Les artistes, originaires de Tuscon, en Arizona, n’en sont pas à leurs débuts. Les guitaristes et chanteurs Gabriel Sullivan et Brian Lopez ont d’abord joué du rock à Tuscon. Ils ont ensuite monté un groupe de musique latinos, Chicha libre, fortement influencé par la cumbia péruvienne. Ce genre musical, originaire d’Amérique du Sud et d’ailleurs très présent dans BLOODLINE, a un tempo bien particulier et dont la danse se rapproche de celle de la salsa ou du merengue. Les deux artistes sont rejoints par quatre autres musiciens pour former Xixa en 2015.
Avec BLOODLINE, Xixa nous livre ici une petite perle d’originalité, où le mélange entre musiques rock, western et latinos sont finement réunies. La saturation des basses et la place à l’expérimentation musicale sont présentes tout au long de l’album. Pourtant, ayant eu l’opportunité de voir les artistes sur scène, je pense que BLOODLINE ne met pas assez en avant cette compétence du groupe. Sur scène, les artistes se lâchent beaucoup plus, ils s’amusent, modifient les rythmes, rallongent les morceaux, les agrémentent de quelques beaux solos… Bref, on sent non seulement qu’ils maitrisent mais aussi qu’ils ont du plaisir à jouer. Dans ces moments, l’esthétique du groupe frôle le style grunge. D’ailleurs, leur excellente reprise de « Plateau », le célèbre titre de Nirvana (elle-même reprise des Meat Puppets), est un bon exemple de l’association réussie de plusieurs styles qui au premier abord pourraient pourtant sembler éparses.
Pour ce premier album, nos six musiciens se sont parés en circonstance : sombreros, costumes noirs, foulards rouges : le décor est posé. L’ambiance est mystérieuse, désertique, tandis que les textes sont sombres et romantiques (au sens 1er du terme).
L’album commence avec « Bloodine », le titre ayant donné son nom à l’album. Le rythme est lent, chaloupé, la voix profonde et les guitares saturées. Il donne un bon avant-goût de l’album. Pour la suite, citons les magnifiques riffs de « Down from the sky », avec ses accords grinçants et la voix rocailleuse de Gabriel Sullivan. Ou encore « Nena Linda », une bouffée d’exotisme avec ses tambours mexicains et son tempo dansant. A noter aussi, la participation de Iyad Moussa Ben Abderahmane dans « World goes away », l’un des musiciens de Imahran, le fameux groupe de guitares blues d’Afrique. Belle association.
En résumé, BLOODLINE est un album original et réfléchi. L’ensemble – l’atmosphère, les textes, le jeu de scène – fait aussi de Xixa un groupe prometteur. Peut-être sauront-ils développer une plus grande maturité avec un prochain album ? A suivre…