Le titre est emprunté à Marguerite Duras : « il faut beaucoup aimer les hommes pour aimer les hommes ». Et c’est cette relation entre homme et femme qui est ici explorée, jusqu’à aller sur d’autres continents. Partis de Los Angeles aux États-Unis, nous irons jusqu’en Afrique à la frontière du Cameroun et de la Guinée orientale, au bord d’un fleuve puissant. C’est sans doute pourquoi le collectif Das Plateau a choisi de nous dépayser dès l’ouverture : un bruit sourd de moteur et un voyage dans les nuages à la vitesse de la lumière (photo : Pierre Grosbois - Das Plateau / Robin Kobrynski). Pour aboutir dans un salon perdu au milieu de la scène. Tout bouge dans cette forme de théâtre total jouant sur les lumières, les rideaux et les pendrillons, les images cinématographiques, les voix off, les sous-titres pas toujours lisibles, les paroles des comédiens pas toujours audibles. Nous sommes dans une lecture dont parfois nous nous échappons et que nous retrouvons peu de temps après. Nous assistons à la dislocation de la femme, en attente de l’homme qui, sans doute, l’aime mais d’une autre façon. L’auteure, Marie Darrieussecq a choisi, pour souligner cette difficulté, d’imaginer la relation d’une femme blanche avec un homme noir, ce dernier étant aspiré par son désir de réaliser un film en Afrique, à partir du livre de Conrad, Au coeur des ténèbres. Les références sont nombreuses mais les choix de mise en scène nous emportent, même si nous ne les connaissons pas. L’amour, l’écriture, le cinéma, la solitude, et puis… qu’est-ce qu’on en voit sur l’écran ? L‘autre prend tout tant qu’on est avec, et il fait les choix au montage, quand il est seul. Est-ce qu’on a rêvé ? Peut-on, sans autre forme de procès, être aussi brutalement effacé ?
J'ai vu ce spectacle au Pôle culturel d'Alfortville (94).