le PalmaShow, un duo d’humoristes ayant déjà donné dans de multiples sketchs. De Gaspard & Balthazar aux Wech‘ en passant par les Bobo’s (Pour l’original, se référer à « Collective mon amour – Éléphant »), chaque idée a regard vers leur personnalité. Max et Léon, réalisé par leur ami Jonathan Barré, ose le format long-métrage, évoque la Seconde Guerre mondial, traite la collaboration avec humour. Max et Léon, une comédie émaillée de nombreuses références face à laquelle on cède ou non notre résistance.
Max (Interprété par Grégoire Ludig) et Léon (Joué par David Marsais), deux orphelins laissés au pied de la porte de l’orphelinat de Cuiseaux (Près de Mâcon) sont devenus, au fil du temps, des amis inséparables. Maladroits et dilettantes, la déclaration de la Seconde Guerre mondiale en 1939 les motivera à resquiller à la mobilisation générale et ce, par tous les moyens imaginables.
Antihéroïquement vôtre
Tous les moyens d’éviter l’engagement se révéleront bons !Auteur d’un premier court-métrage (Julius, 2011) puis œil et réalisateur de l’ensemble des courtes séquences du PalmaShow, Jonathan Barré a progressé une nouvelle fois en terrain familier pour son premier long-métrage La folle histoire de Max et Léon. Ni le visuel ni certains déjà-vus ne pourront cacher l’amitié liant le cinéaste à deux amis plus doués pour jouer les clowns qu’à tenir sérieusement une caméra. A l’écran, peu voire aucun plan ne s’amuse à séparer les deux personnalités tout comme les sketchs de Very Bad Blagues ne s’amusent pas à désacraliser les acteurs. Si l’effet contribue à un capital sympathie évident, l’indigestion guette chaque spectateur à mesure de voir de nombreux noms connus du cinéma français actuel. De la simple figuration à l’hommage (Christophe Lambert répond présent !), les visages déjà vus s’accumulent au générique pour des rôles souvent transparents.
Rire de tout, sans mauvaise intention, a permis au PalmaShow de se moquer à plusieurs reprises de la Seconde Guerre mondiale. La suite logique est devenue La folle histoire de Max et Léon.Aucun sujet n’a pas été, un jour, moqué et revu sous l’angle de la plaisanterie par le PalmaShow. Leur intention n’est pas d’heurter pour blesser mais de s’autoriser à rire de moments gênants (Sketchs # La solitude 1, # Gros vents), de faits inglorieux et tout particulièrement ceux dont on ne parle qu’à demi-mot. Dans la période de la Seconde Guerre mondiale vue de la France année après année dans La folle histoire de Max et Léon, désertion, et mensonges perdent de leur gravité au fil d’un humour bienveillant. Ces faits ont existé, Max et Léon en ont été à parts égales acteurs ou témoins et, à la manière de sketchs, déguisés tour à tour en soldats français, en Nazis, en hauts gradés, en espions mal assortis, en SS ou en vichyste. La gaucherie improbable du duo, dénuée de toute notion de profit pour être une envie capricieuse de retrouver leur petit village natal mâconnais semblera grosses ficelles quitte à diviser. Disons même infantile, ridicule, datée cinématographiquement comme un Pierre Richard/Gérard Depardieu (Les compères en 1983) et pourtant efficace pour évoquer petits et méfaits de collaborations
« Vive le cinéma ! »
Max et Léon multiplie les citations.Au pied de la lettre ou par correspondances d’images, La folle histoire de Max et Léon dédie une part essentielle de son temps à déclarer son amour au cinéma. D’Indiana Jones et la Dernière Croisade ou de La Grande Vadrouille, de Monsieur Batignole à Elle s’appelait Sarah ou encore de Il faut sauver le soldat Ryan voire de Lawrence d’Arabie et de tant d’autres, l’inspiration s’opère non plus depuis les émissions du petit écran mais puise dans le 7e Art. Dans la pure continuité de plus courts détournements, le PalmaShow utilise une matière tout à fait sérieuse de films amenés à se jalonner sur le parcours de toute cinéphile ou par clin d’œil passionné. Réalisateurs américains ou non, le résultat n’a pas escompté de devenir un Scary Movie où la caricature fonctionne par son actualité. De l’affiche et du prénom des protagonistes, l’appropriation à la française de célèbres réalisations sert une autodérision référencée diversifiée. Le jugement de chacun en jugera l’utilité pour un effet 50-50.
« Jamais nous n’avons été aussi libres que pendant l’occupation », J.-P. Sartre
Toute tentative d’imitation du chat s’avérera inutile. Et tellement désespérée.Par le rire, Max et Léon racontent leur histoire en parfaite neutralité. Mine réjouie, confortablement vêtu d’un costume sur-mesure, le vichyste Célestin (Incarné par Bernard Fancy connu pour ses rôles dans Taxi ou La Tour Montparnasse infernale) tient ses preuves à la main : «42. 42 lettres de dénonciation. Et il est seulement 4h de l’après-midi !» L’angle aurait pu être larmoyant en fonction des séquences suivantes, ce sera la discrétion la plus totale de Max et Léon ni héros ni là pour juger ni pour condamner mais pour être du côté le moins risqué. Aux plans suivants toujours plus moqueurs, le chiffre va être déterminant pour s’infiltrer dans un nouveau camp loin d’être rempli de nazis convaincus mais de la France administrative de Vichy, efféminée sous la prestation de Nicolas Maury, inquiète de savoir si le jaune poussin collera à la prochaine affiche de propagande. Les années passent, Vichy se compromet et devient un jouet pour l’occupant. Le discours de Célestin, lui-aussi, change, intercalé entre deux séquences absurdo-comiques : «Aujourd’hui, ce sont les Nazis. Demain, ça change ? Je m’adapte».
Vichystes ? Une couverture temporaraire assumée par Max et Léon !Sans être les chantres de l’époque actuelle, Max et Léon iront à Londres, vont être envoyés au Moyen-Orient, seront dans la zone libre. Là où ils peuvent, finalement. Et affirment n’appartenir à aucun camp, n’avoir aucun avis n’être ni plus Résistant ni FFI ou FFL. (Acronymes et initiales raillées volontiers par l’acteur Alban Lenoir) L’objectif pour les deux amis n’est pas de s’engager, situation dans laquelle « folle histoire » n’aurait pas lieu, mais de faire du mieux possible. Ni pour ni contre bien au contraire, ils y parviennent avec l’idée d’agir par nécessité (Liens d’amitié) par éthique (La jeune fille Sarah) toujours dans la plus grande fausse-improvisation (Déguisés en curé et en cheminot ou dans une voiture de Gestapo).
Du petit au grand écran, la superbe du PalmaShow ne s’émousse pas. En matière d’humour, de goûts comme de couleurs, le duo ne plaira pas à tout le monde. En digne poursuite de leurs sketchs, comiques de répétition, jeux de mots laissés à l’appréciation de chacun(e) et blagues salaces reviennent sans se corrompre. Sous le soleil de la plaisanterie, Gregoire Ludig et David Marsais parviennent à plaisanter de tout et de tous.On a aimé :
+ De nombreuses références à des films passés à la postérité
+ L’humour et la patte du PalmaShow
+ Des séquences absurdes (L’actrice Alice Vial étant probablement la victime n°1)
On a détesté :
-Un casting rempli de figurants connus du cinéma français
-Un comique de répétition parfois inutile (Dispute / scène du fusil)