Malgré tout le mal que je pense de ce que l'on nomme à tort "démocratie", je dois admettre que lors d'une élection (les référendums n'existant plus), on est tous à égalité. J'ai de nombreux doutes quant à la possibilité de trouver les bonnes solutions de cette façon (surtout dans la mesure où on demande de voter pour des représentants), mais chaque votant a la même importance.
On ne mesure jamais la supériorité d'un vote en fonction de la richesse d'une personne, de son niveau d'études, du nombre d'enfants qu'elle a ou de son âge. Celui qui vote n'importe quoi parce qu'il revient d'une cuite a le même pouvoir de décision que celui qui travaille sur le sujet depuis toujours.
Dans cette société qui est "démocratique", cependant, il y a des cloches de verre dans lesquelles tout fonctionne différemment. Les plus petites seront les familles, où les décisions se prennent avec le véto des parents, voire même leur autorité indiscutable, puis viennent les communautés de taille réduite à décision par consensus (type anarchie), et enfin, les plus grosses, parfois immenses, internationales, les entreprises de grande taille, assez grandes pour être cotées en bourse.
Dans ces sociétés, de nombreuses personnes n'ont simplement pas le droit à la parole. Ce sont les plus concernés de tous : les salariés. Le droit de vote (qui inclut le choix d'un dirigeant ou les choix stratégiques du groupe) se prennent en fonction du nombre de parts que possède un actionnaire. Un actionnaire qui possède 5 parts a cinq fois plus de pouvoir de décision qu'un actionnaire n'en possédant qu'une. Que l'argent de l'achat vienne d'un héritage, du travail, du loto ou de la contrebande n'y change rien. Il n'est plus question de suivre la raison ni l'intérêt collectif.
Quand on dit que l'argent décide de tout, ce n'est pas imagé. C'est factuel. Celui qui possède 51% des actions a tous les droits sur tous les autres actionnaires et salariés du groupe. Le problème est que cet actionnaire ne risque que de l'argent, mais son pouvoir s'étend à l'avenir de tous les participants au projet, actionnaires comme salariés, sous-traitants, partenaires, et même les contribuables, alors qu'il n'a jamais pris part au projet.
La porosité de ce système vers la « démocratie » vient des lobbyistes, car ils dépendent de ces puissances de l'argent, avec pour seule mission d'infléchir les décisions qui se veulent "démocratiques", en exploitant les failles du système. On se retrouve ainsi avec des décisions politiques qui ne satisfont pas les citoyens, mais uniquement les actionnaires.
C'est très exactement le fléau politique que la société essaie de soigner. Et elle se rend maintenant compte que la démocratie n'est pas dirigée par les citoyens, mais par l'argent.