La belle "démocratie" de Fidel Castro

Publié le 27 novembre 2016 par Sylvainrakotoarison

" Sans le pouvoir, les idéaux ne peuvent être réalisés ; avec le pouvoir, ils survivent rarement. " (Fidel Castro).

L'ancien chef d'État cubain Fidel Castro est mort à La Havane ce vendredi 25 novembre 2016 à l'âge de 90 ans. Bien qu'en retrait de la vie politique depuis 2008, il était régulièrement visité par des chefs d'État étrangers, en particulier par le Président français François Hollande le 11 mai 2015, le pape François le 20 septembre 2015 et le Président américain Barack Obama le 20 mars 2016. Chaque visiteur, probablement impressionné, devait avoir l'impression d'avoir fait un voyage dans le temps, celui des années 1960, celui de l'époque soviétique à ses heures de gloire, celui de la guerre froide.
Fidel Castro vient de quitter un monde qui n'était déjà plus le sien depuis plusieurs décennies, une sorte de dinosaure en sursis malgré le dernier choc de météorite, un rescapé d'une histoire ancienne du marxisme et du communisme.
Dire que Fidel Castro fait partie de l'histoire du monde, c'est une évidence, ne serait-ce que par sa longévité, presque un demi-siècle de pouvoir absolu :16 février 1959 au 24 février 2008. Pour dire qu'il était un grand "démocrate", il faudrait être aveuglé par une idéologie qui s'est pourtant effondrée sur elle-même il y a déjà vingt-cinq ans et que seule, la Corée du Nord continue encore à promouvoir, un pays "exemplaire" en matière de démocratie et de libertés publiques (la Chine serait, elle aussi, encore communiste, mais un d'un "communisme capitaliste").
Si Cuba était le pays idéal de démocratie réelle tellement loué par certains vieux idéologues en voie de disparition, pourquoi y aurait-il alors eu des centaines de milliers de Cubains qui ont voulu quitter leur pays et débarquer en Floride ? Une démocratie, surtout avec le niveau de culture revendiqué, cela devrait attirer, ou du moins, retenir son peuple de s'expatrier, car certes, Cuba a attiré tous les nostalgiques de cet idéal communiste terrifiant qui voulait imposer à chacun la voie de son propre bonheur. Cuba, le pays de l'immigration à effet miroir !

L'afflux régulier et dense d'immigrés cubains sur le sol américain avait d'ailleurs encouragé le Président américain Ronald Reagan à raconter l'une de ses blagues dont il était coutumier lors des sommets internationaux entre chefs d'État et de gouvernement.
Jacques Attali, dans son livre "C'était François Mitterrand" publié le 2 novembre 2005 (chez Fayard), en a apporté un témoignage amusé. Au cours d'une discussion très sérieuse sur le désarmement, lors d'un déjeuner célébrant le centenaire de la statue de la Liberté, le 4 juillet 1986, Ronald Reagan n'avait pas pu s'empêcher de couper la parole d'un de ses collaborateurs pour raconter à François Mitterrand sa plaisanterie : " Je ne vous ai jamais raconté mon histoire sur Castro ? Un jour, il fait un discours sur la grand-place de La Havane. Au bout d'une heure, il est furieux d'apercevoir dans la foule un jeune homme qui se promène avec un panier en criant : "Peanuts ! Coca Cola !". Castro continue son discours. L'autre continue de crier "Peanuts ! Coca Cola !". Au bout de cinq heures de discours, Castro, furieux, hurle : "La prochaine fois que j'entends quelqu'un crier 'Peanuts ! Coca Cola !', moi, Fidel Castro, Lider maximo, je le prends par la peau du cou et je l'emmène à Miami !". Alors, toute la foule se met à crier "Peanuts ! Coca Cola !". ". Cela a fait éclater de rire François Mitterrand dont l'épouse Danielle avait pourtant noué des liens amicaux très solides avec Fidel Castro.
Au fil des années, Cuba est devenue une monarchie communiste, un peu à l'instar de la Corée du Nord mais avec les règles dynastiques de l'Arabie Saoudite puisque le 24 février 2008, ce fut Raul Castro (85 ans), le frère de Fidel Castro, qui lui a succédé, grâce à deux élections, le 24 février 2008 et le 24 février 2013, qui, sans opposition, lui ont permis d'être élu et réélu "démocratiquement".
Le mot "démocratique" doit alors être pris au sens communiste du terme ! L'élection du chef d'État se fait par les 612 membres de "l'Assemblée Nationale du Pouvoir populaire" (là encore, "populaire" au sens communiste du terme). Aux dernières élections législatives du 3 février 2013, il y a eu 612 candidats pour 612 sièges (cela tombait bien !). Pour voter, il suffit d'avoir au moins 16 ans, et pas 18 ans comme dans la plupart de ces " dictatures" d'Europe de l'Ouest qui n'ont jamais rien compris aux libertés politiques, et en plus, le peuple est constitutionnellement capable de démettre de leurs fonctions les mauvais députés (il n'en a jamais eu l'occasion car les députés étaient tous excellents puisque scrupuleusement sélectionnés par le Parti communiste cubain). En outre, il y a 299 députées soit 48,9% de femmes (bien mieux qu'en France, donc !). Aucune campagne électorale n'est tolérée afin de promouvoir un candidat : c'est pratique, pas de frais de campagne !

Cette belle "démocratie" permet donc des scores extraordinaires de démocratie. Ainsi, la participation le 3 février 2013 fut de 91,3%. Les 612 candidats ont tous été élus, et ont enregistré des résultats très "enviables", de 69,4% pour une ("médiocre") candidate du 3 e district de Camagüey, à 99,9% pour les trois ("excellents") candidats du 3 e district de Guantanamo. À 86 ans, Fidel Castro s'était encore fait réélire avec 94,7% des suffrages dans le 7 e district de Santiago de Cuba (il aurait eu 91 ans à la fin de ce mandat, ce qui montre à quel point les députés sont actifs dans cette belle "démocratie").
Raul Castro a promis de quitter le pouvoir d'ici à 2018 (il aurait alors 87 ans !) et laisserait ses mandats "démocratiquement" à Miguel Diaz-Canel Bermudez (qui n'est pas son frère), professeur d'électronique de 56 ans, favorable à l'ouverture du pays, qui, depuis le 24 février 2013, a été désigné Premier Vice-Président des Conseils d'État et des ministres de la République de Cuba...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (26 novembre 2016)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
La belle "démocratie" de Fidel Castro.
Fidel Castro, vieux dinosaure du XXe siècle.
Rencontre avec Trump ?
Hugo Chavez.
Che Guevara.
Staline.
Mao.

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