Après The Walk – Rêver plus haut en 2015, et Flight quelques années plus tôt, Robert Zemeckis – alias le papa de Retour vers le Futur et Forrest Gump – revient en cette fin d’année avec Alliés, un thriller romantique débutant à Casablanca, en 1942. Au service du contre-espionnage allié, l’agent Max Vatan (Brad Pitt) rencontre la résistante française Marianne Beauséjour (Marion Cotillard) lors d’une mission à haut risque. C’est le début d’une relation passionnée. Ils se marient et entament une nouvelle vie à Londres. Quelques mois plus tard, Max est informé par les services secrets britanniques que Marianne pourrait être une espionne allemande. Il a 72 heures pour découvrir la vérité sur celle qu’il aime.
Déroutant par son classicisme exacerbé et son rythme lent, Alliés marque surtout les esprits par sa réalisation d’une rare élégance, loin de ce que Zemeckis a coutume de proposer. Non pas que la mise en scène du réalisateur américain manque habituellement d’éclat, c’est faux, mais il se dégage ici des plans une beauté classique quasiment instantanée. Totalement à l’ancienne, l’approche visuelle colle parfaitement au récit et délivre quelques séquences particulièrement mémorables. A la beauté formelle des images s’ajoute, de surcroît, un scénario plutôt solide, aussi efficace dans sa façon de développer les personnages qu’habile dans sa capacité à insuffler du suspense. Et du suspense, le long-métrage n’en manque pas puisque toute la seconde partie de l’histoire n’est que doute, tension et suspicion. Certes, le concept de double-jeu n’a rien de fondamentalement original, encore moins au cinéma, mais il est néanmoins maîtrisé de main de maître ici. De plus, contrairement à d’autres thrillers, le film superpose à cette dynamique d’espionnage une réelle valeur émotionnelle, symbolisée par la romance impossible du duo.
Une romance qui constitue l’autre grande force du long-métrage puisque, malgré une introduction peu convaincante, le couple séduit en effet assez rapidement et se révèle même étonnamment touchant. Sans doute grâce à l’écriture, bien sûr, mais aussi et surtout grâce à la superbe prestation de Brad Pitt et Marion Cotillard. Si le premier se montre, comme à son habitude, d’une justesse remarquable, c’est surtout la deuxième qui impressionne ici. Magnifique et charismatique, la comédienne française livre effectivement une interprétation inspirée, aussi intense que sincère. Sans forcément voler la vedette à son partenaire, elle tire en tout cas davantage son épingle du jeu. Présence extrême oblige, les deux acteurs éclipsent naturellement le reste du casting, composé notamment de Jared Harris et Lizzy Caplan. D’un point de vue purement artistique, on appréciera également la beauté des décors et costumes, ainsi que l’émotion vibrante de la BO signée Alan Silvestri. Finalement, les seules réserves qui subsistent à l’issue du visionnage proviennent de la première partie au Maroc, trop expéditive et brouillonne. Sans compter qu’elle affuble aussi Brad Pitt d’un accent français difficilement compréhensible.
Pour conclure, avec Alliés, Robert Zemeckis signe donc un thriller historico-romantique passionnant, à la réalisation élégante et au scénario solide. Malgré l’absence de petite étincelle qui en ferait un grand film, le long-métrage peut tout de même s’appuyer sur un formidable duo d’acteurs, Marion Cotillard en tête.