![Le grand sillon et La nuit de Calama Le grand sillon et La nuit de Calama](http://media.paperblog.fr/i/824/8241159/grand-sillon-nuit-calama-L-Z1whpi.jpeg)
Claude Michelet, La nuit de Calama, 1994. Quelques générations plus tard, le descendant de l'un des personnages des romans précédents se retrouve emprisonné dans une geôle chilienne, en pleine dictature de Pinochet ; plongé malgré lui dans l'enfer de l'autoritarisme, retenu alors qu'il venait faire un reportage au Chili, faisant fi de la situation politique. S'engage alors un chassé croisé entre plusieurs récits, plusieurs époques, plusieurs lieux, plusieurs temps. Christian, la nuit, dans sa prison chilienne, accompagné de cafards et des ronflements de son camarade de chambrée. Pendant son insomnie, il se rappelle ses recherches concernant son père et, au-delà, sa famille, qui l'amènent à reprendre contact avec une époque taboue et compliquée, celle de la seconde guerre mondiale, avec la problématique collaboration / résistance. Et puis cette époque précisément, qui occupe en réalité une place majeure dans le récit et qui nous renvoie à des interrogations et des réactions humaines : la peur, les non-dits, l'engagement, la soumission, le silence coupable. Évidemment, tout ceci est à mettre en perspective avec la propre situation de Christian, visiteur innocent dans un pays maltraité. Claude Michelet manie sa technique littéraire avec une grande habileté. Le seul petit reproche, peut-être, que l'on puisse lui faire, c'est d'avoir enfermé son héros pour des motifs flous, puis rapidement éclaircis et résolus, comme un prétexte à son second récit qui, au fond, aurait pu fonctionner sans ce mécanisme un peu tiré par les cheveux. Mais on lui pardonne, car la morale de l'histoire est engagée et nécessaire : ne jamais faire aucun compromis avec les dictatures.