Donner envie de lire, permettre aux enfants en rédigeant des articles, de développer le dialogue culturel entre des élèves sénégalais et français, voilà les ambitions du journal Leeboon, créé par un de nos amis Abdou Karim Diop. Un projet qu’on tient tout particulièrement à vous faire partager sur le Plancher des vaches…
Bonjour Abdou. Tout d’abord, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Abdou karim diop, je suis sénégalais, bibliothécaire de formation, j’ai 39 ans je suis marié et père de deux charmantes petites filles de six et quatre ans.
Peux-tu nous présenter le journal Leboon ?
Le journal Leeboon est un journal pour enfants (format A4 - 8 pages – illustré en deux couleurs - bimestriel) publié au Sénégal.
Leeboon est un journal d’éveil qui donne la parole aux enfants et cherche à revaloriser le conte dans l’enseignement scolaire. Le conte est écrit en français et traduit en wolof (langue nationale la plus parlée au Sénégal), parce que nous estimons que la maîtrise des langues nationales reste une condition majeure pour assurer à nos enfants une éducation performante et adaptée à leur propre réalité.
Comment est né ce projet ?
L’idée de créer le journal leeboon date de ma formation à l’EBAD (Ecole des Bibliothécaires Archivistes et Documentalistes de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar). Je me souviens que lors d’une enquête que j’avais fait sur la question : « Pourquoi les jeunes ne lisent plus ?», la réponse d’un jeune garçon avait retenu toute mon attention ; il m’avait répondu ceci : « notre refus face à l’activité de la lecture est loin d’être un acte volontaire ; il se trouve seulement qu’enfant, nous n’étions pas initiés à l’amour du livre et de la lecture ».
Et c’est à partir de ce moment là que j’ai eu envie de créer un journal pour transmettre aux enfants le goût de la lecture. Après ma formation j’ai travaillé avec le seul journal pour enfant qui existait au Sénégal (le journal Gunéyi) et en 2001 j’ai décidé de créer mon propre journal pour enfants. Je suis allé voir des amis pour les convaincre et grâce à deux amis (Beydi Tall Ndour un écrivain, spécialisé sur les jeux pour enfants et Mame Abdou Thiouf un illustrateur) nous avons lancé en 2001 le journal Leeboon au Sénégal.
Quels sont les objectifs du journal ?
Leeboon se fixe comme missions principales de développer chez l’enfant le plaisir de lire et d’apprendre et de participer à son éveil culturel par le conte. Entre 2001 et 2006 le journal a beaucoup évolué. Aujourd’hui le journal Leeboon se fixe un nouveau défi : offrir un espace de dialogue culturel entre les enfants d’Afrique et le reste du monde. Nous voulons faire du journal Leeboon, un journal de dialogue culturel.
Quelles ont été les actions que tu as pu mener jusqu’à présent autour de ce projet ?
Le journal, créé au Sénégal, était tiré à cinq mille exemplaires et distribué dans plus de cent écoles primaires publiques et privées (le coût du journal est de 100 Francs CFA : soit 15 centimes d’euros). Nous avons travaillé avec plusieurs partenaires sur des événements tournant autour du livre et du conte .
Nous organisions chaque année la journée mondiale du livre, pour permettre aux jeunes de rencontrer des écrivains et de discuter avec eux. En 2005 nous avons organisé avec l’association des écrivain du Sénégal «un après-midi de conte». Cette journée a permis à une centaine d’enfants de passer toute une journée avec les plus grands écrivains que connaissent notre pays et l’après midi un grand spectacle de conte leur a été offert.
Au Sénégal, nous avons reçu le soutien de plusieurs partenaires comme l’UNICEF, la ville de Rufisque, le centre culturel Maurice Gueye…
Récemment, en France nous avons participé à la 19e édition de la Semaine de la presse et des médias dans l’école (17-22 mars 2008) en partenariat avec le CLEMI (Centre de Liaison de l’Education et des Moyens d’Information). Trois cent exemplaires du journal ont été distribués gratuitement à des centaines d’écoles dans toute la France. Nous avons pu réaliser cette distribution grâce au soutien de nos amis qui partagent notre combat.
Jusqu’à cette date, et malgré les nombreuses demandes de subventions que nous avons faites, nous n’avons pas encore eu la chance d’en bénéficier. Cela ne change en rien à notre règle qui est de faire avec les moyens du bord. Nous estimons que l’essentiel est de faire bien les choses, et de relever petit à petit les défis que nous nous fixons.
Par qui et comment est rédigé le journal ?
Le journal est rédigé par les enfants et il y a une équipe qui corrige leurs textes.
Seules les rubriques “le dossier du mois” et “le conte” sont réalisées par l’équipe du journal et les conteurs qui le composent. Mais il arrive souvent que des enfants nous envoient de beaux contes que nous publions.
Au fait, “Leeboon”, qu’est-ce que ça veut dire ?
Leeboon est un mot wolof qui signifie « je vais vous raconter un conte » au Sénégal. C’est ainsi que commence un conte - le conteur dit : « leeboon » – les enfants répondent : «leepoon », qui veut dire : « raconte nous » - et le conteur reprend en disant : « Amoon na fi » qui signifie : « il était une fois »
A plus long terme, comment espères-tu faire évoluer le journal ?
Nous venons d’élaborer un protocole de partenariat destiné aux maires des villes pour leur demander des subventions pour travailler avec leurs écoles dans le cadre du dialogue culturel entre les enfants – Pour les dix ans à venir notre objectif est de faire de Leeboon le premier journal de dialogue culturel entre les enfants d’Afrique et le reste du monde. Et dans cette lancée nous comptons travailler avec des écoles françaises notamment.
Comment les gens peuvent-ils participer pour t’aider à développer ce projet ?
Nous recherchons encore des partenaires pour trouver les fonds pour assurer le tirage du journal pour la rentrée scolaire 2008-2009 .
Notre projet est rentable et, avec les ventes de la première année, le journal pourra se prendre en charge et devenir autonome donc nous sommes prêts à recevoir toute aide financières pour arriver à assurer le tirage de lancement du nouveau Leeboon prévu à la rentrée scolaire prochaine au Sénégal et en France.
Nous espérons partager ce rêve avec plusieurs personnes, nous restons persuadés qu’il faut jamais s’arrêter de rêver, car c’est le rêve qui nous permet d’aller toujours plus loin…
Si ce projet vous intéresse ou pour plus d’informations…
Envoyez nous un mail que nous ferons suivre à Abdou.