Si on a déjà associé, dans la littérature, pauvreté et mauvaise santé, physique et cognitive, c’est très probablement la première étude à regarder les effet d’un statut social peu élevé sur le système immunitaire. Ces travaux, présentés dans la revue Science montrent en effet tout l’impact d’un statut social » au bas de l’échelle » sur la vulnérabilité aux infections et à la maladie. Et si les chercheurs mènent leur démonstration chez des singes femelles pour simuler les hiérarchies sociales, ils affirment que ces résultats sont bien applicables aux humains, arguant que nous partageons une grande partie de notre ADN avec eux.
Les chercheurs de plusieurs instituts dont l’Université Duke, l’Université Emory, l’Université de Montréal et l’Institut de recherche sur les primates de Nairobi, ont mené cette étude sur une communauté de 45 macaques rhésus femelles, organisée en 9 groupes sociaux de 5 singes. Les scientifiques ont observé leurs comportements pendant 2 ans pour comprendre et identifier le modèle de hiérarchie sociale. Ils ont ensuite mixé les groupes de sorte que certains des singes ont été introduits dans d’autres groupes et dépouillés de leur statut social de départ. L’analyse d’échantillons de sang de ces singes femelles déracinées révèle que le déclassement social a un effet significatif sur les globules blancs du système immunitaire :
· les singes déclassés à un faible statut social présentent des biomarqueurs indiquant une mauvaise fonction immunitaire et une vulnérabilité accrue à l’infection,
· il existe une association positive entre le rang social du singe et l’activité de 2 types spécifiques de globules blancs (T-helpers et natural killers),
· une amélioration du statut social se reflète de manière significative dans l’activité de ces cellules immunitaires, en particulier des cellules NK, plus sensibles au statut social,
· 1.676 gènes apparaissent sensibles au rang social,
· le rangs social impacte, mais dans une moindre mesure, l’activité des cellules B qui produisent des anticorps, des cellules T cytotoxiques (des cellule qui ciblent et éliminent les cellules anormales).
· Le niveau de harcèlement subi, positivement associé à la faiblesse du rang social, contribue dans une grande mesure à l’activité des cellules T-helper et NK,
· ainsi le stress d’un déclassement social augmente l’inflammation et réduit la résistance à l’infection et la maladie.
Des résultats applicables aux humains ? Les auteurs le suggèrent, pour différentes raisons : les humains et les singes partageant une grande partie de leur ADN et présentent de grandes similitudes bioogiques ; les macaques rhésus s’organisent naturellement en communautés à hiérarchie linéaire, avec un modèle clair de rang hiérarchique ; enfin, chez l’Homme, le statut social est l’un des facteurs prédictifs les plus forts de la maladie et du décès prématuré ;
Bref, des conclusions qui révèlent tout l’impact biologique possible de l’inégalité sociale sur la fonction immunitaire.
Source: Science November 25 2016 DOI: 10.1126/science.aah3580 Social status alters immune regulation and response to infection in macaques
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