Le lien entre la consommation de graisses saturées et le risque de maladie cardiovasculaire reste objet à débat. Cependant, préférer de temps à autre au beurre et à la viande, l’huile d’olive et le poisson permet de réduire le risque de maladie cardiaque, assure cette large cohorte américaine portant sur plus de 100.000 participants suivis pendant plus de 20 ans. Des conclusions sans grande surprise tout de même, présentées dans le British Medical Journal, mais qui doivent sensibiliser à nouveau à limiter ses apports d’acides gras saturés. Car quelques grammes en moins suffisent à réduire jusqu’à 8% son risque cardiaque.
La plupart des lignes directrices actuelles recommandent de ne pas consommer plus de 20 à 30g de graisses saturées par jour. Ces nouvelles données vont dans ce sens : car en remplaçant ne serait-ce qu’1% des apports caloriques en graisses saturées par des acides gras polyinsaturés (oméga-3 et 6), des graisses monoinsaturées (huile d’olive, de colza, d’arachide, noisettes, les amandes, …), des glucides complets ou des protéines végétales, il est possible de réduire de 5 à 8% du risque de maladie coronarienne. Dans cette étude, les principaux acides gras saturés étaient pris en compte dont, l’acide laurique (huiles de noix de coco et de palme), l’acide myristique (fromage, beurre, …), l’acide palmitique (huile de palme, huile de coco et chocolat) et l’acide stéarique (beurre, lait, viande, saindoux, beurre de cacao et produits à base de céréales …).
Les chercheurs de Harvard et de l’institut de recherche Unilever (Pays-Bas) ont mené cette étude de cohorte longitudinale auprès de professionnels de santé, dont 73.147 infirmières et 42.635 hommes (participant à la Nurses’ Study et la Health Professionals Study) et les ont suivis pendant plus de 20 ans pour évaluer comment les apports et la part d’acides gras saturés dans le régime alimentaire pouvaient affecter le risque de maladie coronarienne plus tard dans la vie. Tous les participants étaient exempts de maladie chronique à l’inclusion. Les participants ont renseigné leur fréquence alimentaire au début de l’étude et tous les 4 ans. Les moyennes cumulées d’apports alimentaires ont été estimées à partir de l’ensemble des questionnaires. L’apport d’acides gras saturés ajusté en fonction de l’âge a été calculé et le risque de maladie coronarienne évalué. Les chercheurs ont également pris en compte les facteurs de confusion possibles (ethnie, antécédents familiaux d’infarctus, HTA, hypercholestérolémie, IMC, tabagisme et consommation d’alcool, activité physique, consommation de multivitamines, d’aspirine, statut ménopausique et THC). L’analyse constate que :
· 7.035 cas de maladie coronarienne sont identifiés au cours de la période de suivi, dont 4.348 non mortels et 2.687 mortels,
· une consommation plus élevée d’un type d’acide gras est associée à une consommation plus élevée de tous les acides gras pris en compte.
L’apport le plus élevé en graisses saturées est associé à un risque accru de maladie coronarienne, vs le moins élevé : ce risque est accru de :
· 13% pour l’acide myristique,
· 18% pour l’acide palmitique,
· 18% pour l’acide stéarique,
· 18% pour l’ensemble des acides combinés.
· Le remplacement de 1% de l’apport énergétique en acides gras saturés permet de réduire le risque réduit de maladie coronarienne, de :
– 8% si remplacement par des graisses polyinsaturées
– 6% si remplacement par des glucides à grains entiers
– 7% si remplacement par des protéines végétales
ØAucune diminution significative du risque n’est constatée si le remplacement est effectué par des graisses monoinsaturées.
On concluera donc que même un remplacement minime des acides gras saturés par des macronutriments » plus sains « , comme les graisses polyinsaturées et les glucides à grains entiers permet, aussi, de prévenir la maladie coronarienne et les événements cardiovasculaires associés.
N.B. L’étude a été soutenue par Unilever
Source: BMJ November 23 2016 DOI: 10.1136/bmj.i5796Intake of individual saturated fatty acids and risk of coronary heart disease in US men and women: two prospective longitudinal cohort studies (Visuel NIH)
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